2012 64

2007 63

2006 62

2005

2004 61 60

2003 59 58 57' 57

2002 56

2001 54' 54 53 52

2000 51 50 49 48

1999 47 46 45 44 43

1998 42 41 40 39 38 37

1997 36 35 34 33 32 31

1996 30 29 28 27 26 23 22 21 20

1995 19 18 17 16 15 14 13 12 11

1994 10 09 08 07 06 04 03

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Aredje 53, mars 2001

Détritus - LTS - Binamé - Carton : ultime rappel.

Inutile de vous rappeler tout le bien que nous pensons de Détritus, de LTS, de Carton et de René Binamé.

Mais peut-être pas inutile de vous rappeler les dates des concerts d'autant plus que quelques erreurs se sont glissées de-ci de-là et qu'il y matière à précisions et à ajouts.

Non, le concert de La Zone à Liège n'a pas lieu le samedi 30 mars comme annoncé quelque part dans le dernier Aredje mais bien le vendredi 30, date bien plus facile à situer sur le calendrier 2001.

La présence de Détritus est confirmée tant à Bruxelles au Magasin 4 qu'à Liège à La Zone, ce qui élargit encore le spectre des genres musicaux, c'était possible.

Pour le concert de Bruxelles au Magasin 4, les plus prudents peuvent se procurer des préventes chez Caroline et à l'Arlequin.

Sans Binamé, sans Carton, sans Détritus, LTS jouera encore au Radikal Bar, l'occasion de découvrir le 9 de la rue des Chevaliers qui abrite également l'Alzeihmer Bar et le Où martha a bu du thé. Puis Chez Zelle à Louvain-la-Neuve avec José Cuervo, et enfin à la Casa Ponton, à Liège, dans la foulée du marche de la Batte, les Bruxellois habitués de la Brasserie de l'Union qui tenteraient le déplacement n'y seront pas dépaysés, on y croise autant de Jos qu'au parvis de Saint-Gilles.

Ci-dessous, un petit récapitulatif que l'on espère sans erreurs et en dernière page tout les détails dans un agenda particulièrement chargé tant pour les Binamé que pour les Slugs.

Ven 30-3 : Détritus-LTS-Binamé-Carton à La Zone

Mer 4-4 : LTS au Radikal Bar

Jeu 5-4 : LTS-José Cuervo chez Zelle

Sam 7-4 : Détritus-LTS-Binamé-Carton au Magasin4

Dim 8-4 : LTS à la Casa Ponton (Liège)

Le CD-rom www.aredje.net : presque tout Binamé en mp3 et mpeg.

Les fichiers MP3 de presque toutes les chansons de René Binamé sont accessibles en FTP à l'adresse 212.190.68.238 (sous réserve, ça a fonctionné pendant un temps, il semble que ce ne soit plus le cas). Des "mini" MP3 sont également disponibles à l'adresse aredje.citeweb.net.

Vu la taille et le nombre de fichiers, la possibilité de les télécharger est toute virtuelle (à moins que vous ne disposiez d'une connexion à méga-débit) mais nous vous proposons de contourner ce problème en mettant à votre disposition un CD-rom contenant le site Aredje et tous ces MP3 plus quelques petites choses comme un clip mpeg de Révolte. C'est un CD gravé qui évolue parallèlement au site et à notre répertoire, il est disponible chez Marcor (stand et vpc) pour 200 boules.

Seuls les morceaux originaux et du domaine public y sont repris. En effet, pour diffuser un morceau, il faut l'autorisation de son auteur. Jusque là, ça semble logique. Beaucoup d'auteurs sont inscrits à une société du genre Sabam ou Sacem à qui ils délèguent la gestion de leur droit d'auteur. Tout se réduit alors à une question de sous. Tu diffuses... tu payes... Quand nous pressons un CD avec des reprises, nous payons... pas parce que nous adhérons à la logique du droit d'auteur mais pour qu'on nous foute la paix. Exactement comme quand nous payons un loyer non par respect de la propriété mais sous la pression de la machine juridico-répressive omniprésente...

Nous avons choisi de ne mettre que nos morceaux... ceux dont nous faisons ce que nous voulons, sans avoir à demander (à acheter) d'autorisation à quiconque.

Tout le mal que nous pensons du droit d'auteur.

Depuis que le groupe existe, nous avons réussi à échapper aux pires des pirates de la musique : les sociétés d'auteurs, les labels, les éditeurs... Parfois inconsciemment il faut bien le dire, mais rétrospectivement, nous sommes bien contents d'avoir un jour manqué de motivation à remplir les papiers d'inscription à la Sabam. Il faut dire qu'à l'époque, nous avions pris le temps de nous taper la lecture intégrale des statuts de ladite société des auteurs... personne ne devrait signer une session de la gestion de ses droits d'auteurs sans lire tout ce à quoi ça l'engage... et personne ne devrait signer après l'avoir lu.

Depuis toujours, nous avons essayé de diffuser nos morceaux le plus largement possible, en vendant nos CDs le moins cher possible, en jouant le plus possible dans des endroits, pour des gens voyant dans les concerts autre chose qu'une activité commerciale.

Nous ne voyons donc aucun inconvénient à ce que vous dupliquiez nos disques vous-même. Au contraire, allez y franchement. (mais faites attention aux chansons dont nous ne sommes pas les auteurs... elles ne vous exploseront pas dans les mains, n'endommageront ni votre graveur ni votre lecteur, mais vous serez hors-la-loi, vous voilà prévenus).

Bien sûr, vous n'aurez pas alors les superbes livrets que l'on s'échine à vous mitonnez, mais vous aurez le bon grain (cherchez bien , il y a dans cette phrase un étonnant jeu de mot d'inspiration biblique). Et encore plus bien sûr, n'allez pas faire à notre place du buziness avec notre musique. Vous avez notre bénédiction pour faire ce que vous voulez de nos chansons (duplication, diffusion, gravure, copie sur cassette, radio-diffusion, reprises et autres joyeusetés) à condition que cela soit exempt de toute arrière-pensée commerciale.

" L'industrie du disque craint la musique gratuite "

C'est ce que j'ai lu dans un magazine informatique. Si c'était vrai !

Vrai... elle craint effectivement non seulement le piratage de ses catalogues et le manque à gagner qui va avec, mais elle craint aussi la diffusion, totalement légale et tout aussi rogneuse de chiffre d'affaires si elle se répandait, de musique par leur propres auteurs, en dehors des structures de facturation. Rêvons !

Faux... elle ne les craint pas, elle met tout en oeuvre à tous les niveaux pour éviter de perdre ses sources de revenus... bourrage de crânes anti-piratage, sites de vente sécurisée, chasse aux pirates. Quand le téléchargement de musique sera une réalité, il est fort à craindre qu'il se limite à des échantillons promo, le reste si tu sors ta carte de crédit.

Le droit d'auteur est le salaire de l'auteur, nous dit la Sabam.

Peut-être, mais c'est surtout le salaire d'une nuée d'intermédiaires pour qui l'auteur n'est que le premier maillon, celui qui extrait la matière première, le mineur de fond de la chanson. Si la chaîne de la diffusion des disques est relativement connue, celle de l'exploitation des droits d'auteurs est plus discrète. Le rôle des labels, des distributeurs, des grossistes et des disquaires est plus visible que celui des éditeurs par exemple.

De plus, qu'essaye-t-on de nous faire croire, qu'oublier de payer une redevance à la Sabam nuit aux auteurs que nous apprécions tant, qu'il ne pourrons plus nous fournir nos doses de tubes si nous ne leur versons pas les quelques sous qu'ils méritent (" tout travail mérite salaire ", encore une phrase édifiante à laquelle il faudra tordre le cou), que graver un CD prive l'artiste que nous aimons de ses revenus. S'il y a un infime soupçon de vérité derrière cela, il ne faudrait pas perdre de vue que le droit d'auteur est la clef de voûte de l'exploitation industrielle du circuit musical, qu'il profite principalement à quelques poignées d'auteurs omniprésent (grâce entre autre au travail de leurs éditeurs) qui pondent à grand débit, aux sociétés d'auteurs elles-même, à tous ceux qui travaillent à la gestion lucrative de cet édifice.

Si nous étions à la Sabam...

Une partie du prix de nos disques lui serait versée puis nous reviendrait quelques temps plus tard, la Sabam en conservant une partie pour ses frais.

Les organisateurs de concerts devraient payer une redevance pour nos morceaux lors de nos concerts. Cet argent aussi nous reviendrait plus tard amputés des frais de gestion.

Nous pourrions toucher quelques sous pour nos passages radios.

Nous pourrions augmenter nos revenus à condition de gérer au mieux notre " catalogue " ou de payer quelqu'un qui s'en occupe... et c'est parti pour la spirale infernale...

Nous ne pourrions pas nous permettre de vous offrir nos morceaux... nous serions obligés de vous les vendre.

Il me semble que ce que nous y gagnerions est dérisoire et fatiguant... par contre, 10, 100, 1000, 10000 groupes tentant leur chance, quel bénéfice pour l'ennemi.

Une bribe de conclusion...

