2012 64

2007 63

2006 62

2005

2004 61 60

2003 59 58 57' 57

2002 56

2001 54' 54 53 52

2000 51 50 49 48

1999 47 46 45 44 43

1998 42 41 40 39 38 37

1997 36 35 34 33 32 31

1996 30 29 28 27 26 23 22 21 20

1995 19 18 17 16 15 14 13 12 11

1994 10 09 08 07 06 04 03

1993 02 01 00

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Aredje 59, décembre 2003

le DVD

le dvd à la casa

Le dvd " René Binamé à la Casa del Popolo " est enfin prêt, pressé, sorti, il est dorénavant disponible en Belgique chez votre disquaire, n'importe où à nos concerts et ailleurs par correspondance. Tournez la page pour les détails.

marcor au québec

C'est l'occasion de sortir du tiroir où il accumule la poussière le Journal Pas Très Frais de Marcor sur la tournée québécoise de l'été 2001.

marcor à genève

Le Journal Brut de Marcor sur le Festival Rude Boys Unity de Genève n'ira pas au tiroir, il est dans cet Aredje.

concerts de noël

René Binamé jouera en concert de Noël tout bientôt 20-12 à Marche-en-Famenne et un peu plus tard 24-01 à Bruxelles. Détails dans l'agenda.

Avec Miss Hélium et son gaba-punk : boum boum et guitares.

Avec DJ azéguégué, la petite paire pupunk : Marcor et Peter.

Et avec, à Bruxelles seulement, Two-Star Hotel : post-punk de Liège. Présentation à l'intérieur.

sur le dvd

le DVD

Le concert à la Casa del Popolo

Intro - impro Crass
Kestufé du wéékend ?
Vocations
Tic-tac
Marcor n'est pas mort
Le pape immobile
Juillet 1936
La Makhnovstchina
La chanson du père Duchesne
Où l'on apprend que l'on a tout à gagner
An der schönen blauen Hilau - valse de Wiesme
La machine à laver
Rien n'a changé - tout reste à renverser
Révolte
Het verkeer is zo druk
Intro - impro
Le père Lapurge
Pol & Jacques
Les copains d'abord
L'opium du peuple
Société Anonyme
Le courage des oiseaux
La moustache
C'est fini
Final - impro
La rue des Bons-Enfants

Des bouts d'autres concerts

Tic-tac à Melbourne
Jour du seigneur à Sherbrooke
Bouts des francofolies
Impolice guégué à Granby

Des "clips"

Bieska.bus
Kestufé du wéékend ?
An der schönen blauen Hilau
I Feel Révolte

Des chansons

Une présentation des disques, avec :   Vocations - Révolte - la rue des Bons Enfants
  Odeur de Sainteté - Noël en août
  Kestufé du wéékend - Pac man (tuna)

soit 1h42' de vidéo + 29' de son

Où le trouver ?

le DVD

Il est distribué en magasin en Belgique par Bang! Demandez le à votre disquaire préféré ou faîtes le lui commander.

Il sera bien entendu disponible au stand de Marcor à nos concerts.

Il est également disponible par correspondance, voir VPC

Il apparaîtra aussi, au hasard des rencontres et des déplacements, dans l'une ou l'autre distro.

attention

le DVD

Ne vous laissez pas prendre au piège de la représentation ! N'oubliez pas que les concerts dont nous rêvons se vivent en l'instant, que les concerts que nous vivons se rêvent à jamais.

Nous avons fait en sorte que le contenu de cette rondelle de plastique soit aussi excitant que possible. Il ne reste pourtant qu'un pâle reflet de l'expérience multisensorielle et réellement interactive que peut vous offrir, quand les conditions sont réunies, un groupe qui joue parmi, pour et avec vous.

Nous ne voulons pas vous offrir une gaieté bon marché, un bonheur facile et endormant.

Nous ne voulons pas vous offrir un congé hors de la réalité, qui vous lave le cerveau et vous rende aptes à retourner au boulot, la tête vide des prises de conscience de la veille.

Nous nous en voudrions de vous vendre l'image du groupe sans le relief, sans la sueur, sans la chair si nous n'avions une arrière-pensée.

Nous aimerions vous donner l'envie de nous rejoindre ou de nous inviter dans une cave enfumée, dans une clairière au bord de la rivière, dans une usine, dans une grange, dans une église. Soyons fous !

Si, pour vous arracher à votre télévision, il nous faut d'abord venir en squatter l'écran, nous y voilà. Nous sommes prêts à entrer dans la matrice.

Binam'...

alacasam

le DVD

Fouiller la masse de vidéos de nos concerts pour en compiler les bons moments, l'idée est là mais l'ampleur de la tâche effraye. Pourtant, nous continuons à accumuler et nous emportâmes donc une caméra au Québec. Tant mieux, car l'enregistrement parfait, celui que nous attendions depuis si longtemps, nous l'avons saisi à la Casa del Popolo à Montréal. Pourquoi est-il si magique ?

Il l'est malgré le dérisoire du matériel utilisé, sans doute même grâce à lui. Une seule caméra et son micro, un seul point de vue, le même pour le son et pour l'image. Le résultat n'est sans aucun doute pas à la hauteur ce qu'aurait pu donner une captation dans les règles, mais tellement au-delà, tellement naturel, tellement "vrai" (attention!).

Il l'est parce que le concert lui-même était magique, sans trop de ces imprécisions qui font le charme du live mais pas celui d'une vidéo. L'ambiance dans la salle est dansante voire agitée mais jamais lourdingue : ça tangue et ça chaloupe, ça ne se bouscule que du bout des doigts et ne se renverse qu'en douceur et si peu, ça se dandine et ça se frôle, ça sourit de partout. C'est beau.

Il l'est enfin parce que la Casa del Popolo est un bar chaleureux où se rencontrent mille musiques différentes, tout le contraire d'un débit de boissons sans âme. Ça se sent.

Binam'...

marcor au québec

le DVD

Binam' me met au pied du mur : il lui faut ce compte-rendu le plus vite possible sous peine de représailles (morales). Plus de 14 mois qu'il attend, je suis un peu gêné. J'ai bien commencé à rédiger cet article dès le 23 septembre 2001 mais il est resté à l'état embryonnaire, c'est-à-dire avec juste la liste de mes concerts entre le 30 juillet et le 12 août 2001.

Qu'ont ces concerts de si importants ? Ben il s'agit simplement de la première tournée de René Binamé au Québec, 11 concerts et plein de choses à raconter.

Par quoi commencer ? Logiquement, par raconter comment la tournée s'est montée, mais je dois avouer humblement que je n'ai pas contribué aux préparatifs.

Je prends personnellement conscience de l'équipée le jour où je vais chercher mon billet d'avion pour Montréal. L'avion, je l'appréhende mal car je suis sujet au vertige et tout ça tout ça. Le jour du départ, vendredi 27 juillet à 7h du mat, on se retrouve tous, soit dans le désordre, Binam', Izou, R-Man, Esgibt, Francine, Vinch, Smurf, Vinciane, Basil et myself à Zaventem (Charleroi Nord ?). Nous sommes tous là bien à temps pour parer à toute formalité de dernière minute avec Basil, le junior de l'équipée (moins d'un an à l'époque). Pour mon baptême de l'air, je m'installe dans la rangée du milieu de l'avion, un gros avion bien large. J'ai un petit frisson au décollage mais ça le fait. Le voyage au dessus de l'Atlantique dure quelques heures et on passe au dessus du Québec sans s'y arrêter car on fait d'abord escale à Newark. Naïvement je pense un moment que c'est une nouvelle graphie pour Big Apple mais c'est en fait le nom de l'aéroport de cette ville. A l'arrivée au nouveau monde, j'essaie de voir la Statue de Lali, Berthé &...et l'Empire State Building et je me fiche royalement des deux tours au loin. Je suis même à cent lieues de connaître leur nom. La deuxième étape en petit avion nous amène à Montréal. Le décollage est nettement plus impressionnant car je suis maintenant à côté du hublot, je n'ai pas trop le choix. Je pousse un ouf de soulagement quand je pose les pieds sur le tarmac de l'aéroport de Montréal où nous attendent Lali et Raph. Un petit trajet en autoroute plus tard, nous voilà au "loft" qui sera notre Q-G pour les jours prochains. Encore un mot peu connu pour moi, le loft. En fait c'est un grand appartement aménagé dans un ancien entrepôt avec plusieurs chambres, un très grand living (avec des divans), un atelier de sérigraphie et un local d'enregistrement. Y habitent à ce moment, Bertrand, le chanteur de Docteur Placebo, Philippe et Lana mais il y a souvent des gens de passage ! La nuit vient à peine de tomber mais je suis vite terrassé par le décalage horaire et je m'installe dans un des deux divans sans trop me poser d'autres questions. Je raterai donc la visite de Valium, le dessinateur-sérigraphe fou.

