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Un compte rendu de la première journée d'audience du procès de Monsanto
Le palais de justice de Namur n'a pas la splendeur architecturale nazie de celui de Bruxelles. Ce qu'il est convivial, avec son hall d'entrée où l'on peut étaler toute sa littérature de guerre, avec son escalier menant à un patio aux rampes en bois sur lesquelles on peut tendre des calicots étalant tout le mal qu'on pense de Monsanto. Et puis, tout ce beau monde qui fait la politique par des chemins de traverse, toute cette faune contestatrice du désastre transgénique, ça fait plaisir. Ce genre de procès est aux opposants aux OGM ce que l'enterrement est aux familles : un moment de retrouvailles, par delà l'épreuve désagréable. Dans la salle, on se marre bien quand les inculpés présentent les faits, avouant n'avoir piétiné que quelques petites plantes. Et puis, dans cette dixième chambre, on peut se coucher sur les bancs, s'accroupir sur les appuis de fenêtre. Même la présence policière semble non agressive, quoique particulièrement préoccupée par le moindre mouvement du Gloupier, craignant qu'il ne profite de l'aubaine médiatique pour faire parler de ses loufoqueries spectaculaires.
L'événement a d'ailleurs joui d'une excellente répercussion médiatique : une page complète dans la DH et La Libre, une demie dans Le Soir, plus la presse locale, plus les reportages télévisés (mais je n'ai pas de machine paralysante chez moi). Tant qu'il s'agit d'une multinationale américaine, un monstre d'origine lointaine, on peut critiquer en cour. Mais qui rappellera le rôle de la recherche publique dans l'émergence des OGM ? Un représentant de Monsanto, comme dans ce débat à l'écran témoin de la RTBF où, pour se dégager de la responsabilité que tous lui incombaient, il signala que le premier végétal transgénique fut créé en 1982 à l'université de Gand ?
Mais bon, vu le bilan globalement positif, on ne va pas chipoter sur les illusions citoyennistes des deux témoins ni de l'un ou l'autre inculpé, à qui je rappellerai quand même que le système techno-industriel a foncièrement besoin de structures étatiques pour se développer durablement. Actuellement, c'est de cautions éthiques et environnementales dont il est demandeur : des filières “ sans OGM ” (on sait ce que ça veut dire), du carburant à base végétale et des moteurs à hydrogène pour voitures Bio, des normes sociales, des labels de respect des travailleurs (à l'image de ces géants du ciment qui promettent de sacrifier un peu moins de vies d'ouvriers au kilomètre carré bétonné). “ Nos collaborateurs de demain sont les ONG ” déclarait récemment un directeur de Solvay, tandis que les partis verts des pays les plus industrialisés travaillent à nous faire avaler la techno-couleuvre du développement durable.
Analysons plutôt le profil psychologique de la présidente. Très “ vieille Belgique ”, elle multiplie les interventions à coloration moraliste. S'étrangle à l'idée qu'on n'ait pas songé à s'en prendre à d'autres plantes autrement plus dangereuses (vient-elle de découvrir que sa petite fille fume des pétards ?). Parlant du peu d'indépendance des experts, les deux lobbies qu'elle évoque sont comme par hasard celui des cigarettiers et celui des fabricants d'alcools.
C'est avec un faux bon sens populaire réduit à de l'anecdotisme de mégère qu'elle tentera par ailleurs de défendre la chimie, en demandant à l'un des inculpés comment il faisait pour éliminer les mouches de son compost et les limaces de son potager. Sans doute n'imagine-t-elle pas d'autre recours que la chimie, tandis que l'inculpé, qui pratique uniquement la culture biologique, resta coi face à cette surprenante digression.
C'est toute sa frilosité bourgeoise qui rejaillit lorsqu'elle justifie l'arrêt des activités du laboratoire de Monsanto à Franc-Waret après le saccage en évoquant, outrée comme pas deux, l'état dans lequel se trouvait le laboratoire après sa neutralisation.
Inculpés, vous voulez être acquittés ? Faites vibrer la corde sensible de la juge : dites-lui que les Pays-Bas produisent du cannabis génétiquement modifié (cela a vraiment eu lieu, la teneur en substance active des autres variétés commercialisées étant augmentée par hybridation), parlez-lui des risques d'allergies, de la résistance que les êtres faibles acquièrent suite à la dissémination des gènes marqueurs de résistance aux antibiotiques, des mutations auxquelles les enfants et petits enfants seront et sont d'ores et déjà exposés. Mieux, prétendez que Monsanto dissémine dans la nature belge le gène de la pédophilie et autres vices immoraux.
“ Allons, mes petits enfants, on ne marche pas sur la grille d'entrée. Je sais, c'est pour une bonne cause, alors la prochaine fois, signez des pétitions et votez bien, tout ce que vous voulez mais ne recommencez plus ”. La condescendance maternaliste ne doit pas cependant faire oublier la fonction du tribunal. Il ne faut pas se bercer d'illusion quant à la capacité de compréhension ni l'apparente compassion des tribunaux : les juges sont payés pour appliquer la loi.
Sur le fond, la tactique de Monsanto consiste pour l'heure à prétendre que les plantes arrachées n'étaient pas transgéniques, évoquant le colza de démonstration. Ben oui, ça, on le sait bien, mais pourquoi n'évoquent-ils pas les semis de betteraves et de maïs ? Quant à l'illégalité, il faudra la démontrer.
Rendez-vous en octobre avec Percy Schmeiser, Gabriel Dewael, Jean-Pierre Berlan, etc.
Les Slugs + Bibendum à la MJ Le Gué (300 chaussée de Roodebeek à Woluwé, bus 29 par exemple). Paf : 4€ (3 pour les membres de la MJ). Infos au 02/777.01.17 ou 02/770.53.97 (en journée).
Les Slugs + Bibendum à la MJ Le Gué (300 chaussée de Roodebeek à Woluwé, bus 29 par exemple). Paf : 3 euros (2 pour les membres de la MJ). Infos au 02-777.01.17 ou 02-770.53.97 (en journée)
Soirée benefit pour les inculpés O.G.M. du 7 mai 2000 avec The Ex (NL, expe jazz grr) + René Binamé (chansonnettes anarchopunk) + oVo (I, experimental wave) + Alain Bolle (constitution de paysages sonores) à la Ferme du Biereau (3 scavée du Biereau). Paf : 5 euros. Informations au 010-45.54.35 et via chezzelle@skynet.be.
Le 7 mai 2000, 200 personnes participaient à une action de décontamination à Franc-Waret, dans le namurois. Treize personnes sont actuellement poursuivies sur base d'une plainte déposée par Monsanto.
L'essentiel des recettes du concert servira à couvrir les dépenses qu'entraîne le procès et à alimenter des initiatives futures.
A lire, Côté cour, côté jardin, un compte rendu de la première journée d'audience du procès de Monsanto.
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René Binamé... infos à suivre.
Carabosse et La Gratte à II Pattes présentent le 4ième Festival rural à l'école de Joub (commune de Paslières).
vendredi 16 : programation en cours.
samedi 17 - 19h : gigantesque apèro-barbecue + Toa regg (son nomade, reggae acoustiques) + René Binamé + Stevo'steen (fanfare ska) + jongleurs + théâtre + surprises...
Paf : 8 euros. Lieu : l’école de Joub, commune de Paslières, petite commune rurale située entre l’agglomération thiernoise et l’agglomération vichyssoise. La commune fait partie du Parc Naturel du Livradois Forez