Passer à la vitesse supérieure, au piratage intégral, diffusez, dupliquez de la musique vraiment gratuite, produisez-en, parlez-en.

Cessons de fournir de l'eau au moulin de l'industrie de la musique.

Et une ébauche d'extension de cette critique...

Le droit d'auteur en musique n'est qu'un aspect du droit de propriété intellectuelle, qui n'est elle-même qu'une variante du droit de propriété, tout court.

La propriété... c'est le vol !

Si tu veux être heureux, nom de Dieu... pends ton propriétaire ! (airs connus)

Appel pour un Black Bloc au Sommet des Amériques, du 20 au 22 avril 2001.

Un texte irritant (mais pas que), plein de contradiction, d'approximation et de confusion (la traduction n'arrangeant rien), mais intéressant. La critique du spectacle non-violent est sans doute pertinente, mais c'est vite oublier que l'émeute est elle aussi un spectacle. Et zou, voilà un beau sujet pour des kilomètres de discussions (sur la E411 ?).

1 - introduction.

C'est tout dernièrement que nous pouvions lire, dans la Gazette montréalaise, le titre suivant : les anarchistes s'arment pour le Sommet (traduction libre). Voici un titre qui en dit long sur l'ambiance en terre journalistique. Pour tout dire, les mass-médias sont énervés, comme la police et les services secrets avec lesquels ils collaborent étroitement, parce qu'ils ont un job de désinformation à faire, maintenant et le plus efficacement possible. Y a de la pression après tout ! Ils veulent des coupables avant même le début des événements, et ils les ont trouvés. Ce seront les anarchistes. Et quelle surprise !

Leur tâche, celle des médias, est de dénoncer ce qui n'est pas encore arrivé, de désigner les "méchantEs" qui seront à l'origine du phénomène violent et anti-démocratique, pour reprendre les termes du rapport SCRS. Le tout en occultant la source du problème, le capitalisme ; Leurs actionnaires l'obligent. Toujours démagogique et avide de renseignements, la presse, avec son goût d'actualité spectaculaire, parle du Sommet pour sans cesse répéter le verbiage des forces policières et nous tenter de nous faire peur. C'est une véritable opération psychologique.

De toutes façons, qui sait ce qu'il se passera au Sommet ? Nous ne pouvons pas le savoir, nous ne sommes pas invitéEs et les documents sont secrets. En conséquence, notre terrain sera la rue, loin des sommets bourgeois et des hôtels de luxe. Seulement avec les budgets en présence, nous savons de quoi aura l'air la rue. Avec un mince 1000 $ pour s'organiser, les anars ont-ils vraiment une chance de l'occuper cette rue ? Une chance de vaincre les chiens et de perturber l'ordre établi, ou de toute cassée la ville. Une chose est sûre, les 32 millions de dollars en sécurité investit par votre gouvernement font un contraste financier pour le moins révélateur. Les anarchistes sont pauvres, comme le commun des mortels (et comme vous !), tandis que les restes, pourtant minoritaires en nombre, sont possédants, ils décident, tiennent, contrôlent. Et ils contrôlent particulièrement le discours médiatique. Alors, nous vous conseillons de ne pas croire sans recherche ces journaux ; l'esprit critique reste une valeur sûre. Il faut vérifier par soi-même pour connaître la vérité.

Finalement, nous savons que ce sont les flics qui s'arment pour Québec, ils l'ont annoncé ; un nouvel équipement tout neuf qui résiste aux briques, une hélicoptère, une clôture de 3,2 km, etc. Le tout sur votre dos, avec vos impôts. Génial n'est-ce pas ?

Le présent document est un recueil de textes de révoltéEs. Prenez le temps de le regarder, de lire. Cette brochure-pamphlet rassemble nos idées, sans trop de cohésion, mais suffisamment pour avoir un sens. Pour des raisons évidentes, nous ne signerons pas les textes.

Hey vous autres ! Montrez-le à tout le monde ce document, passez-le à vos amiEs après votre lecture. Partagez-le et imprimez s'en si vous le pouvez. Sans copyright, anarchiste.

2 - Appel.

Le Black Bloc est un regroupement, tactique et mobile, de plusieurs groupes anarchistes ou d'organisations autonomes qui travaillent ensemble en vue de réaliser les divers projets possibles, en coordonnant nos actions pour un but global ; à court terme, faire connaître notre opposition farouche contre la tenue du Sommet des Amériques. A long terme, la destruction totale de l'oppression engendrée par l'État, le Capital, le Patriarcat. en somme, chacun définit sa priorité, de toute façon, le Black Bloc constitue seulement un lieu de convergence pour les actions directes.

Nous voulons discuter à propos de la stratégie à adopter face aux nouvelles réalités de l'Etat répressif. Les flics ont très bien étudié les méthodes employées antérieurement dans nos manifs et il paraît qu'ils ont de nouvelles contre-mesures à tester sur nous. Ne soyons pas ridicules, refusons d'être les cobayes silencieux. Pour se faire, organisons nos groupes d'affinité, ceux-là seuls qui peuvent nous offrir une forme stratégique d'organisation, et qui nous permettent de réfléchir collectivement (en petits groupes) des nouvelles tactiques nécessaires pour sortir de cette norme instaurée au cours des récents événements rassembleurs. Inutile de préciser que nous sommes contre les gourous, partis, groupes centralisés ou hiérarchiques.

On se donne rendez-vous le 20 avril. L'endroit sera précisé postérieurement. Pour ceux et celles qui viennent de l'extérieur, c'est-à-dire des États-Unis, du Mexique, de l'Amérique Centrale et du Sud, n'oubliez pas que la frontière du Canada est très large et qu'idéalement, il est préférable de passer par l'Ontario ou le Nouveau-Brunswick pour rejoindre la ville de Québec. Aussi, il est possible de trouver des hébergements à Montréal pour ceux et celles qui désirent arriver d'avance.

Pour contactez quelques crépuscules du Black Bloc : leBlackbloc@excite.com

3 - La destruction de la marchandise.

Un spectre hante l'Amérique, c'est le spectre du casseur anarchiste. Son masque noir bien connu, rendu nécessaire par montée en flèche de la surveillance électronique, est désormais reconnu comme le symbole d'un terrorisme social qui nous apparaît maintenant plus que jamais comme un impératif humain et un devoir moral.

Les casseurs et casseuses de Seattle, nous l'espérons, auront ouvert la voie à la destruction de l'empire marchand. En s'attaquant, au cour même de la forteresse américaine que nul ne soupçonnait si fragile, à l'objet du culte moderne capitaliste, bref en fracassant les vitrines reflétant notre statut de consommateur et consommatrices fidèles, les émeutière et les émeutiers ont donné le seul contenu libérateur possible à la lutte contre la mondialisation des marchés. Soudain, une lutte qui, semble-t-il, allait définitivement s'enfermer dans le précipice du compromis servile, que nous présentent depuis 60 ans les mêmes syndicaleux collaborateurs et les mêmes bureaucrates de la sous-traitance étatique communautaire, soudain cette lutte devenait un danger.

Car cette société capitaliste, dont les diverse réunion de l'OMC, du FMI, de la banque mondiale, de la ZLEA ne sont que les messes médiatisées, est qu'un miroir sans teint qui projette sans cesse l'image de sa marchandise. Alors que derrière le rideau coulent des fleuves de sang et de tortures de toutes sortes, alors que se planifie la répétition des famines meurtrières de Somalie et d'Éthiopie par le brevet et la stérilisation de la production agricole, on veut faire croire que le dieu argent, auquel pourtant de nombreux sacrifices ont été consentis dans ce vingtième siècle inimaginablement sanguinaire, nous amènera enfin son paradis des objets tels qu'on les dépeints dans les fresques publicitaires télévisuelles.

Alors que les promesses du capitalisme se résument en une paire de souliers Nike, on veut nous cacher la souffrance des enfant-esclaves qui la produisent ;

Alors que le spectacle de la marchandise nous promets des tomates bien rouges et bien rondes en quantité faramineuse, on veut nous cacher que ses fruits, manipulés génétiquement, sont complètement stériles, rendant ainsi encore plus dépendant des grands propriétaires des multinationales agro-alimentaires les producteurs agricoles de toute la planète ;

Alors qu'on nous promet l'ère de l'information avec les technologies informatiques, on nous cache que chaque personne est désormais mille fois plus fichée que la sinistre Gestapo n'a jamais pu rêvé le faire ;

Alors que le spectacle nous gave de sa théorie du village globale, la réalité est qu'Internet est surtout un immense réservoir de marchandise à chair humaine, bien souvent des femmes et quelques fois des enfants, que l'on exploite pour leur image sexuelle et que l'on vend à une vaste clientèle de plus en plus isolée socialement ;

Alors qu'on nous fait croire que nous vivons dans une démocratie, les services secrets de nos pays respectifs instaurent de sanglantes dictatures et de pitoyables régimes de bananes dans les colonies sud-américaines, africaines et asiatiques.

Bref, il semble bien que la société spectaculaire marchande a atteint un sommet inégalé d'hypocrisie et de mensonges.