Le lendemain, samedi 30 juillet, marque le début de la tournée. Binam' est malade, comme s'il commençait une grippe mais René Binamé joue quand même avec Urubu dans un pub à Beloeil, une bourgade campagnarde à une quarantaine de kilomètres de Montréal. Urubu, c'est une espèce de petit vautour, répandue dans toute l'Amérique chaude. Urubu est l'autre groupe de Bertrand et Lali de Docteur Placebo accompagné de Muma, le batteur. En plus de chanter Bertrand joue aussi de la guitare. Le groupe officie dans un registre rock sauvage (Black Sabbath ?) et ça fait un peu stoners sur les bords. Le décor du pub, avec un coin café-concert ne laisse plus planer de doute : on n'est bien en Amérique même si on y parle français. Un concert en plein air d'un chanteur country seul à la guitare est même organisé en face et pendant notre soundcheck on reçoit la visite du chanteur en question qui se plaint du son trop puissant sortant du pub que nous avons investi le temps d'une soirée. Le concert de René Binamé n'est pas le plus marquant de la tournée, loin s'en faut. Je vends néanmoins quelques CD de René Binamé et j'en échange un avec l'organisateur du concert qui joue dans Boulimik Foodfight, groupe très influencé musicalement par DK et avec chant francophone. Fait beaucoup plus marquant pour moi, j'y mange ma première poutine, bof. Une poutine ? La base, c'est des frites, du fromage qui fait schkrouik sous la dent et une sauce brune, puis parfois y a des bonus genre rondelles de saucisses, petit pois, etc... Ça donne le pire comme le meilleur.

De retour au loft, Izou, Vinciane et Francine - qui ne sont pas venus avec nous par manque de place dans les voitures - nous donne les dernières nouvelles de Montréal. Un squat vient de s'ouvrir et c'est presque une grande première. Il est en tout cas très médiatisé. Je découvre la version québécoise du CD Kestufé du wéék-end ? qui est déjà dans les bacs car il est distribué par Local Distribution (www.sopref.org/local). Je lis aussi les premières chroniques du disque dans la presse montréalaise.

Les deux journées de dimanche et lundi sont bien chargées même si aucun concert de Binamé n'est programmé ce qui tombe bien car Binam' est cloué au lit par la fièvre. Monika le soigne avec des teintures de plantes. Izou se charge de louer une voiture 5 places qui nous sera bien utile et pratique pour le reste du séjour. Le groupe se "plie" à quelques interviews : radios et journaux.

Dimanche après-midi nous allons rendre visite au squat Overdale, on nous propose d'y jouer. C'est ok pour le principe bien sûr mais ce n'est pas possible tout de suite puisque Binam' you know, on se demande si on trouvera le moment plus tard (ce sera non). Lali nous prépare aussi une poutine améliorée à la chilienne. En fait, il appelle ça une pitchanka, plat qu'on prépare normalement avec tout ce qui reste, ici, ce sont des frites, du fromage, des avocat, des poivrons, et j'en passe. Délicious, mange mon fils mange !

Lundi soir il y des concerts au squat. Nous ratons Fred Alpi, chanteur français que nous avons rencontré lors d'une émission radio et on voit juste Jeunesse Apatride, un groupe avec Tshirts Lonsdale et Brigada Flores Magon.

Mardi c'est le gros concert : grosse scène dans le cadre des Francofolies, gratuit pour le public, grandes banderoles publicitaires, périmètre du concert bien circonscrit malgré la gratuité du concert, bières plutôt chères. Je ne peux pas faire de stand car tout le merchandising du festival est concentré dans une boutique officielle qui est ouverte seulement en journée. Quelques heures avant le concert, je vais donc déposer quelques cds. Local Distribution s'est déjà chargé des Kestufé du Wéék-end ?. Juste avant le concert on rencontre des têtes connues : Céroux-Mousty, de Céroux-Mousty, et Olivier, de Lille-Bruxelles, le monde est décidément petit. A 20h précise, le présentateur invite à se procurer aliments et souvenirs puis annonce René Binamé, folklorique et provocateur. Binam', Smurf, R-Man et Esgibt s'installent sur scène. Les chansons révolutionnaires passent plutôt bien. On sent qu'elles sont connues. Je continue à croiser des connaissances, cette fois c'est Maïté que j'ai croisé à Angers au concert des Cadavres. Après le concert, je termine les Labatt Blue Dry pendant que le matériel est vite démonté.

La nuit tombe sur Montréal quand nous quittons le site des Franco. Avec Philippe comme guide, Vinch, R-Man et moi décidons d'aller au café-chaos (www.cafechaos.qc.ca), endroit branché rock qui pourrait faire penser au DNA mais qui a la particularité d'être une coopérative, une gang de jeunes qui s'organisent pour se fournir leur propres emplois, comme il disent.

Malheureusement pour ma gueule je ne marche plus très droit et bardaf je me prends une racine d'un arbre qui se trouve malencontreusement sur le trottoir. Je tombe et j'ai peine à me relever. Mon pied droit gonfle. Sera-ce un remake du Roeulx, ça s'était à l'époque soldé par deux mois de plâtre ? En tout cas, ce sont presque les mêmes symptômes : douleur et gonflement. Au loft, Philippe s'occupe de moi comme une maman, il me met des glaçons sur le pied et place un bandage tout autour. Je repense à mon frère qui a vécu il y a bien longtemps une mésaventure similaire au Québec. Parti en tournée avec Marketing Zo, le groupe dans lequel il jouait de la basse, il s'était démis le bras en jouant au foot. Il avait eu la chance de se faire remettre le bras par une copine qui s'y connaissait dans ce genre d'opération délicate. J'hésite à aller à l'hôpital, je n'y irai pas.

Le lendemain, mercredi 1er août, René Binamé joue encore à Montréal, à l'X dans le cadre des Francoff, avec Fred Alpi et Docteur Placebo, les trois groupes ayant comme point commun d'être distribué par Local Distribution. Avant d'aller à l'X, je récupère les disques aux Francos. Je passe devant une roulotte de la croix rouge. J'y montre mon pied à un infirmier qui me demande mon seuil de souffrance. J'ai effectivement mal mais je devine que ce n'est pas cassé sinon je ne pourrais pas me déplacer comme je le fait. Je lui répond donc : 6 sur 10. Il m'envoie "promener" et m'indique une pharmacie qu'on a peine à trouver. On passe devant les célèbres Foufounes électriques (où mon frère a joué) et j'arrive en clopinant à l'X. C'est une salle de concert qu'on pourrait comparer à La Zone ou au Magasin 4. Mais on est en Amérique, autres lieux autres mœurs : pour pouvoir accepter les plus jeunes, la salle est "non buveur" et il faut monter au balcon pour obtenir et boire des breuvages alcoolisés. Le bar est à l'étage et moi et mon pied amoché sommes en bas, au stand, à côté de celui de Jean-Robert où l'on trouve les disques de Local Distribution. Je ne meurs pas de soif car j'arrive à m'abreuver discrètement. Je trouverai quand même la force de grimper les marches jusqu'au bar où je retrouve encore une fois Olivier.

Docteur Placebo ouvre. Le son n'est pas des meilleurs mais le côté visuel l'est : Marie-Pierre projette des vidéos derrière le groupe et ça le fait.

Fred Alpi enchaîne, c'est un chanteur anarchiste parisien qui a bourlingué en Allemagne puis chanté dans les rues les chansons de Brel, Brassens, Ferré, " la totale quoi ". Il venait de sortir son premier disque, Ici et maintnant, en trio avec un bassiste et le batteur de Brigada Flores Magon. Depuis, il a sorti un deuxième album, Les chiens mangent les chiens, on peut toujours lire le récit de ses concerts au Québec sur son site web (www.fredalpi.com). Le concert de René Binamé est meilleur que la veille. Les chansons révolutionnaires sont reprises en chœur par toute la salle. Esgibt s'excuse de ne pas pouvoir jouer Le Triomphe de l'Anarchie, tout simplement car le groupe ne l'a jamais répété. Vocations, La Moustache et les morceaux papaux sont aussi bien appréciés. Un rappel est demandé et exécuté avec ferveur. Ensuite, la soirée fut encore longue, je me souviens d'un retour en taxi à trois. Il valait mieux que j'épargne à mon pied les 3 kils qui nous séparaient du loft.

Jeudi matin, nous sommes à pied d'œuvre assez tôt. On ne va pas très loin mais on aimerait y arriver tôt dans l'après-midi. Izou reste à Montréal, elle nous rejoindra à Sherbrooke. Nous faisons la connaissance de deux personnages haut en couleurs. Le premier, Claude, porte des Lunettes rondes, la barbe "fleurie", et un kilt pour tout vêtement dès que le soleil le permet, ce qui est souvent le cas car l'été est particulièrement chaud et sec. Le second est un ancien bus scolaire jaune que le premier a aménagé en habitation roulante, des matelas à l'arrière, cuisine à l'avant, une baie vitrée en haut.

Nous atterrissons à Saint-Théodore d'Acton, chez Lili et Luc, la sœur de Lali et son ami. Nous sommes attendus pour notre première épluchettes de blé d'Inde (et pas blé-dinde), entendez par là un rituel assez proche du barbecue. Il y a un feu de bois qu'a allumé en passant le papa à Lali, une casserole géante remplie d'eau, un bloc de beurre, du sel et un grand sac d'épis de maïs doux, qu'on appelle ici blé d'Inde. Le jeu est simple et guégué : éplucher les épis, les jeter à l'eau, les y récupérer, les saler-beurrer et se délecter, les bières font partie de la fête. Nous nous en foutons plein la panse et ne partons qu'à la tombée de la nuit pour le Manoir à Acton Vale, juste à côté. Lili et Luc nous accompagnent. Il n'y a vraiment pas grand monde, les Docteur Placébo jouent pour les Binamé puis on change, mais c'est très bien comme ça, l'ambiance est détendue et les concerts sont très bons. A la fin, la fille du bar nous demande encore quelques morceaux. On a un peu peur de s'attarder et on n'en joue que quelques unes, malgré la proposition une bière - deux chansons. Il est bien tard quand le bus se remet en route et l'arrêt poutine s'impose. Je ne me souviens pas bien de celle-là.

Le lendemain, on part assez tôt même si nous n'allons pas très loin. Nous nous posons en pleine campagne, chez le père de Bertrand, un artiste sculpteur assez original. Ce sera notre base du week-end, on plante des tentes (plutôt igloo que canadiennes), on papote, on se promène, on visite les environs, on est tout près de Durham-Sud. Il y a deux concerts ce wéék-end, le premier à Melbourne, le second à Granby.

René Binamé et Docteur placebo jouent au Festival de l'Art Underground, organisé par L'Ensoleilvent dans son Jardin forestier, un site en forêt sauvage situé dans les belles montagnes de Melbourne. L'Ensoleilvent est une asso qui apporte de l'aide aux personnes en difficulté sociale, entre autres via les activités du Jardin. Elle a acheté le site en 1988. Au fil des ans, les bâtiments furent rénovés et d'autres se sont construits tels l'hexagone qui sert de coulisse pendant le festival, le tee-pee de bois, des installations sanitaires, un sentier pédestre d'interprétation de la nature, un centre de documentation, des sites de camping sauvage, deux tee-pees en toiles,... (www.geocities.com/SunsetStrip/ Amphitheatre/8199)

C'est un festival plutôt bien punk - crust - extrême, ce qui ne me dérange pas, que du contraire. A part le bémol de mon pied qui ne se dégonfle pas, je me sens bien. Dès notre arrivée au site, on apprend qu'on joue 3ème et 4ème dans une liste d'une dizaine de groupes, la bonne heure quoi ! Je disparais pendant une demi-heure à l'infirmerie où l'infirmière, bien sympa, change mon bandage et place des glaçons tout en émettant un avis plutôt négatif sur ma "blessure". Pour elle, ça pourrait bien être cassé malgré tout. Là-dessus, elle me prête des béquilles et me voilà relooké ! Je tiens un stand jusqu'à la tombée de la nuit. Les groupes commencent à jouer assez tard. Le premier groupe d'ailleurs ne vient pas : on demande trois ou quatre fois Human Carnage au micro, ils ne sont visiblement pas là. Puis c'est au tour de Lying Truth, groupe metal de la région - avec reprise de Motorhead - qui comprend petit Marc, un des organisateurs du festival. Il porte bien son surnom car en effet, il est presque plus petit que Duke, le petit Marc !

Docteur Placebo joue à la tombée de la nuit. Bon succès. Avant le concert, Binam' me demande mon avis pour la play-list car il a décidé de jouer les morceaux les plus sket. Le concert débute donc par Ladidi et les morceaux s'enchaînent volle gaz pendant une quarantaine de minutes. Prestation correcte, avec (contraire de sans) plus. Dans le quatrième groupe de la soirée, Monique Maniac, on retrouve Bertrand de Docteur Placebo qui joue seulement de la guitare. Eux aussi ont eu leur succès. Alors qu'il reste encore beaucoup de groupes à l'affiche, les chauffeurs décident de quitter le festival et de rentrer à la base. On rentre par les bois, par des pistes poussiéreuses sans éclairages. Le trajet est vallonné et Claude â décidé qu'il serait délirant : il nous la joue montagne russe, on prend de l'élan dans les descentes et on passe en apesanteur à chaque sommet, woups, le tout ponctué de yihââââ. Quand on arrive, chacun s'écroule, qui sur des matelas dans le living, qui dehors à la belle étoile, qui dans sa tente, et moi dans le bus.

Le lendemain, samedi 4 août, Lali a dégotté un concert à la Maison du Band à Granby (prononcez à l'américaine), une petite ville voisine. Le concert est organisé par le chanteur de La Gâchette. Human Carnage aurait du jouer mais comme la veille, il ne sont pas là. Smurf n'est pas là, il a besoin de repos et de passer un peu de temps avec Basil. La salle est grande et décorée d'instrument de musique. Il y a une scène assez haute et un endroit éclairé pour faire mon stand, à côté du frigo rempli de Labatt bleue.

La Gâchette est, parmi les groupes québécois que j'ai vu, celui qui fait le plus penser à un groupe français de punk-rock, avec ses qualités et ses défauts. Si je me souviens bien, ils ont joué des reprises de LSD et Parabellum. Le chanteur est visiblement le leader du groupe et il est à la base du concert. Il a un petit noyau de jeunes fans qui mettent l'ambiance dans la salle, en tournant en rond devant la scène, mais qui quittent la salle à la fin du set de La Gâchette. J'imagine à tort qu'ils sont rentrés chez eux mais ils sont juste partis prendre l'air dehors avant le concert de Docteur Placebo qui contre toute mes attentes a son succès de même que René Binamé et mon stand. Le chanteur de La Gâchette a acheté un exemplaire de chaque disque et mon stand ne s'est plus désempli jusqu'à la fin de la soirée.