En s'attaquant directement aux objets envitrinés, les casseurs et les casseuses de Seattle n'ont pas fait qu'assouvir leurs désirs de posséder ces produits trop souvent inaccessible que la publicité nous fait mijoter comme le summum du bonheur. Elles et ils se sont surtout attaqués au but principal vers lequel tend tout le système d'oppression actuel, elles et ils se sont attaqués à la principale réalisation de notre société : la marchandise.

Parce que c'est bien pour qu'elle circule mieux, cette marchandise que l'on a décimés les acquis sociaux, arrachés de hautes luttes.

Alors qu'une partie du mouvement social anesthésié crie au scandale de la violence d'une vitrine qui enfin vole en éclats, le pouvoir social de la matraque et du bouclier, lui, rit dans sa barbe d'avoir intoxiqué la contestation avec son dogme : le respect béat devant le nouveau totem moderne de la marchandise.

La réaction des autorités, d'ailleurs, ne s'est pas faite attendre et désormais chaque manifestation qui dérange l'ordre établi est décrite comme une manifestation tranquille troublée seulement par quelques agitateurs, agitatrices masquéEs. Alors que l'insolente politique étrangère occidentale multiplie les provocations et organise les atrocités de ce monde (qui a supporté Pinochet, Suharto, Somoza, Noriega, Duvalier Marcos, Mobutu et Cie ? ? ?), les grands prêtres officiant le spectacle social du consensus préfabriqué veulent faire croire que les anarchistes sont méchantEs et Dangereux !

Aidés par tout un réseau de non-violents plus hystériques devant un McDo démolit que devant les descriptions des innombrables morts et des sinistres tortures des dictatures financées par leurs propres impôts, les grands prêtres du Capital ont beau jeu alors d'occulter ces méchants trouble-fêtes anarchistes qui viennent (enfin !) jeter un magnifique pavé dans l'étalage sanglant de la marchandise-spectacle.

- Convaincu que nous sommes des victimes chroniques de l'injustice flagrante du capitalisme, qui asservi, tue, massacre, viole, réduit à l'esclavage les populations du globe toujours plus efficacement, qui toujours plus froidement détruit la vie ou la transforme en marchandise et en outils de production ;

- Convaincu que nous sommes de l'horreur patriarcale qui la première a transformé des êtres humains en marchandises, et qui continue encore et toujours à asservir la moitié de l'humanité écrasée par le phallus de fer de la domination sexuelle, et comme le veulent encore les fanatiques qui s'autoqualifient hypocritement de pro-vie, maintenues dans le rôle de productrice de futurs travailleurs que le culte marchand boira volontiers par son esclavage salarié, ces famines planifiées et ces guerres génocidaires ;

- Convaincu que l'état qui n'a jamais été autre chose que le gestionnaire des conflits de classes, que se soit par sa police, son armée, ses prisons, sa torture, ses meurtres légalisés dans un rituel que l'on ose appeler justice, ou bien par ses techniques de gestion de la pauvreté et de la misère, ses lois du travail, ses programmes sociaux toujours arrachés de hautes luttes, mais jamais donnés, ou encore par son nouvel éden l'économie sociale et solidaire, nouveau projet de la sous-classe bureaucratique communautaire ;

Nous anarchistes (pas touTEs casseurs et casseuses quand même !), révoltéEs, ou tout simplement citoyenNEs responsables, casserons tout sur notre passage. Et lorsque le matin nous balayerons les éclats de verre et les marchandises que nous aurons transformés en projectiles, les rendant par la même au moins une fois utile, ce seront aussi les ruines de l'oppression qui seront ainsi balayées.

4 - Le spectacle non-violent.

C'est un spectacle désolant de voir ces milliers de jeunes, qui, dans les rues de Washington, la capitale illusoire de l'Amérique, se précipitent bravement au devant du matraquage, de la répression et des ennuis. Désolant, car les pseudo-militants, pseudo-militantes vont ainsi par centaines se donner bêtement à l'ennemi, tout en pensant changer le monde. Un spectacle, car le tout est chorégraphié en grand par les médias, relais de l'idéologie bicéphale de la contestation dans les normes. D'une voix outré, ce protestataire non-violent, venant de perdre son quartier général au main de la police, nous déclamait la lithanie de l'Amérique main-stream, celle de la constitution et de la contestation de surface. " On viole nos droits et le 1er amendement de la Constitution ". Exit la lutte de classe, exit le radicalisme. Le FMI ne devient qu'une agression constitutionnelle. La Banque Mondiale doit être réformée pour tenir compte de nos droits. Voilà achevée la mise en scène orchestrée par tous les Duhamel(s) et les Canevas de l'Amérique du Nord.

AssisEs devant des flics ou couché-e-s devant des voitures, on projetait une image unitaire et terne de la contestation : celle de la soumission. Se soumettre à la bonne volonté des forces de l'ordre quant à savoir le nombre de points de suture ou le nombre de jours de prison obtenus. Se soumettre au médias pour qui tout ceci est mis en place ; car sans eux, la non-violence devient impossible, la résistance pacifique ne sert à rien si on ne peut toucher l'opinion publique. L'humeur était à la fête des deux côtés. Les protestataires voyait enfin le moment venu de s'exprimer "publiquement" ; les policiers de se défouler abondamment.

La foire anti-FMI, contre-BM se transforme en foire du dégoût. Dégoût du matraquage, dégoût de voir les gens rester impassibles quand leurs camarades se font démolir par les plus méprisables d'entre les humains (les policiers pour ne pas les nommer). Mais aussi, un haut le coeur de savoir que tout cela était planifié. Planifié et inutile. Car toute action, en fait, est expliquée, démontrée, mis à jour à l'avance. Il n'y a pas de secret chez les non-violents. On communique toute la stratégie, à tout le monde, en tout temps, même au flics. On appelle ça transparence. Tellement transparent en fait que ça devient inefficace. Il suffit de changer les plans de l'autre côté de la clôture, et voilà, des mois de travail à l'eau.

C'en est trop de voir cela. Nous ne supportons plus que les non-violentEs monopolisent l'espace de contestation. Si ces gens désirent vraiment se faire matraquer, libre à eux et à elles. Mais nous désirons vivre debout. La différence est frappante. Lorsque nous sommes assis, le flic nous parait deux fois plus grand. Lorsque nous sommes debout, il perd tellement de son prestige ! Et il peut même avoir peur de nous. Et nous le savons.

Nous ne voulons pas nous laisser faire. C'en est assez de la passivité. Nous n'avons jamais considéré que de rester à portée d'un jet de poivre de Cayenne ou à la disponibilité des flics, cela constituait un acte de résistance. Cela n'est qu'une action irraisonnée, basée sur de faux arguments. Jamais nous ne nous sentirons plus forts, plus sûrs de nous par terre devant une voiture de police, en prison, dans le panier à salade ou dans un procès où l'Etat est juge et partie. Le fait que le public soit au courant de certains enjeux (comme l'AMI), même si cela aurait pu être suffisant pour repousser ou empêcher ces choses de prendre place, ne saurait constituer un victoire pour nous. Ce ne serait qu'une victoire pour les médias et une faction du capital hostile à ces accords. Mais nous n'avons pas non plus été naïf au point de croire que l'action non-violente avait réussi à mettre fin aux traités de l'AMI.

Quant à l'OMC, nous savons bien que les actions "violentes" du Black Bloc comme l'opportunisme économico-électorale de Clinton ont été au moins aussi importante dans la balance que les quelques heures de retard du congrès occasionnées par des fanatiques respirant le grand air des gaz CS au son de la caisse claire. Nous pensons même que les premières heures, les plus "hardcore" ont été décisive dans le déroulement de la rencontre. Quand Nike, Planet Hollywood et consorts ont eu perdu quelques millions de dollars en dommage ou en vente, on peut dire que le Black Bloc avait alors touché le centre du problème.

Le système capitaliste, patriarcal et spectaculaire ne carbure pas à coup de rencontres, fussent-elle ministérielles ou celles de dignitaires. Le coeur de la société spectaculaire-marchande est constitué de cristal, de vitres polies qui fait refléter en même temps le portrait du consommateur, de la consommatrice, que ne présente la marchandise déifiée. En brisant les symboles de l'oppression, l'envitrinement et la mise sous tutelle de bien qui pourraient être utiles à d'autres, le Black Bloc remportait la première victoire qui allait ouvrir les années 2000.

Pendant que les non-violents étaient tournées vers le passé, vers les vieilles croûtes qui prétendent dominer le monde (mais qui ne seront plus là dans 5 ans), il se passait des choses bien plus importantes dans les rues de Seattle comme de Londres. On s'en prenait au vrais responsables. La marchandise était prise à partie. Jamais une révolution ne s'est faite sans la désagrégation des systèmes d'oppression, et c'est toujours vrai aujourd'hui. Nous rions des non-violentEs soi-disant libertaires, révolutionnaires, mais qui vont tout de suite nous pointer du doigt sur toutes les tribunes (y compris au poste de police) quand nous attaquons ce que nous dénonçons et détestons. Ces gens, pacifistes et patriarches de la connerie humaine, ne sont ni militantes, ni anarchistes, ni révolutionnaires ; ils ne sont que ridicules.

Nous voulons être efficaces. Nous prenons partie en faveur de la radicalité, de la destruction de la propriété privée par tous les moyens qui soient. Nous ne sommes pas fondamentalement violentEs. Nous sommes pour une résolution pacifique et sans contraintes des conflits si ceux-ci ont lieu entre deux personnes jouissant d'une égalité en droit et de facto, et bénéficiant de la liberté de se retirer du conflit. Mais quand l'inégalité est de mise, tant qu'existera le patriarcat, le capitalisme et l'État, nous ne nous résignerons pas à la position la plus faible que nous puissions adopter : la non-utilisation de la violence. Car il ne s'agit pas d'un débat sur la non-violence. Comme le gouvernement parfait ou l'État de bonheur absolu, la non-violence n'existe pas. Dès qu'une des deux parties emploie la force, la brutalité, la non-violence n'existe plus. C'est comme le vide. Dès qu'il y a quelque chose pour le remplir, il perd sa propriété de vide.

Alors, puisque nous voulons tout le plus vite possible, nous employons le chemin le plus court pour arriver à ce but. Nous ne laissons pas dans les mains de l'ennemi son arme la plus forte : la légitimité et l'usage exclusif de la violence, ou son contrôle et sa répartition en fonction de ses besoins. Nous prenons ce que nous voulons. Si cela constitue un acte de violence, et bien tant pis. Mais ultimement, c'est l'ordre établi qui se trouve à être violenté, lézardé.

Nous l'avons dit : nous voulons être efficaces. Nous avons donc décidé de nous organiser selon cet objectif. Formons nos Black Blocs, prenons le pouvoir de la rue. Créons nos Women Blocs et prenons le pouvoir sur notre vie. Organisons nos Commandos bouffe et prenons le pouvoir sur notre faim. Bâtissons nos Squatts et prenons le pouvoir sur nos logements. Faisons la révolution et redonnons le pouvoir à chacunes et chacuns pour que personne n'en ait plus que les autres.

5 - À bas les réformistes

Depuis que l'état existe, on nous en a toujours donné une vision erronée pour qu'il se fasse accepter par la population comme une nécessité. On nous dit que le début de l'état est un contrat passé entre tous les membres d'une société. Bizarre, on ne m'a pas demandé mon avis, et vous ? En y regardant de plus près, on se rend vite compte que l'état existe uniquement dans le but de garantir la propriété privée. Les grands propriétaires avaient besoin de protection extérieure pour avoir la certitude que leurs avoirs resteraient bien les leurs. L'état est donc une institution par laquelle la classe dominante fait valoir ses intérêts. Le problème ici est que cette volonté d'une minorité apparaisse comme celle d'une majorité et englobe l'ensemble de la société. Les lois qui nous sont imposées ne sont pas les nôtres ; nous ne les avons pas choisies.

L'argent que les riches possèdent provient directement de l'accumulation de ceux et celles qui n'ont d'autres choix que de travailler, et donc de se faire exploiter pour subvenir à leurs besoins. La propriété est donc la domination des besoins humains par l'exploitation de ces mêmes personnes qui produisent la marchandise, puisqu'elle est l'accumulation des efforts humains par une minorité. Il faut donc dénoncer ces rapports de production puisqu'ils enlèvent aux femmes et aux hommes leurs droits légitimes. Les êtres humains se font littéralement voler le pouvoir de leur libre initiative, de leur originalité, de leurs intérêts et de leurs désirs pour les choses qu'ils et elles font dans leur travail. Et c'est " la relation politique de pouvoir (qui) précède et fonde la relation économique d'exploitation. Avant d'être économique, l'aliénation est politique, le pouvoir est avant le travail, l'économique est une dérive du politique, l'émergence de l'état détermine l'apparition des classes. " (Pierre Clastres, La société contre l'Etat)

Le système électoral des états actuels est de type représentatif. Mais comment une autre personne que moi-même peut-elle me représenter, je vous le demande. Nous avons touTEs des intérêts différents et la personne pour qui l'on vote, peu importe son parti, ne veut que se faire réélire pour satisfaire sa soif de pouvoir et ses intérêts personnels. Les partis représentent les classes économiquement dominantes et tentent de nous faire croire qu'ils représentent l'ensemble de la population, comme si les riches et les pauvres avaient les mêmes priorités. Le bipartisme est aussi une plaie qui ne fait qu'accentuer ce non-choix que nous avons, on peut donc bien voir que le pouvoir nous est imposé et que nous avons aucune alternative, sauf faire la révolution. Cette fausse démocratie n'est que passive, la preuve en est que le temps qui nous est alloué pour participer à la vie politique n'est que d'un vote par 4 ans. Par cela, l'état exclut la population des décisions et maintient son pouvoir. En effet, comme notre système est pourri, la demande de participation ne vient pas du peuple mais bien des dirigeants et uniquement pour légitimer le pouvoir en place. Le citoyen, la citoyenne n'est qu'une marionnette à qui on fait croire que son vote a de l'importance.

Ce n'est pas pour rien que des groupes de pression existent, ils ne peuvent changer la politique de l'intérieur alors que de l'extérieur les choses deviennent possibles. Les groupes d'intérêt, comme les multinationales et les investisseurs étrangers, se font supplier par notre bel état pour qu'ils investissent et ouvrent des usines au pays. Ce dernier ne se gênera pas pour couper dans l'éducation et la santé pour donner de plus grandes subventions au milieu privé, qui atteint déjà des profits records. De plus, au niveau international on remarque déjà cette forte tendance qui se traduit par une perte de pouvoir de l'état. Celui-ci n'est plus apte à rivaliser avec la mondialisation du capitalisme, il n'a de choix que de l'accepter, et ce, même si sa population s'y oppose. L'état ne prend en compte que les intérêts économiques internationaux, il pourra ensuite se vanter que l'économie va bien, et ce, même si la pauvreté croît à un rythme alarmant.

Plusieurs autres décisions de ce cher gouvernement sont contradictoires avec le bien-être de "ses" citoyenNEs (il cherche simplement à nous faire ignorer les enjeux sociaux par la ruse), que se soit en acceptant de mettre des OGM (organismes génétiquement modifiés) sur le marché pour faire de nous des cobayes ou en subventionnant massivement l'industrie porcine en ne prenant aucunement en considération que leurs eaux usées se retrouvent dans nos robinets à moitié traitées. Comment se fait-il, dans une démocratie où touTEs en théorie peuvent décider, que la misère règne et que le gouvernement va à l'encontre du peuple ? Simplement parce qu'on nous l'impose. Il n'en tient qu'à nous de changer les choses. De plus, le gouvernement fait souvent du travail inutile pour satisfaire la population, alors qu'il y a un nombre incalculable de problèmes beaucoup plus important à régler. La récente réforme en éducation au primaire en est un exemple. Cette réforme n'a pas été voulue par la population qui n'avait d'ailleurs rien à redire sur les méthodes d'enseignements de l'ancien système d'éducation primaire. Elle donne donc l'impression à la population que le bon gouvernement travaille pour elle et dans son intérêt, alors qu'il ne cherche qu'à satisfaire la population sur un point sans importance pour obtenir son indulgence sur des choses beaucoup plus grave.

L'état est la domination de la conduite humaine. En effet, il enclave l'esprit humain en lui dictant sa conduite par des lois. C'est toujours une partie de la population qui fait les lois et une autre qui doit obéir : nous. Mais peu importe le gouvernement ou le parti qui est au pouvoir, ce dernier réclamera une subordination complète de l'individu, et si ce dernier lui refuse, l'état se servira de moyens tyranniques et oppressifs pour que l'individu égaré puisse rejoindre le troupeau. L'état est fondamentalement injuste puisqu'il juge des offenses mineures, mais se maintient au pouvoir par la destruction et l'annihilation de la liberté humaine, crime beaucoup plus grave. On nous dit que l'état maintient la paix, l'harmonie et l'ordre social, mais il ne peut atteindre ce résultat qu'en faisant régner la terreur et la soumission en accordant des privilèges aux garants de l'ordre, comme la police et l'armée. L'ordre social devrait se faire par solidarité d'intérêts et libre association et non par l'oppression des idées et des gens.

L'état, même s'il est composé de gens "élus", est aussi formé de fonctionnaires. Il faut comprendre que ces fonctionnaires n'existent pas par nécessité mais bien par résultat de l'absence de démocratie dans notre système. Ces gens qui travaillent habituellement aux mêmes postes toute leur vie, connaissent beaucoup mieux la machine que les élus qui peuvent changer au 4 ans. Ces bureaucrates s'approprient donc le pouvoir en ne songeant qu'à leurs intérêts personnels.