Dimanche est un jour off. Binam' se rend compte qu'il a oublié sa pédale de batterie à Melbourne. Binam', Lali et moi retournons donc sur le site du festival vers midi et nous retrouvons la dite pédale dans le local derrière la scène. On nous offre à boire et de la soupe. Il y a encore pas mal de gens sur le site, tous bien crevés. On nous indique une petite rivière avec une cascade bien sympathique. On y retrouve une petite dizaine de jeunes gens et jeunes filles punk et/ou crust, s'ébattant dans l'eau claire. Le tableau est touchant, sans blague. Une charmante jeune fille aux cheveux verts se propose de m'aider à remettre mon bandage à ce fameux pied...

Lundi, on dit au revoir au père de Bertrand et le petit convoi s'élance vers la prochaine étape, Sherbrooke, où nous jouerons avec Les Thanatologues. Le trajet par motorway dure une bonne heure. Nous garons le bus devant la Rive Gauche, le bar où a lieu le concert et je vais me promener en ville. Trache, le batteur de Docteur Placebo, et Philippe sont mes guides. Je prends quelques disques avec moi car ils m'ont conseillé un magasin de disques. Trache retrouve un LP de General Fools, le groupe dans lequel il jouait il y a quelques années. Je fouille aussi dans les vinyles. Je repère quelques skeuds et je montre mes CD au gérant du magasin. Il m'achète illico deux exemplaires de chaque disque de René Binamé. Je goûte une nouvelle poutine. Le concert de ce soir se déroule dans un bar mais il est organisé par des jeunes de la ville chez qui nous nous rendons pour manger et - délivrance pour les autres - prendre une douche. On retrouve Lana, Marie-pierre et Izou qui arrivent de Montréal. Je fais mon stand sur la terrasse derrière le bar car y a pas la place à l'intérieur. Le bar est bondé, j'ai fort à faire avec mes skeuds, certains sont déjà épuisés, les Vocations. Les Thanatologues ouvrent le feu, très rock'n'roll avec un chanteur et costard cravate ouvert sur son torse velu qui a une prestance scénique indéniable (note de Melissa : plutôt un gros manteau de poëls avec un string Leopard). On peut les comparer à des Wampas rock'n'roll ou à Coton-Tige sans EsGibt mais avec un saxophone. René Binamé suit avec un de ses meilleurs concerts de la tournée. L'ambiance est chouette. Les filles dansent devant le groupe, le pogo est chaloupé, les paroles des chansons sont reprises en chœur. Que demander de plus ? A boire ? Pas de problème, j'ai pas eu l'occasion d'avoir soif. Docteur Placebo clôture en beauté, également au mieux de sa forme. Je finis la soirée dans le bus écroulé sur un matelas lit.

J'aime pas trop les jours off et en voilà deux qui se pointent, le prochain concert n'est que dans 3 jours à Québec. Sur le chemin, on fait une halte en pleine campagne dans un paysage assez désertique, boisé et retiré, près de Saint-Fortunat. On va camper dans une carte postale, autour d'une vraie cabane au Canada. On fait le plein de boréales rousses au dépanneur du village. On fait aussi une commande groupée de canettes de sirop d'érable.

Le mardi n'est pas très rock'n'roll, on profite de l'ambiance bucolique. Mercredi, toujours pas de concert mais une délégation Binamé est attendue à Québec dans la soirée pour une discussion politique avec GFK, le troisième groupe du concert du lendemain. Claude ne tient pas à s'aventurer dans la ville de Québec car son bus est trop voyant en ville et c'est très difficile de trouver un endroit où se garer. La voiture part avec Lali, Esgibt, Francine, Vinch, R-Man et moi. Binam' et Izou nous rejoindront par leur propres moyens, en stop. Leur premier lift est un collectionneur de fossiles qui rentre d'une prospection, ils lui parlent de celui de mes frères qui a la même passion. Leur second lift est une charmante demoiselle qui leur raconte ses souvenirs du sommet de Québec, la solidarité des habitants avec les manifestants quand la répression se met en route, on ne parle jamais assez de cet aspect des choses. Les autres viendront en bus et se rendront directement près de la salle de concert, en dehors de la ville. Vers 17h, nous arrivons chez la bande qui organise le concert du lendemain. Les GFK n'arriveront pas et la discussion politique cédera doucement la place à une soirée chochopes et papotes.

Jeudi, Binam', Izou et moi prenons le temps de faire le tour des murailles du vieux Québec et chopons une amende pour n'avoir pas mis assez de dollars dans un parcmètre, à quelques minutes près. C'est d'autant plus lourd qu'on a déjà eu une autre amende le matin pour stationnement dans une zone dont nous n'avions pas capté qu'elle était non autorisée : on n'a pigé le panneau qu'après la contravention. Vers 16h, une interview nous attend à la radio universitaire. Binam' Binamé et Lali Placebo répondent aux quelques questions. On va dire bonjour à R-man qui travaille à distance via internet, comme chaque jeudi, il traduit les articles d'une revue.

Autant le dire tout de suite, j'ai gardé un bon souvenir de Québec et des gens rencontrés là-bas mais ni du concert ni de la salle. L'endroit s'appelle Le Café In et est totalement straigth-edge : pas d'alcool à l'intérieur ni à l'extérieur, des tracts douteux vantant le travail et tout ce genre de valeur qu'on ne partage pas du tout. Le bus arrive assez tard, la mauvaise humeur de chacun nourrit celles des autres, on râle et en vient même à parler de ne pas jouer. Bertrand aimerait se tirer, il n'aime pas ce genre d'endroit. Lali veut tenir sa parole et jouer, c'est lui qui est l'interlocuteur des organisateurs. Même Binam' est prêt à renoncer à jouer. Finalement Bertrand accepte de jouer après être resté le plus longtemps possible dans le bus. Il est déchaîné mais on sent de la tension avec Lali. René Binamé enchaîne dare-dare car le concert doit être fini avant 10h. Je sens beaucoup de conviction dans la voix de Binam' quand il chante " Je préfère de boire de la bière sans misère à noyer que d'aller travailler " et je vois pas mal de gens quitter la salle. Les paroles seraient-elles donc si captables pour des gens qui les entendent pour la première fois. Par contre, les gens qui sont venus pour nous voir apprécient, les applaudissements sont à la hauteur. Esgibt prend un des tract locaux et en fait une relecture. Même résultat, des gens quittent la salle et d'autres applaudissent. A la fin du concert, j'en viens à parler de groupes belges avec un gars qui connaît de réputation un groupe wallon dont il ne retrouve pas le nom. Ce serait pas Les Slugs par hasard ? Gagné ! Là-dessus il m'achète un Cougneus d'ma tante et un Kerdji mais impeccable ! Je plie bagage avant le début de GFK. Après avoir rangé le stand, j'aimerais retourner dans la salle mais on me signifie qu'il n'y a plus de place, bref que je resterai dehors et que je ne verrai pas GFK. Je n'insiste pas et me réfugie dans le bus.

Heureusement, la soirée n'est pas finie. On retourne en ville chez l'organisateur du concert qui convient que l'endroit n'était pas des plus adéquat. On descend en ville dans un bar bien rock avec un deuxième étage où on passe des vidéo et de la musique que j'aime (toute la musique que j'aime, elle vient de là, elle vient du punk 77). Je termine la soirée avec Lali et un gars qui porte un T-shirt de Broken Bones, groupe anglais que j'ai vu quelques semaines auparavant à Kontich. Le gars joue dans un groupe dans la veine de Discharge et me file une cassette dont je ne dirai rien de plus puisque j'ai été foutu de l'égarer. Impossible de retomber sur le nom du groupe, merde. Il nous fait visiter son squat, assez impressionnant, avec un atelier de sérigraphie. Ils nous montre en chemin une fresque qu'il a peinte sur l'arche d'un pont pas loin de chez lui. Très chouette. Pour une soirée ayant débuté dans une endroit sans alcool, je me la termine assez kerdji et pas trop impeccable. Nous quittons tous Québec avec regret car chacun d'entre nous a rencontré des gens chouettes, ce n'est pas Smurf qui me contredira.