Mais le pire est de voir à quel point les gens sont habitués d'être soumis à l'autorité. La domination de l'homme par l'homme est récente et n'est pas naturelle chez les êtres humains ; elle ne va pas de soi. En voulant s'émanciper de la nature, nous l'avons transformé pour la dominer, c'est cette même mentalité qui refait surface avec la domination d'un être sur un autre. Les gens sont devenus ennemis l'un de l'autre à cause de la compétition et de la recherche du pouvoir ; c'est cette mentalité qui appuie les régimes totalitaires. La paranoïa tente de s'imposer à nous, refusons cette irrationalité futile. Nous n'avons pas besoin d'un ordre supérieur pour nous imposer une paix qui ne repose en fait que sur la peur de l'autre et sur la satisfaction de croire que les "méchants" citoyens ne font rien de mal par peur d'aller en prison. Il suffit de changer de lieux et/ou d'époques pour réaliser que l'humanité est tout autre. Chez les Inuits et chez les aborigènes australiens par exemple, les individus sont solidaires entre eux et à leur communauté. Leurs vies sont adaptées à leurs besoins (et non à leur sur-besoins ou besoins inventés comme dans notre société de surconsommation actuelle) puisqu'ils exercent le minimum de domination nécessaire sur leur milieu. Il n'y a donc ni division du travail, ni hiérarchisation. Dans les sociétés où la propriété privée et la division du travaille existe, l'être humain sera toujours plus tenté de rabaisser les autres pour monter en grade, mais on n'a qu'à regarder Montréal dans les années 70 pour s'apercevoir qu'un large mouvement collectif et solidaire existait.

Au Canada un parti politique élu n'a que 2% de marge de décision, c'est-à-dire qu'une infime partie des lois peuvent être changées, le reste étant statique notamment à cause de la constitution, alors oubliez d'aller voter et vous verrez bien que rien ne changera et ce peu importe le parti au pouvoir. De plus, on sait déjà qu'un vote sur 6 millions ne change rien, mais pour le prouver de manière encore plus claire, prenons l'exemple des suffragettes, ces femmes qui luttèrent pour l'obtention du suffrage universel alors que dans ce temps seul les hommes pouvaient voter. En 1918, les femmes canadiennes obtinrent le droit de vote au fédéral, elles étaient convaincues que la politique entière changerait à ce moment. Cependant, dans les faits tout les partis politiques et leurs idéologies bourgeoises et patriarcales sont restés les mêmes, et ce même si 50% de la population venait s'ajouter au scrutin ! Il faut être conscient que l'idéologie qui est présente dans nos sociétés vient d'en haut et qu'elle est récurrente pour que nous l'assimilions mieux. La publicité et les médias en général font bien ce travail. De ce fait, donner le droit de vote à touTEs lorsque l'on endoctrine le peuple passe plus facilement.

Voter ne change rien et tenter de réformer l'état est une erreur puisque ce monstre administratif est trop rouillé pour se faire réparer. La révolution reste la seule solution. En effet, les réformes n'existent que pour mieux protéger et conserver l'état. Le meilleur exemple pour illustrer ce fait est la monarchie britannique qui par voie de réforme est devenue une monarchie constitutionnelle pour ne pas totalement perdre son pouvoir. Les réformes ne sont en fait qu'une soupape de pression qui sert à maintenir le peuple dans un état de satisfaction relative. Je m'explique, si le peuple réalise trop son insatisfaction à l'égard du pouvoir dominant, il voudra le rejeter, mais si l'état s'adapte (toujours partiellement) à ses nouvelles demandes, il pourra continuer d'exercer sa tyrannie. Le peuple est donc voué à être éternellement insatisfait de l'ordre régnant s'il ne prend pas les armes pour le renverser.

6 - Pourquoi nous nous battons.

J'ai vu la crainte et la peur dans les yeux de certains ou de certaines, lorsque tout cela se passait : Seattle, la casse, Washington, la matraque, Montréal, les MacDos détruits, Westmount envahi. Que se passe-t-il ? Le monde a décidé de sortir de sa torpeur. Pour une fois depuis longtemps, anarchie rime avec plaisir, liberté, action. La critique bourgeoise ne fait qu'empirer les choses : on parle d'ÉMEUTE (en majuscule pour faire plus peur), DE VIOLENCE, DE MÉFAITS, DE JEUNES CASSEURS, DE BLACK BLOCS. Tout pour effrayer les bonnes gens un peu trop à l'étroit dans un monde où on les retient prisonniers, prisonnières. Et si ce n'était pas que cela...

Du fond de leur banlieue ternie à l'usage, la classe des biens pensants se sent attaquée. Qu'importe si ce sont les riches qui sont visés. On instaure le climat de crainte (injustifié). Et après une longue tirade politico-merdeuse à la Martineau (cul-terreux qui s'écartèle pour le plaisir de ses patrons du Voir) les prisonniers se mettent à trembler. Ce sont les oeillères bien installées par des siècles d'abrutissement et la tornade médiatique qui doivent être enlevées. L'indifférence crasse dans laquelle se réfugiaient bien des gens ne tient plus. La vitrine brillante et polie qui protégeait les apparence est fracassée. Qu'est-ce que l'OMC ? La question se pose sans détour.

À ceux et celles qui croient encore que les anars sont là pour les manger (nous ne mangeons que les patrons, ce sont les meilleurs), posez-vous la question. L'éclat de verre qui a (peut-être) effleuré quelqu'un le 15 mars dans un Mac Do vous a-t-il vraiment blessé ? Qu'en est-t-il de l'OMC, de l'ALENA, de la mondialisation, de votre salaire qui diminue, du Capitalisme et de l'État. Qui arrête les kids aux manifs, qui envoie les gens se faire tuer pour du pétrole ou tue pour cela en Irak ? Qui est visé quand on dit s'en prendre à Milosevic ? Qui meurt des suites d'une maladie qui n'a pas le temps de guérir, parce que le Travail ne peut se passer d'eux ? Qui encore se lève chaque matin les joues creuses et la tête lourde, au son violent du réveil qui agresse ? Vous, Nous.

Et maintenant qui veut vous faire croire que les anars sont les dangers de cette société. Tellement criminels qu'ils et elles ont droit à une escorte policière de centaines d'agents ? Qui insinue que l'anarchie est une destruction sans fondements des biens et de la propriété privée ? Qui poursuit en justice les jeunes pour avoir illégalement manifesté ? Qui permet l'utilisation de gaz toxiques pour contenir des foules en colère ? Qui vous fait peur, en réalité ? Les médias, la bourgeoisie, les flics. Les mêmes qui bombardent en Irak ou en Yougoslavie. Ceux-là même qui vous forcent à travailler 40 heures pas semaine pour un salaire de merde pendant qu'ils se paient le luxe des voyages d'affaire. Et encore ceux qui vivent d'exploitation, de la mort ou de la soumission de toute une population.

Pourquoi colporter sur tous les toits que les anars sont des gens insensés, qui ne sont que violents, grossiers et vulgaires ? Parce que c'est la meilleure façon qu'ils ont trouvé pour se maintenir en place. Ce ne sont que des faussetés, évidemment, des ragots sophistes et méprisants. Mais au moins le mépris est réciproque. Il est facile pour la classe dirigeante, bourgeois et chefs, de mentir, car il n'y a pas de contrepoids. C'est ainsi que vont les choses, mais c'est pourquoi nous voulons un changement.

Nous attaquons le règne de la richesse parce que cette soi-disant richesse s'est approprié notre vie. Parce que le temps passé à travailler ne l'est pas à vivre. Parce que nous en avons assez de la répression, de la destruction, de la mort, de la famine, des viols, de guerres entre les pays. Nous nous défendons dans un système qui nous prend tout.

Mais aussi nous voulons autre chose que cela. Détruire pour détruire n'est que dérision. C'est le mensonge suprême. Nous n'y adhérons pas. Un slogan étudiant disait il y quelques années : " La vie est ailleurs ", signifiant l'impossibilité de vivre dans le cadre même du capitalisme, de l'Etat ou du patriarcat pour la majorité d'entre nous. Nous voulons vivre autrement, infléchir la tangente du futur qui mène actuellement à la barbarie ; ce qu'on appelle encore capitalisme. Notre action a pour but d'apporter le renouveau, de créer, de vivre, de s'approprier ce que nous avons créé mais qui nous a été enlevé pour être mis en marché. Nous voulons fêter, dormir, nous reposer, construire, faire, bâtir. Pas travailler, produire, se forcer, cadencé et policé.

La peur qui est véhiculé à notre propos est bien celle du système dans son entier qui se sent parfois vaciller. Nous exigeons la liberté et voilà que le système craint et emprisonne. Nous réclamons la justice et voilà que l'État nous matraque et nous arrête. Nous requérons la fin de l'exploitation mais nous n'avons comme toute réponse que la misère et la pauvreté.

La révolution, le changement, nous apparaît nécessaire et motive nos actions.

7 - L'après-Seattle.

Voilà que les luttes, les batailles menées par bien des gens nous démontrent quelque chose de tangible. L'après Seattle conduit indubitablement à une prise de position politique des gens, et cette prise de position se fait en faveur de l'action qui peut parfois être violente. Nous voyons ainsi que les arguments démagogiques des non-violents ne nous atteignent plus.

Le Sommet de la Jeunesse y était pour quelque chose. Les manifestations brutalement réprimées ont au moins servies à montrer une chose : la violence peut être employée comme solution lorsqu'il est impossible de faire autrement, et voilà que l'on remarque bien que l'autrement n'existe pas !

Et si les jeunes avaient décidé d'agir ? Chronique de la non-violence déboulonnée.