Vendredi 10 août, plus que trois jours avant le retour en Gelbique. On s'arrête à mi-chemin entre Québec et Montréal, au Cap de La Madeleine, à côté de Trois-Rivières, localité que je connais de nom à cause de son circuit automobile. Nous jouons cette fois-ci avec Prohibit Scraps Planet, dans un café rock nommé Le Stage, qui peut accueillir genre 150-200 personnes. Prohibit Scraps Planet est un groupe plutôt métal composé de jeunes musiciens qui ont la particularité de venir tous du même hameau et d'appartenir à la même famille. Ils sont particulièrement accueillants et sympathiques. Leur musique n'est pas ma tasse de thé mais je ne pourrais pas en dire de mal tant le plaisir qu'ils prennent à la jouer est communicatif. Les 4 de Docteur Placebo la font plutôt décontractés. Concert bon mais je ne sais plus quoi en dire. Serait-ce la fois où François a cassé ses cordes ? Je ne sais plus. Au stand avant le concert de René Binamé, on me demande si je n'ai pas le live au Magasin 4. C'est assez cocasse car ce live n'est jamais sorti vraiment. L'enregistrement a été sur le site d'Aredje pendant quelques semaines sans plus. Je dois lui avouer que je n'ai pas de live mais il m'achète d'autres disques car il avait préparé une petite liste !

Après le concert, nous allons dormir à une vingtaine de kils, chez les Prohibit à Saint-Sévère. Un des membres du groupe monte dans le bus pour nous guider jusque là. Claude nous fait le fameux numéro du " sans les pieds, sans les mains, sans les yeux (non pas sans les yeux), sans les lumières ", sur l'autoroute. Frisson garanti ! Nous arrivons à l'endroit où nous allons dormir. Je suis le seul de Belgique à ne pas avoir pris de tente et donc comme presque tous les autres soirs (sauf à Québec et à Montréal), je dors dans le bus. Le lendemain matin, Binam' et Izou qui se lèvent tôt sont invités par les voisins à déjeuner, à se doucher. Ils apprennent que le voisin est l'oncle des gars de Prohibit !

Samedi 11 août, le bus décolle du petit hameau en pleine campagne après midi pour un retour vers la banlieue de Montréal, qui me fait penser à Rixensart plus qu'à Ransart. Nous sommes invités à jouer dans un jardin, après une épluchette de blés d'Indes, chez le chanteur du groupe In The Shit qui jouera aussi, rien à voir avec le groupe anglais homonyme qui a sorti un disque sur Mass Productions. Ils ont prévenu et invité tous les voisins et donc le bruit ne devrait pas poser trop de problème. Les gens sont de nouveau charmant.

Mon problème au pied ne s'arrange pas et je renonce à mon petit séjour aux States : visite d'un pote à New-York et d'une bibliothèque - centre de recherche à Watkins Glen à 400 kilomètres de New York. J'arrange les dernières formalités avec l'aéroport : remplacement de mon billet et réservation sur le même avion que les autres.

Il y a comme de bien entendu un feu de bois, une marmite géante d'eau bouillante et des sacs de maïs doux. Le soir tombe et on passe doucement de l'épluchette au concert. In The Shit fait dans le hardcore mélodique bien foutu dans leur style et compte bien venir un jour en Europe. Binam' et Smurf sont impressionné. Smurf a peut-être bien eu de leurs nouvelles depuis. Les concerts sont terminés avant les plaintes des voisins dont deux sont venus boire un verre en curieux. Entre dormir sur place ou revenir au loft, je choisis de rentrer et de m'écrouler dans un divan en pensant bien pouvoir changer ce bandage. Ma décision est la bonne car le lendemain le bus s'arrêtera à quelques kilomètres du loft, manque de gaz.

Plus que quelques heures avant le départ mais grosse journée en perspective. On a prévu d'aller manger dans le restaurant végétarien tenu par la copine de Claude mais à mon lever je ne tiens plus et je vais manger tout seul comme un grand une poutine de plus, encore une fois très bof. Vers 16h on va manger tout ensemble aux Vivres. La poutine n'est pas vraiment au menu mais j'en ai un bon souvenir même si je dois avouer avoir oublié ce que j'ai mangé, incroyable mais vrai ! (ndbin : une crème d'avocat en entrée puis un chili végétalien)

Le concert du soir est presque à domicile : c'est à la Casa del Popolo sur le Boulevard Saint-Laurent, à moins de 500 mètres du loft. L'endroit est tenu par Mauro, de Godspeed azéguégué you know Emperor. J'ai entendu un de leurs disques et je comprend l'engouement pour ce groupe mais ce n'est pas ma tasse de thé, of course. La Casa del Popolo, à quoi la comparer, sinon à un petit café arty, avec des concerts ou des djs tous les soirs, dans tous les styles, le tableau agenda est impressionnant, le genre d'endroit qui manque dans mon quartier.

De nouveaux articles sont parus dans la presse depuis notre départ : dans Ici, le Voir, le Devoir,... La soirée s'annonce chaude dans tous les sens du terme et tient toutes ses promesses. Marie-Pierre est de nouveau à son poste et projette des vidéos. Vinch dont je me rend compte que je n'ai pas assez vanté ses mérites derrière la console est bien content de mixer une dernière fois avant un certain temps Docteur Placebo. Là, je me souviens d'un petit détail, le maillot (son T-shirt, en québécois) de Lali à l'effigie du groupe Sin Dios, voilà le détail qui n'intéresse personne n'est-ce pas ! Dans l'assistance je reconnais des têtes que j'ai vues quelques fois ces derniers jours et pas seulement à Montréal. C'est le concert fête par excellence. La salle est comble et l'atmosphère est très très chaude. Les gens dansent et le groupe met le paquet. Ça sourit de partout.

Le set de René Binamé commence par un instrumental qui est basé sur le Do they owe us living de Crass, bonne mise en jambe. Je ne vais pas en dire plus sur le concert puisqu'il a été filmé par Francine et Izou. Ce n'est pas la première fois que cette caméra sort, elles ont filmé un peu partout mais pas encore un concert en entier. Mon stand à l'entrée de la salle est bien visité et mon stock est presque épuisé, ça tombe bien car c'est le dernier concert quand même. Après un gros set, le groupe fait une pause puis reprend de plus belle. Très chouette soirée, je crois pouvoir dire que le souvenir des gens sur place est aussi bon que le mien. L'après-concert est encore mémorable, d'abord en skettage de pinte Binamé-Placebo, puis à la dernière poutinerie ouverte, à 2h du matin. C'est là que piqué au vif par Smurf qui recommande une deuxième poutine, je refuse d'admettre qu'il a meilleur appétit que moi et décide de suivre la surenchère. Jamais je n'ai eu autant de mal à finir ma gamelle.

L'heure de la séparation approche. Notre avion décolle vers 14h. Izou et Binam' vont reconduire la bagnole de location tandis que Claude conduit les autres en bus. A moins d'1 kilomètre de l'aéroport, deux motards représentant la maréchaussée locale nous font de grands signes. Zut de zut. Le bus doit se garer sur le côté de la route. On va rater ce fichu avion. Evidemment, le bus n'est pas tout à fait dans les normes et donc forcément ils ont certainement de "bonnes" raisons de le vérifier. Claude parvient quand même à leur expliquer la situation, l'avion qui décolle bientôt et tout ça, mais ses ennuis ne sont pas tout à fait terminés, il devra faire monstre frais sur son bus pour le mettre aux normes. Il nous conduit néanmoins jusqu'à l'aéroport. Il est prévu de repasser par Newark mais au guichet, on me propose autre chose : comme il y a des intempéries sur New York, on nous propose un vol direct sur Sabena (oui ça existait encore) partant 5 heures plus tard mais arrivant à 7h du matin à Zaventem au lieu de 6h du matin. Je vais conclure mon récit ici car le trajet en avion de Montréal jusqu'à Bruxelles est sans histoire.

MarCoR

Post-face: dès mon retour à Bruxelles, je me suis empressé de faire une radiographie de mon pied qui n'était finalement pas cassé...

marcor à Genève

Non Marcor n'est pas mort, il fait azéguégué encore, comme chante Binam' sur l'air de Tarzan n'est pas mort. Mais je dois bien l'avouer, je passe moins de temps à transcrire mes souvenirs de pérégrinations concertuelles, visuelles, sonores et bibitives. Il m'a fallu quatorze mois avant de me mettre à écrire un journal de la tournée québécoise, c'est trop car mes souvenirs n'étaient plus très frais. Je vais ici vous relater des souvenirs plus récents, encore plus ou moins présents dans ma mémoire bouillonnante.

Donc il y a un mois - merde ça commence mal, déjà un mois, et combien de temps avant que vous ne lisiez ce texte, fin de la réflexion - je me suis rendu à Genève pour la 4ème édition du festival organisé par les Rude Boy Unity. J'étais accompagné par les Binamé - Binam', R-Man et Smurf - plus Esgibt, l'ex-Binamé le plus récent, Laurent Derouf, et Vincent Benet, l'invité de dernière minute.

Petit rappel : la première édition du festival s'est déroulé en 2000 avec 4 groupes, Pékatralatak, Les Partisans, Brigada Flores Magon (à l'époque avec Raymonde) et René Binamé et s'est déroulé au Kab de l'usine à Genève. Je dois avoir chroniqué ce concert où j'ai le souvenir tenace d'avoir été presque débordé au stand, car ce concert coïncidait avec la sortie de Kestufé du Wéékend ? et j'en avais vendu beaucoup.

Dès 2001, le festival grossit, il est étalé dans le temps, 3 jours au lieu d'une soirée, dans l'espace, 3 salles au lieu d'une. J'ai parlé de cette édition dans Aredje, car cette fois-là, René Binamé concluait le premier soir du festival au Zoo.

L'an passé, de grosses pointures anglaises sont invitées et jouent au festival, cette fois encore à l'Usine et sur trois jours. Les Slugs jouent le premier jour et je reste avec Binam', Geoffroy et Véro les 2 autres jours en tenant plus ou moins vaillament le stand Aredje. Je m'en échappe pour voir Conflict, Bacchus Temple Addicat, Inner Terrestrials, Angelic Upstarts, Oï Polloï, et pleins d'autres groupes.

Cette année, rendez-vous est pris avec Laurent et Esgibt à Saint-Gilles vendredi 17 octobre à 8h30. Vrai départ vers 9h30 du parking des bulles à LLN. Binam' a oublié les malles du stand avec les divers CD Aredje and compagnie. Où avait-il la tête ? Il a aussi oublié sa mallette à cymbale, et encore la petite mallette où R-man range ses petits ustensiles de guitariste. Il a quand même chopé quelques vynils. Il n'est pas dit que je n'aurai rien à faire car Vincent-Smurf a préparé une belle distro qui comprend heureusement aussi quelques exemplaires de nos disques.

Hop là on est parti, direction Luxembourg, arrêt classique à la pompe à essence (Capellen, pas Berchem, loin d'Anvers tout ça). Pour un vendredi d'automne, il fait assez chaud dans la camionnette. Je me surprend à ôter mon T-shirt un court instant comme en plein été, imitant en cela Esgibt, aficionados du torse-nudisme. Les chauffeurs ne doivent pas faire le forcing car nous ne jouons que le lendemain. Avant de quitter la France, on s'arrête aux Hôpitaux Neufs pour un ravitaillement bibine en prévision du festival. La température a vachement chuté et j'ai heureusement mon chandail à portée de mains, que j'enfile illico presto. Incroyable mais vrai, la frontière est franchie sans problèmes.

Le douanier : que venez-vous faire en Suisse ?

Laurent : un concert.

Le douanier : quelle genre de concert ?

Laurent : un concert de musique.

Le douanier : quel genre de musique ?

Laurent : de la musique punk.

Le douanier : allez-y.

Vers 20h, on arrive enfin aux abords de Genève. Esgibt a décidé d'expérimenter un itinéraire alternatif pour pénétrer dans le centre-ville et rejoindre au plus vite le barrage des forces motrices (encore un BFM), ou plutôt l'Usine qui est situé à côté. Cette fois, René Binamé ne joue pas dans l'usine mais au K-Bar (Artamis), à 200 mètres, un peu décalé de l'épicentre. Avant de sortir la distro, on va en reconnaissance au K-Bar, mais les concerts prévus n'ont pas encore commencé. Par contre, à l'Usine, les concerts battent leur plein car les portes sont ouvertes depuis 17h.

Les distros sont regroupées soit au Zoo, soit dans la salle du premier étage de l'Usine. Je me faufile dans la foule dans l'Usine et je trouve assez rapidement Stéphane qui me délivrent les pass. Entre-temps j'ai croisé Loïc de Bordeaux qui m'apprend qu'un chouette groupe, un peu anarcho punk à la Flux of Pink Indians, Rubella Ballet, vient de jouer, merde j'ai raté ça !. Il s'agit de Blyth Power, annoncé comme étant un groupe folk-punk anglais. Merde la folk n'est plus ce qu'il était et tant mieux. Où en suis-je dans mon récit ? Ai-je déjà relaté que nous sommes enfin installés, la distro déballée, au bon endroit, près d'un lieu de passage, près du couloir vers la sortie et les chiottes pour ceux qui sont dans la salle, ou juste à l'entrée de la salle pour ceux qui y rentrent, vous me suivez ?

Smurf a dans sa distro pas mal de chouettes trucs pas chers, dont les derniers exemplaires du 45-tours Pape, du CD split avec Ludwig, et ceux-ci trouvent très vite des acquéreurs. Ayant décidé de tenir la distro plutôt convenablement, je reste dans la salle du Zoo, sauf au moment d'aller manger ou me soulager car on n'a pas oublié la provision de bibines cheap françaises dans la camionnette. Donc je fais une croix sur les groupes qui jouent au Kab - une fois pour toute : le Kab est la salle en rez-de-chaussée, le Zoo est au 1er étage, tandis que le Moloko est en fait la cafétéria de l'usine, au premier étage aussi.

Je peux enfin voir, plutôt entendre, mon premier groupe de la soirée, c'est Loikaemie, un groupe oï! Allemand qui a joué récemment à Lille. De la distro, je ne peux décemment pas me faire une véritablement idée du groupe. Idem pour Second Unit, mais je pense que ce n'était pas trop ma tasse de ice tea. Pour The Filaments, je me donne un peu plus de liberté. Je vais faire 2 ou 3 tours devant la scène et je pousse même vers le bar dans le fond de la salle. Je parle avec des gens, forcément, car comme l'année passée, on rencontre des gens de partout donc des différentes parties de la francophonie hexagonale et d'ailleurs. Donc là je connais le nom du groupe, je reconnais le logo que j'ai déjà vu sur certains patches donc j'écoute et ça m'a l'air pas trop mal. Mais ne me demandez pas de reconnaître tel ou tel morceau, j'en serais incapable. Pour bien me rappeler de la soirée, j'ai prévu un copion, en fait je m'efforce de noter l'ordre des groupes au fur et à mesure, car il y a eu quelques inversions dans le programme initial. Ainsi donc Gilbert & Ses Problèmes, de Montpellier, au lieu de jouer 5ème, font la clôture de la salle en passant en 9ème position, mais ici les derniers sont les premiers, bien sûr. J'ai eu le temps dans la soirée de sympathiser avec le bassiste du groupe et je suis plus ou moins attentif pendant le début de leur set. Je connais le groupe par leurs 2 CD et un concert en Vendée où ils jouaient avec Les Slugs.

De retour au stand, on décide de le ranger car il se fait tard et je me sens un peu fatigué par les effluves de la bibine. Peu avant, j'avais déjà rangé Binam' qui était incapable d'aller jusqu'à la camionnette pour dormir, il ne parvenait que difficilement à tenir debout. Ah là là, kéjeuness, c'est le monde à l'envers...