Les arguments non-violents que l'on entend ne riment à rien, on le sait bien. Mais pourquoi ? Voyons voir de près ce qu'on peut entendre de la bouche des membres de ces sectes, où le CANEVAS représente le Vatican idéologique et Duhamel le grand pape gâteux.

1. " On ne peut changer les choses avec les mêmes moyens que nos adversaires " : cette phrase est souvent employée pour dire que si le gouvernement est violent, en étant nous-mêmes violents, on devient comme lui. Il est tellement facile de mélanger les concepts et les choses. Mais allons plus loin : en aucun cas notre violence ne serait celle du gouvernement. Nous ne voulons pas organiser une force policière pour contrôler les gens. On se démarque de nos adversaire dès cela. Nos moyens sont différents : nous ne prônons pas l'utilisation de la force pour réprimer la contestation. Nous ne sommes pas payéEs pour faire cela. Les flics agissent violemment parce qu'ils en ont reçu l'ordre. Si on leur demandait de pelleter de la neige à la place, ils le feraient. Nous agissons par nécessité, pas eux ; que ce soit pour notre survie, pour se défendre ou pour faire changer une situation que nous considérons intolérable. Personne n'oblige quelqu'un à devenir flic ; nous sommes pauvres par obligation, pas par choix. La violence devient alors non pas un choix, mais une nécessité tactique.

2. " On ne répond pas à la violence par la violence " : sentence clef du mouvement pacifiste qui tend à démontrer (en conséquence de la première affirmation) que la violence ne fait qu'engendrer d'autres violences. À cela, on n'a qu'à répondre : oui, et puis ? Il n'y a aucun problème à vouloir qu'une violence de la part des autorités engendre une réponse violente de notre part. Et puis, la violence, on la subit quand même, alors elle est présente, nous ne décidons pas unilatéralement d'utiliser la violence de n'importe quelle manière et sans raison. Nous sommes capables de justifier son emploi ; que ce soit en cas d'autodéfense ou parce que c'est la seule façon de faire changer les choses.

3. " Il faut être conséquent : nous désirons une société non-violente, alors nous employons des moyens non-violents. " Oui, nous sommes conséquentEs, c'est un fait, mais qui a dit que nous désirions une société non-violente ? Oui, nous désirons la fin des guerres, la fin de la violence organisée par l'État. Mais nous désirons surtout une société où les gens vont être capables de répliquer à la violence, et de s'organiser en fonction de la violence des autres, pour la minimiser, pour jouir du plus de liberté possible. Cette affirmation, de la part des pacifistes, dénote une coupure radicale entre la théorie et la réalité. Même si nous croyons que dans une société idéale, personne ne devrait employer la violence contre quelqu'un d'autre, cela ne veut pas dire que cette visée de l'esprit peut s'appliquer ici et maintenant. Il ne faut pas oublier que ce sont les intérêts de grands capitalistes qui justifient leur emploi de la violence pour arriver à leur fin. Tant que ces conditions vont exister, il sera impossible d'enrayer la violence, de leur part comme de la nôtre.

4. " Laissons à l'Etat le soin d'agir violemment. " Cette affirmation de la part des non-violents est terrifiante. Cela veut dire que nous acceptons illico de ne pas nous battre à armes égales. Sous quels prétextes ? Simplement que nous voulons une société non-violente (voir #3). La société capitaliste tire une grande partie de sa force dans le monopole de la violence et en ce sens, c'est bien plus jouer son jeu d'accepter ce monopole que de le dénoncer en agissant. Ne faisons rien de ce que l'État veut, plutôt que de ne rien faire comme eux. Personne ne peut prétendre que toutes les fonctions de l'État sont négatives et à rejeter. Nous prétendons plutôt que l'État ne devrait pas exister parce qu'il a le monopole de discours, de représentativité, d'action sur ces fonctions et qu'il agit selon ses propres intérêts et non dans les intérêts des gens concernés. Nous voulons que chaque personne, chaque groupe d'affinité, chaque collectivité puisse décider du bien qui lui est propre, et cela inclut aussi l'usage de la violence. Une collectivité qui décide de s'organiser violemment contre une agression extérieure est légitime. Une collectivité qui décide d'en agresser violemment une autre ne l'est pas, et cela finit là. Il n'est pas besoin d'être bien renseignéE pour voir la différence entre les deux types de violence.

5. " Toute violence est mauvaise, parce qu'elle est violente ". Souvent, les non-violents regroupent sous une seule bannière toute sorte de phénomènes qu'ils qualifient ainsi de violence. Le problème, c'est que souvent, tout ce qui va à l'encontre de leur position politique est considéré comme violent. C'est un moyen que ces gens utilisent pour agir d'une manière beaucoup moins radicale qu'ils ne veulent le laisser croire. Le CANEVAS en est un bon exemple. Il est théoriquement contre l'État, le capitalisme, etc. Mais dès que vient le temps d'apporter une critique plus globale de l'État et du capitalisme, critique qui implique qu'on agisse contre ces phénomènes, on se retrouve au banc des accuséEs parce que nos tactiques sont considérées comme violentes. Si on regarde un peu plus loin, on se rend bien compte que les revendications de ces groupes restent tout à fait réformistes sans grande envergure. Ainsi, la destruction de la propriété privée devient violente. Le fait de crier des noms aux flics que l'on déteste est violent. Le slogan " la police au service des riches et des fascistes " est même considéré comme violent par le CANEVAS ! Pourtant, ces gestes n'entrent pas dans leur définition plus générale de la violence. On catalogue après coup les actes qui sont mal vus de la part des leaders du mouvement. En fait, toute action ou parole subversive, ou qui peut entraîner un débordement ou une perte de contrôle de l'action par les organisateurs, est stigmatisées du sceau de la violence, même si ça n'a rien à voir. C'est à se demander si une femme qui assomme ou tue ses violeurs pour ne pas être violée est considérée comme violente. D'ailleurs, dans ces cas, on voit bien toute la contradiction d'un tel système de pensée. Il ne faut pas nier la source initiale de violence, celle qui déclenche notre propre violence, car c'est toute la différence. Les personnes qui déclenchent la violence sont d'accord pour l'employer et donc la trouvent d'avance justifiée et justifiable. En répliquant violemment, nous nous battons avec des gens qui acceptent l'usage des ces moyens. Nous sommes forcéEs de les employer, alors que ceux-ci ne le sont pas. Ils sont les seuls coupables de notre propre violence.

6. " Être non-violent est l'action la plus radicale qui soit ". Cette idée court souvent, pour dire que cela demande plus de courage et de radicalité de s'asseoir devant une ligne de flics et de se faire arrêter et même tabasser que de s'en aller devant une forte pression. Il est assumé ainsi qu'il est plus utile de tenter par tous les moyens de résister pacifiquement, et donc que l'efficacité de l'action est plus grande en restant assis, que de reculer devant l'anti-émeute. Mais revenons sur terre. Si notre objectif est d'empêcher une conférence, de bloquer la rue, etc., ce n'est pas une fois dans le panier à salade que nous sommes efficaces. L'efficacité d'une action dépend de notre capacité à tenir le plus longtemps possible. En reculant en temps voulu, en revenant à la charge, en détruisant les lieux physiques, nous gagnons en force, nous faisons perdurer une situation au-delà du temps permis par les autorités. Nous ne donnons pas le pouvoir aux forces de l'ordre de décider du moment où l'action doit prendre fin, nous agissons selon notre propre agenda, nous gardons notre liberté d'action. Une personne est rarement plus utile en prison que libre.

7. " Résister pacifiquement crée un "empowerment" incroyable. " On emploie souvent cette phrase pour dire que l'action pacifique permet aux gens de reprendre confiance en eux et qu'elle apporte une prise de conscience de la possibilité de résister. En fait, la résistance, qu'elle soit violente ou non, crée cet "empowerment". Cependant, se faire arrêter démontre très bien qui possède le gros bout du bâton, tandis qu'être capable de défier impunément les canons de l'ordre établi encourage à recommencer. Une personne sous mandat ou qui fait face à des procédures légales voit son autonomie d'action restreinte par rapport à d'autres qui peuvent jouir de leur pleine liberté. Voilà pourquoi il est ridicule d'accepter de se faire arrêter. La première phase de l'intériorisation de la répression passe par le consentement que l'on donne aux forces répressives d'agir à leur guise sur notre personne.

8. " L'action non-violente attire la sympathie contrairement à l'action violente qui est tout de suite dénoncée. " Il est vrai que dans la plupart des cas, l'action non-violente ne sera pas autant stigmatisée que l'action violente. Mais derrière cette dénonciation/acceptation, il y a tout un système médiatique et légal qui agit selon ses intérêts. Si l'action pacifique est mieux présentée dans les médias, c'est parce qu'elle dérange moins. Il ne faut pas oublier que La Presse, Le Journal de Montréal, la Gazette, le National Post, appartiennent à des grands capitalistes qui n'ont pas envie que l'on s'en prenne à eux. Une action violente est par définition incontrôlée (par un groupe restreint, on s'entend) . Donc ces gens vont vouloir que les manifestations restent sous le contrôle de personnes qui ne désirent pas s'attaquer à leurs intérêts. On l'a bien vu, dès que les intérêts privés sont ciblés (i.e : Conseil du Patronat) la répression et la couverture médiatique change du tout au tout même pour une action non-violente. Il s'agit donc de ne pas laisser aux journaux bourgeois le soin de déterminer pour nous ce qui est bien et ce qui ne l'est pas. On l'a vu à Seattle, les manifs violentes ont aussi entraîné la sympathie de bien des gens partout dans le monde, parce que ce qui se passait touchait la planète entière et que les intérêts de classe se manifestaient. Les médias ont censuré, dénoncé, etc., mais la population (du moins une partie) a gardé sa sympathie envers le mouvement.

9. " La répression dans le cas d'une action non-violente ne peut que nous être favorable. " Dans le cas où les autorités ne réagissent pas, nous atteignons notre objectif, et dans le cas où les autorité réagissent, nous entraînons sur nous la sympathie populaire qui fera grossir le mouvement. " Cette affirmation est loin de s'être réalisée par le passé. D'abord, il faut se questionner sur les objectifs. Bloquer pendant une journée un édifice gouvernemental (ex. : complexe G) ou tenter de bloquer une conférence quelconque (opération SalAmi) ne représente pas une énorme victoire. Ce sont des actions sans lendemain. Obtenir vraiment quelque chose nécessite un travail plus long. Evidemment, si notre seul objectif est de bloquer tel ou tel endroit pendant une journée, la victoire peut être possible. Mais il semble que les revendications de ces actions étaient plus importantes. Et si les autorités réagissent et répriment l'action, un mouvement de sympathie jaillira-t-il de la population outrée ? Non, ce n'est jamais arrivé. Les arrestations à l'opération SalAmi n'ont jamais abouti sur rien. Cette idée n'est qu'une vue de l'esprit sans lien avec la réalité. Il ne faut pas oublier que pour attirer la sympathie, il faut que les gens soient au courant des dessous de l'action, et ce ne sont pas les médias qui vont le faire. Alors, ce doit être les gens qui participent à ces actions, par le biais de journaux, de comités de mob, etc. qui en promulguent le pourquoi du comment.

10. Enfin, l'argument suprême : " Gandhi et Luther-King ont réussi à changer les choses sans violence ". Voilà, voilà, on ressort les fantômes du passé pour justifier notre action présente, dans un tour de force de démagogie. Mais en fait, qu'est-ce qui a vraiment changé ? Gandhi a libéré l'Inde ? D'abord, ce n'est pas Gandhi seul qui a fait libérer l'Inde. Des mouvements pacifistes comme celui-là, il en existait depuis un siècle en Inde ; pourquoi celui de Gandhi aurait-il libéré l'Inde ? La population, d'ailleurs, était loin d'être unilatéralement non-violente (ex. : Poulandavie [je ne suis pas certain de l'orthographe]). L'Angleterre était d'ailleurs en train de perdre une à une ses colonies, dont la Chine qui était loin de le faire d'une manière non-violente), et le coût du système colonial était de plus en plus élevé pour la couronne qui ne jouissait plus des avantages du mercantilisme dans une société capitaliste industrielle. D'ailleurs, les grand bourgeois Anglais ne se sont jamais retirés de l'Inde. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils étaient toujours les bienvenus. Et puis en se retirant de l'Inde, l'Angleterre a laissé un cadeau empoisonné : la partition du Pakistan, aujourd'hui dictature religieuse. C'est donc ça la victoire de Gandhi ? Victoire arrachée alors que le système colonial se démantelait ?

Et Martn Luther-King là-dedans ? Il aurait été, à lui seul, l'acteur de l'émancipation des noirs américains, et ce d'une manière non-violente. Mais faut-il rappeler que le bon pasteur collaborait avec l'État qui l'oppressait, et qu'il a gentiment accepté la répression violente des émeutes noires à Chicago ? À cette époque, des groupes tels que le Black Panthers Party étaient en train de déstabiliser le système capitaliste et de recueillir un énorme support dans la jeunesse de la classe moyenne blanche, qui elle aussi se révoltait. Le danger d'une insurrection était bien réel, et Luther-King a plutôt servi à canaliser les plus modérés, et surtout les plus conservateurs, pour empêcher une vrai libération du peuple noir et des autres peuples. De toute façon, le résultat est toujours mitigé, plus de 30 ans après. Les noirs sont toujours un des peuples les plus opprimés en Amérique, et la pseudo-action de Luther-King n'a que contribué à empêcher une libération plus totale.

Il ne faut pas plier face à la démagogie de la non-violence. Dans l'espoir que ces quelques arguments puissent enfoncer un peu leur beau discours dans une abîme insondable.

8 - La préparation individuelle.

Avant d'entreprendre le chemin en direction de Québec, abordons le sujet de l'organisation préalable. Inutile de préciser l'importance d'une saine préparation avant l'événement sur le plan personnel ou encore par l'entremise de petits groupes d'affinité. Cette partie de l'aspect stratégique n'est pas à négliger dans l'optique d'obtenir une force d'autodéfense réelle. Elle permet un rapport de force face aux différents agents hiérarchiques et assure les manifestantEs de ne pas être dépourvu-e-s en terme de moyens lors du festival contestataire qui aura lieu. Et pour ceci, chaque membre de la collectivité se doit de réfléchir au matériel dont il-elle aura besoin pour affronter les marteaux standardisés du pouvoir, mieux connus par la population comme étant les cochons.

Ici, dans ce présent document, nous apporterons quelques idées à propos des nécessités matérielles et logistiques.

Avant l'action, dans vos localités respectives, vous pourriez prendre avantage d'une démarche préalable. Celle-ci consiste à prendre contact (téléphone, courrier traditionnel, Internet, visite physique, etc.) avec les groupes anarchistes qui s'organisent déjà en vue de Québec 2001 dans la province. De cette façon, arrivéEs sur les lieux, vous pourrez trouver plus adéquatement vos semblables idéologiques, et peut-être un endroit où dormir vous sera proposé par la même occasion.

Les groupes d'affinité

Tout d'abord, la formation d'un groupe d'affinité, composé de cinq à dix individus (ceci est relatif) - vous et vos camarades de lutte quotidienne en l'occurrence - est un atout incontournable. La force d'action d'un tel groupe n'est pas à démontrer, car la cohérence, la confiance, l'efficacité, la rapidité, etc. sont des points qui sont optimaux lorsque vous travaillez activement avec des amiEs proches. Un ou une des participantEs du dit groupe se doit de prendre en charge les communications avec d'autres organisations présentes. De cette manière, nous pourrons coordonner nos actions pour obtenir un maximum d'impact. D'ailleurs, nous jugeons que la force totale du Black Bloc sera en corrélation directe avec notre capacité à communiquer via les cellules formant le contingent noir. Si l'objectif de communication est atteint, nous seront une masse sournoise qui pourra entreprendre de grandes actions directes.

Un groupe d'affinité reste uni, pour intervenir collectivement. Ses membres savent se reconnaître et peuvent discuter, au préalable, des actions qu'ils et elles désirent réaliser. Le groupe sait à qui faire confiance, possède une carte bien détaillée des lieux, peut synchroniser une attaque par l'usage de codes quelconques. Egalement, les membres du collectif ont réparti les tâches qui sont données aux individus volontaires, ce qui augmentera leur efficacité globale. Ils et elles ont prévu des situations, et savent comment la surmonter, comment agir en conséquence. Toujours tenir compte de la présence des autres manifestantEs dans vos choix stratégiques, car ces derniers ne feront pas abstraction de votre présence sur le terrain et réagiront à vos moindres mouvements. La préparation de nos groupes est la voie du succès.

Voici quelques types de groupes d'affinité : médical, attaque au corps, attaque aux projectiles, interventions d'urgence, ligne de boucliers, lignes de perches, surveillance policière et communication, etc.

L'équipement

Maintenant, voyons les vêtements et leur importance. Il va sans dire que les fringues sombres sont de mise. Pourquoi ? Simplement parce qu'il est impératif qu'aucun de nous porte, à grande allure, des tissus qui le différencie des autres facilement. La potentialité que les forces de l'ordre recherchent certains individus explique la stratégie, car ces dites forces ne pourront pas mettre la main allègrement sur les suspectEs désiréEs compte-tenu cette stratégie d'habillement. Nos camarades, tous et toutes plus ou moins reconnaissables dans une masse noire de désirs, pourront s'en donner à cour joie dans l'anonymat la plus complète. Ce n'est pas tout, la période que je pourrais qualifier de post-manif exige également ses précautions, c'est-à-dire des vêtements de rechange, préférablement portés sous la couche visible, sont un atout dans le but de garder sa furtivité totale après coup. Donc, pantalons assez amples, bottes à cap ou bien, souliers de course imparables, une ceinture solide, un chandail à manches longues (le mois d'avril est très frais au Québec, ne l'oubliez pas), une cagoule (un simple t-shirt peut très bien se transformer en cagoule soit dit en passant), des gants d'épaisseur valables pour absorber des coups de matraques et des vêtements de rechange sous l'ensemble.