Déchargé de toutes obligations, je m'en vais errer dans le Kab et je m'installe dans les backstages sur un escalier avec vue sur la scène et le concert de Klasse Kriminale, le groupe italien de street punk le plus connu. La journée est décidément bien longue, je m'endors repu non pas devant les baffles mais sur le dit escalier. Je suis réveillé par Nicolas Varcher, qui tente de me faire comprendre que les concerts sont terminés et que l'heure est au nettoyage de la salle. Je suis à moitié inconscient et je me rendors, of course. Un monsieur costaud me réveille une seconde fois, pour de bon, et d'après les dires de Varcher, le gars n'a jamais vu ça : je me suis réveillé, je lui ai dit au revoir comme on dit bonjour à un copain puis je suis parti, droit vers la sortie. L'abri le plus simple pour la nuit est encore la camionnette garée à côté du Rhône et surtout juste à côté de la salle. Il y a bien un autre plan pour aller dormir mais c'est plus simple pour moi de m'écrouler dans mon sac de couchage près de Binam'.

Réveil assez matinal, enfin, vers midi. Au programme : installation de la distro au même endroit que la veille au Zoo jusqu'au moment où on déménagera vers le K-Bar pour le concert Binamé.

Après avoir flâné en ville et visité quelques amis, on se retrouve tous les 7 un peu avant 17h, heure d'ouverture officielle du festival.

Comme la veille, je ne vais pas dans le Kab, car les groupes programmés font principalement du ska. Dans le Zoo, les concerts commencent avec Attentat Sonore, estampillé punk de France. Ce nom me dit plein de choses mais à part un morceau sur une compil hommage au groupe finnois Rattus, je n'ai, je pense, rien entendu d'eux. La salle à moitié vide à la moitié de leur prestation se remplit régulièrement. Je ne crois pas avoir été accroché par le concert, et entendre une reprise de Kidnap, groupe de Blois du milieu des années 80, ne m'enthousiasme guère, même si ce groupe était censé être l'exception dans l'apolitisme suspect du label Chaos Productions. La reprise est celle de No SS, en anglais rudimentaire (no SS... we don't need your fucking world, you can leave the human race, we believe in anarchy, we don't want your power trips, we don't need your politics, no SS no SS...), et pour l'anecdote une version se retrouve sur le LP Maximum Rock'n'Roll presents Welcome to 1984. Pour suivre (comme dirait Ponpon) voilà Running Riot, dont le nom a certainement à voir avec la chanson de Cocksparrer, et qui est un groupe irlandais de street punk, de la oi! quoi. Comme je suis fort occupé par la distro, le concert me parait assez court et assez vite place au suivant. Rien à dire d'intéressant non plus sur Beans, des hollandais car c'est à ce moment qu'on bouge un peu vers le moloko pour aller manger un couscous.

De retour au Zoo, c'est au tour de Blood and Whiskey de monter sur scène. Là je suis sûr d'avoir déjà vu ce nom sur une affiche, gagné ils ont joué à Fribourg le même week-end que René Binamé l'an passé mais pas de chance c'était la veille de notre passage. On croise d'ailleurs depuis hier Daniel de Fribourg qui avait organisé ce week-end et qui nous apprend que la salle où nous avions joué là-bas a brûlé. Zut. Alors quoi, Blood and Whiskey, étiqueté folk punk irlandais. Smurf et moi nous relayons au stand et devant la scène car c'est vraiment pas mal. Plus punk que folk. Le guitariste de droite (à moins que ce soit un bassiste) est ce qu'on peut appeler un "vieux punk". Bref ça le fait bien. Je me renseigne pour essayer de me procurer un enregistrement. Hélas, ils ont plus de disques avec eux et Christophe de Lille, qui a bien apprécié le concert, me signale que c'est beaucoup mieux, entendez plus punk et rentre-dedans, qu'en disque. Donc là j'ai pas encore eux le moyen de vérifier. Smurf et Binam' sont également enthousiasmés.

The Porters qui suit a également une étiquette folk affublé des mot oï! et Allemagne, donc des gros sabots pas dans la dentelle, mais plaisant quand même. Pas envie de chercher leurs disques pour ça. Avec les changements de programme, comme la veille avec Gilbert et ses Problèmes, Kochise débute leur concert vers minuit. Comme prévu entre nous, on remballe le stand, ou plutôt ce qui reste car Smurf est allégé de plus de 60 CD, LP, 45 tours ou cassettes, avec une mention spéciale pour le label Nabate. Les vynils Vocations et l'album noir des Slugs que nous avions avec nous ont tous trouvé un acquéreur.

Le concert Binamé est prévu pour 1h30, il est temps de quitter l'Usine et de nous diriger vers le K-Bar. Alors que les concerts à l'Usine ont respecté l'horaire avec même, incroyable, de l'avance, les concerts au K-Bar tardent à débuter. Pourtant là les concerts débutent à 20h30 et il n'y a que 4 groupes. Alors que l'on s'attend à ce que Blaggers A.K.A. ait commencé à jouer quand on rentre dans la salle, on tombe sur le concert de Medef Inna Babylone, groupe de Toulouse dont j'ai justement un peu parlé avec le bassiste en mangeant le couscous. Je le retrouve donc à droite de la scène assez sérieux et concentré sur son instrument tandis qu'au milieu le chanteur se démène, contraste manifeste. Le chanteur n'est pas sans rappeler une certain Jello Biaffra, d'ailleurs le groupe fait une reprise de Dead Kennedys, avec une flûte traversière, ça décoiffe.

J'assiste à des anicroches avec le service d'ordre à l'entrée de la salle qui sort doucement de sa léthargie. On se rend compte que l'endroit n'a pas été beaucoup fréquenté durant le festival et les gars du lieux sont un peu moroses. Et puis miracle, la salle se remplit plus vite qu'il ne le faut. Blaggers A.K.A. débute à l'heure où les Binamé étaient censés débuter, devant une salle comble qui continue de se remplir. Blaggers A.K.A. est un groupe anglo-allemand street punk. Il a joué l'an dernier également au festival. Ce groupe a il y a quelques années signés sur une major et je crois qu'heureusement il n'y est plus. Comme je ne connais pas leurs morceaux, je peux juste reconnaître les reprises qui sont éparpillées dans leurs set, une de Sex Pistols, une de Angelic Upstarts et pour terminer une de The Undertones , le classique Teenage Kicks chantée par une fille punk de plus de 30 (40 ?) ans.

Cette fois, la salle est vraiment comble. On se faufile pour amener les matos sur scène. Le bar est loin, au fond de la salle. Esgibt, avec mon assentiment, se charge de la lourde tâche du beer-management. Dans une cohue indescriptible, le premier plateau de bière arrive quasi intact. Je me pose en bordure de scène du côté de R-Man (à gauche).

Le concert peu commencer. Esgibt peut vivre une expérience qu'il n'avait plus vécu depuis presque 10 ans, assister au premier rang à un concert de Binamé en tant que spectateur fan absolu. Il n'est pas déçu. Les morceaux roulent. Kestufé du wéékend ? en intro puis Société Anonyme et Esgibt n'est pas mort, il fait azéguégué encore. Le spectacle est autant dans la salle que sur scène. Esgibt tombe de bras punk en bras skins dans une enfance plutôt sympathique puis retourne au bar pour nous approvisionner. Il apprend vite, il boit tout comme moi ses 4 bières par musicien et n'oublie pas Vincent et Laurent, il n'y a pas de raison, ils ont quand même conduit la camionnette, non de djeu. A la fin du troisième plateau, Esgibt est accompagné par un gars de la salle qui se chargera dorénavant de la lourde mission du réapprovisionnement.

René Binamé joue plutôt longtemps, sans que l'ambiance ne retombe, que du contraire. Quand Binam' s'en va sur le devant de la scène pour entonner Le Père Duchesne, il est rejoint par Esgibt qui ne demande que ça pour pousser la chansonnette. Enfin quand démarre C'est fini version extended-play près de 2 heures s'est écoulé depuis le début du concert.

Je profite cette fois du sleeping prévu pour les groupes : endroit étonnant - une sorte de bunker, genre abri antiatomique - et j'y rencontre des anglais et des allemands qui ont encore un stock de bière. La nuit est courte, de 5h à 11h à peu près mais je me rattraperai en ronflant pendant la première moitié du trajet du retour.

MarCoR

PS pour Esgibt : tu ne m'en voudras pas d'avoir paraphrasé une partie de la missive électronique où tu relatais tes exploits du wéékend. Mais bon, je pense ne pas avoir atteint à ta vie privée.

from attila

Marcor nous parlait de Attila the Stockbroker dans le Aredje n° 50. L'intéressé a lu l'article et complète.

From: Attila the Stockbroker

Subject: une vieille histoire belge (part 2)

Je suis allé à BXL en février 1979 à l'âge de 21 ans pour m'échapper de ma famille, j'ai joué du violon dans les petites rues autour de la Grande Place pour gagner du fric, j'ai fait des répètes avec un groupe quiconque qui n'était pas très intéressant, une mois plus tard j'ai rencontre Eric Lemaître (membre de plusieurs groupes bruxellois après Contingent et promoteur au Magasin 4 à BXL aujourd'hui) et Bob Seytor (Guadoloupien d'origine, l'ancien chanteur de Streets, un des premiers groupes punk belges) à un concert, ils cherchaient un bassiste. J'ai commencé à jouer de la basse dans leur groupe Contingent. Ils étaient vraiment super. Malheureusement, j'ai quitté le groupe et je suis revenu en Angleterre avant l'enregistrement de leur seul 45t Police Control - mais j'ai encore une K7 de répète, ca pète vraiment, une fois!

Le maire de Bruxelles, Van Haelteren, a non seulement interdit les grands concerts gratuits en juillet 1979 après une énorme bagarre avec les flics (à un concert de Peter Tosh, ou tout le monde a fumé et la flicaille ne l'a pas aimé..) ce connard a essayé d'interdire le rock, point, à Bruxelles!!! Et dans les pubs, et dans les cafés, et dans la Limace Mystique (notre caftar) On a annoncé un grand concert illégal le 3 août sur la Grande Place elle même (" le rock vivra a BXL...la violence des flics est gratuite: ce concert aussi ") et, ça va sans dire, les flics étaient là, il y avait la bagarre partout....

Et la veille, c'était le concert aux Vieilles Halles aux Blés, où Marcor a assisté. Une heure après le commencement, les flics l'ont entouré... personne ne pouvait y entrer, personne ne pouvait sortir sans être embarqué, les flics savaient que la plupart des activistes étaient là. C'était carrément le siège ! Contingent a joué (moi à la basse), les Newtown Neurotics sans leur batteur, qui ne pouvait pas entrer, Spermicide a joué aussi, et j'ai fait des chansons solo à la mandoline. Puis on a téléphoné à un copain Daniel, un journaliste du Soir, et il a carrément dit a M. van Haelteren que, si les flics ne s'en allaient pas immédiatement, il téléphonerait à Reuters pour annoncer l'état policier en Belgique..

La flicaille est disparu, et on s'est saoule la gueule à crever - un concert victorieux!

Maintenant, cette salle est le chez-soi de la Fondation Jacques Brel, le plus grand Bruxellois de toute l'histoire... j'sais bien que Jacky aurait été fier de nous...

C'est nous (Steve Drewett des Newtown Neurotics et moi) qui avons sorti le premier 45t de Spermicide sur notre No Wonder Records : Belgique, putain frigide.

Ben, c'est ça. A bientôt !

Attila

propagande

L'hébergement Propagande connaissant un succès mérité et finalement prévisible, les hébergés commencent à être à l'étroit. Il convient donc de faire des travaux et d'agrandir la baraque. En terme de cyber-btp, ça se traduit par l'achat d'un nouveau serveur. Voilà donc le pourquoi du comment de la cause du concert du dimanche 14 décembre ! Avé les groupes merveilleuzissimes : René Binamé, Garage Lopez et Guarapita.

Mais mais mais allez-vous hurler de dépit, c'est scandaleux, car nous qui ne sommes pas parigot (vinaigrette) nous ne pourrons assister à cet événement qui va marquer le millénaire d'une empreinte indélélé, indébile... ouais enfin qui va marquer le coup grave.

Réjouis-toi, faune internaute, car malgré ton handicap d'éloignement réel, tu n'as jamais été aussi proche de l'action virtuellement. Hé oui, ce concert de soutien à Propagande.org s'annonce comme le concert le plus multimédia de l'histoire du punk! Douze caméras filmeront nos musiciens 24h/24h, des micros planqués dans les packs de Kro et des webcams dans les teuchio branchés en permanence ne laisseront pas une seconde de leur vie privée échapper aux internautes voyeurs qui se connecteront sur le site pour la modique somme de 24 centimes d'euros la minutes... okay je déconne, bon en fait, au final, il y aura :

- deux caméras pour filmer le concert qui sera retransmis sur le net en différé d'un heure.

- de la webradio en continu avec je l'espère les interviews des groupes (entre deux bizness lunch et balance millimétrées).

- des ordis à dispo, donc de la tchatte à gogo en direct du CICP.

Toutes les adresses, tous les liens, tout ce qu'il faut savoir :

concert.propagande.org

PS de Binam' : espérons qu'il reste quelques zazouEs prêtEs à interrompre leur cocooning pour venir faire le concert avec nous.

two-star hotel

Le groupe est né au début du siècle après de multiples changements de membres. Chaques membres à un parcours différent (ex-Rawer Power, Zop Hopop, Unhinged, Heavyweight Championship, Hiatus...). Le résultat improbable de cette collision donne leur "plastic-avant-rock" ! Un cocktail hybride de garage disco punk qui n'a aucun sens ! on y parle de voyageurs compulsifs et internés, de têtes perdues, de suicide dans sa baignoire, d'instabilité sexuelle et autres joyeusetés de la vie. Ils n'ont qu'un cd-r quatres-titres à leur actif, avant la sortie prévue d'un 12" sur "nabate records" début 2004. A découvrir le 24 janvier au Magasin 4 avec René Binamé.

www.twostarhotel.org - www.collectifjauneorange.net

lem

Le concert du 19 décembre au Cinéma Forum sera l'occasion de découvrir les ballades électroniques qui composent l'album Bientôt le cosmos qui sort sur le label pneu ces jours-ci. Minimales, teintées d'électro, de mélodies nouvelle vague, les chansons sont chantées en français. Elles parlent d'empereur décadent, de la lumière, de la guerre (Combat de Vladimir Maiakovski), d'amours fracassées, de voyages interplanétaires... Boîtes à rythmes, séquenceurs, il y a de quoi faire remuer la tête et les jambes et le corps entier et puis il y a les chants pour se laisser emporter dans les airs....

nic@heroika.org

Infos sur www.pneu.org

Prolétaire, étouffe la guerre dans l'œuf.


Combat.

La ville respirait tout son saoul,
Dormait nullement préparée.
Quand rappliquent les trois cents, fumée contre fumée.
Ils descendent en spirale avec leur puanteur.
N'importe quel oiseau - moins que rien, un moineau -
Choit comme une pierre éparpillant ses os.
Le toit du Reichstag qui brillait de vernis,
En deux secondes a les cheveux gris.
L'esprit incolore embrumait les maisons,
Coulait vers la terre au long des étages.
" Sauve qui peut ! même du dixième- saut... ! "
Le mot râle dans la gorge froide ;
Les gambettes encore un instant sautillent,
Retombent côte à côte toutes les deux apaisées.
Les déments qui croyaient : " on peut les attendrir... "
Quand le gaz flottant se leva, plus un homme une bête, une mouche !
De cette vie il ne reste rien.
Quatre aéros ont piqué de biais,
De leurs feux croisant l' " x " énorme.
Du mort- plus rien, du toit- plus trace,
Flambés aux rayons violets.
Du beau travail, ni cendres, ni fumées.
Eclaté, labouré, lavé, balayé.
Et la ville a l'air d'un timbre oblitéré
Sur le sale paquet déchiré qu'est la terre.

Vladimir Maìakovski - Traduction Elsa Triolet


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