Seattle et Washington ont été deux occasions d'observer les besoins actuels des manifestants-es. Pour commencer, le masque à gaz. Cet équipement en est un de première nécessité, car la police de Québec utilise le gaz à tort et à travers pour contrôler les foules agitées. Les furieux stupides peuvent même aller jusqu'à vous enlever votre masque pour vaporiser leurs déchets directement dans votre figure. Dangereuse situation lorsqu'on constate que les solvants utilisés à Seattle pendant le WTO contenaient du méthylène, qui est hautement toxique et qui peut altérer le système nerveux. Petite anecdote : pendant un sommet gouvernemental - corrompu donc - auquel des activistes de la région québécoise ont eu la chance d'assister en février 99, les cochons avaient lancé des projectiles, des gaz lacrymogènes précisément, pendant une période de deux heures, imaginez la scène ! Seulement deux personnes à l'époque avaient cogité préalablement et apporté vivement leur masque à gaz. Malheureusement, ce nombre réduit sur une masse de 1000 individus avait empêché les manifestantEs de jouir d'un rapport de force viable.

Si vous portez couramment des lunettes, il faut prendre des précautions commodes. Vous pouvez les attacher de façon sûre à l'arrière de votre tête pour permettre un maximum de mouvements libres de problèmes aussi stériles que la perte de vos verres sur un sol occupé. Pour ce qui est des verres de contact, ils sont nuisibles. Les attaques au poivre, et les chances de les perdre motivent notre position. Les composants chimiques et les gaz irritants peuvent s'infiltrer derrière les lentilles et ainsi causer des dommages à la cornée. Apportez plutôt vos lunettes modifiées.

D'autres éléments sont pertinents, par exemple une gourde remplie d'eau. Premièrement, pour la boire et se rafraîchir pendant les moments intenses. Deuxièmement, si les forces bovines s'en prennent aux gens à l'aide du poivre de Cayenne, nous serons prêtEs à intervenir auprès des victimes.

Aussi, l'apport d'un bouclier est intéressant en raison de la protection qu'il confère à son utilisateur-trice contre les coups au corps à corps que les agents de la paix essayeront d'infliger, et aussi contre les balles de caoutchouc. De plus, le bouclier permet d'avancer à l'intérieur de périmètre incertain lorsqu'il est utilisé adéquatement par plusieurs personnes simultanément. Ainsi, une situation de crise, de confrontation autrement dit, peut devenir à l'avantage d'une masse équipée qui sait se tenir ensemble.

Renforcement ; équipement qui absorbe les chocs provenant de l'ennemi. Ici, il est question de jambières, casques, épaulettes, coudières, plastrons. De façon similaire à la police, nous pouvons utiliser les renforcements pour obtenir plus de protection. Manger des coups sans blessure, c'est un avantage qui reste souvent dans les mains de subordonnés étatiques, chose que nous devons changer en faisant de même. Porter l'ensemble des éléments cités ci-haut serait sûrement exagéré, mais choisir ses préférences et se protéger ne peut que nous donner une endurance supplémentaire individuellement, collectivement. Avec un carton épais et un peu de ruban adhésif de genre industriel, il est simple de se fabriquer un renforcement quelconque, ça marche !

Pour votre sécurité personnelle, apportez vos médicaments, ainsi que les billets du médecin témoignant officiellement de vos problèmes de santé. Pourquoi ? Parce que les foutus cons qui ont comme tâche de vous arrêter, s'ils réussissent, ne voudront pas croire votre parole lorsque vous leur ferez part de vos maladies. Etant donné cette situation qui s'est déjà produite dans le passé, lors d'événements semblables, nous vous avertissons du phénomène et vous proposons de prendre les précautions qui s'imposent. Donc, apportez vos médicaments et billets officiels.

Pour le reste, choisissez des outils de qualité. Ils sont primordiaux. Et ne les gardez pas en permanence sur vous, car une arrestation vous mènerait, dans ce cas, directement à la salle des tortures. Il faut savoir choisir les meilleurs moments, n'est-ce pas ?

* L'ensemble des conseils dénotés ci-hauts sont relatifs, étant donné les températures imprévisibles lors de l'événement en question.

Sur le terrain

D'abord et avant tout, la ponctualité. Nous devons être à l'heure aux points de rendez-vous. Des expériences de Washington nous démontrent que les retardataires sont des cibles faciles pour les cochons. En effet, certaines personnes en retard au point de ralliement lors du bloc anti-capitaliste de Washington, qui cherchaient aux alentours leurs camarades, avaient malheureusement été arrêtéEs. Si ces mêmes individus avaient pu bénéficier de l'appui du Black Bloc, jamais telle chose n'aurait dû se produire.

Il existe un certain nombre de trucs à repérer pendant les manifestations. Bien sûr, il y a la police, celle qui harcèle et sévit. Nous devons connaître le moindre de ses mouvements pour s'adapter aux situations, car eux feront de même avec nous. Ne parlez pas aux flics, sous aucun prétexte, car vous deviendrez des agents de renseignements accessibles pour eux ; Ne pas être trop éloquent ou explicite quant à nos ambitions ; Gardez une oreille sensible aux paroles des cochons qui utilisent leurs téléphones.

L'arme numéro un de la police est la peur. Une fois la crainte trépassée, la police devient tellement facile à affronter. Être calme et focaliser sur les problèmes à régler est toujours la meilleure méthode d'action.

Toujours gardez à l'esprit que nous sommes encercléEs d'undercovers qui rôdent à l'intérieur du Black Bloc et qui cherchent à savoir un maximum d'informations. Ils veulent trouver les organisateurs-trices, notre tactique, identifier les individus louches, et puis ils peuvent jouer le rôle d'agent provocateur. Leur influence n'est pas à négliger, et nous vous conseillons d'en prendre conscience et de rester vigilantEs.

À repérer également, les peace-polices. Ces derniers, dernières, dans un dogme de non-violence totale, souhaitent empêcher des actes de colère à l'endroit des agents fascisants, autant matériels qu'humains. Selon toute vraisemblance, ils-elles sont prêtEs à commettre des gestes de violence sur autrui. Pas sur la police, pas sur la marchandise, mais bel et bien sur des contestataires ayant à cour la réussite de l'événement. Compte tenu leur paradoxe, gardons une attitude méfiante à leur égard, et n'évacuons pas l'idée de leur faire peur si nécessaire.

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NOS CONCERTS

Vendredi 30 mars - 21h - LIEGE

Détritus + René Binamé + LTS + Carton à La Zone (42 quai de l'Ourthe). Paf : 200 BEF. Infos : 04-341.07.27 et users.skynet.be/lazone.

Mercredi 4 avril - 22h - BRUXELLES

LTS au Radikal Bar (9 rue des Chevaliers).

Jeudi 5 avril - 20h - LOUVAIN-LA-NEUVE

LTS + José Cuervo chez Zelle. Infos : 010-45.54.35 et users.skynet.be/chezzelle.

Samedi 7 avril - 20h - BRUXELLES

Détritus + René Binamé + LTS+ Carton au Magasin 4 (4 rue du Magasin, métro Yser). Paf : 200 BEF. Préventes chez Caroline et à l'Arlequin. Infos : 02-223.34.74, magasin4@cyclone.be et www.cyclone.be/magasin.

Dimanche 8 avril - 14h - LIEGE

LTS à la Casa Ponton, dans la foulée du marché de la Batte.

Samedi 21 avril - 20h - AMAY

Les Slugs + Smegma au café Le Wilson (rue J. Wauters).

Samedi 28 avril - NIVELLES

Fermestock festival II avec René Binamé + Faun + Naked in the corn + John Wayne shot me + Lokarloc-T + Les Snots à la ferme de l'Hostellerie (en face du Colruyt). Paf : 250 BEF. Chopes : 30 BEF. Hot Dog : 60 BEF.

Vendredi 11 mai - LAUSANNE (CH)

René Binamé à l'Espace Autogéré (30 rue Cesar-Roux). Infos sur www.squat.net/espaceautogere

Samedi 12 mai - STRASBOURG (F)

René Binamé + Protex Blue (roots punk steady de Saint Etienne) + Ya Basta (power punk de la région parisienne) au Molodoï (19 rue du Ban de la Roche). Infos chez Steph au 03.88.84.73.58 ou steph.rebouteux@wanadoo.fr. Ouverture des portes à 20h. Paf : 30 FF.

Mercredi 23 mai - 21h - LILLE (F)

Les Slugs + Nevrotic Explosion (Ska Punk / Saint-Brieuc) + Les Hérétiques (Punk Rock / Dunkerque) au Rockline (4, Place Tacq). Infoline : 03.20.93.76.55. Paf : 40 FF / 250 FB.

Vendredi 25 mai - MONTIGNE-SUR-MOINE (F)

Red Flag 77 + Les Slugs + Kamizol + Les Névrosés + Hellraiser au Repère des Bons vivants (le soir). Montigné sur Moine se trouve entre Clisson et Cholet, Clisson se trouve entre Nantes et Cholet.

Vendredi 1 juin - ST-BRIEUC (F)

René Binamé au Wagon dans le cadre du Fuck Art Rock Festival.


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