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On a beaucoup entendu parlé de José Bové ces temps-ci, bien sûr. On vous reproduit ci-dessous le texte d'une lettre que lui avait adressée Venant Brisset, lui aussi membre de la Confédération Paysanne, peu après le fameux démontage du macdo. " Au delà de la médiatisation-spectacle de José Bové, il faudra bien s'attaquer à cette chimère du "contrôle citoyen de l'OMC", et parler plutôt de l'exploitation capitaliste que nous subissons " comme le dit si bien Tranquillou (http://tranquillou.free.fr/) qui a re-diffusé dernièrement cette lettre sur A-Infos (une liste d'infos anar à laquelle vous pouvez vous abonnez en envoyant un courriel à lists@tao.ca avec le message Subscribe A-Infos-fr. Plus d'info sur www.ainfos.ca.)
Autre saccage, tout aussi médiatique, mais avec des vrais dégâts et des victimes à la pelle (et là il n'y a bien entendu pas de procès prévu), celui perpétré par l'Otan au Kosovo et en Serbie. Un an plus tard, la reconstruction génère des marchés juteux, Charb nous en parlait dans Charlie Hebdo, on l'a retapé pour vous.
Et aussi... des nouvelles des Tanneries de Dijon, un récit des manifestation du Mayday 2000 à Londres, quelques chroniques, une interview de Vérole, le chanteur des Cadavres, et les pages assez gué gué avec le journal brut de brut de Marcor.
Venant Brisset est membre de la Confédération Paysanne de la Haute-Loire depuis 1995. Il a quitté Paris en 1976 et après des années de conflit avec le salariat, s'est installé hors norme, élève des brebis laitières, et lutte pour garder le caractère paysan à une vallée menacée par un projet de chasse commerciale.
Je suis de ceux qui ont été plutôt agacés que satisfaits par le battage médiatique entretenu cet été autour de ton incarcération après le démontage du MacDo de Millau. Si la notoriété de la Confédération Paysanne s'en est trouvée artificiellement grandie, en revanche la force de sa critique de l'agriculture moderne en a pâti. Les quelques lignes qui vont suivre vont indéniablement aller à l'encontre du sentiment de bon nombre de fondateurs de la Confédération paysanne pour qui l'affaire Bové aura fait croire que le moment était enfin venu de la consécration dans l'opinion publique de leur obscur travail militant ; à l'opposé, je suis, sans doute avec quelques autres, de ceux pour qui tout reste à faire pour casser la concentration de l'agriculture, l'ouvrir aux émigrés des villes, et lui faire renouer les fils du vivant.
Une chose est que le piège médiatique enrobe tout acte d'une image dont on ne peut plus se défaire ; une autre est de se prêter à ce jeu de la célébrité. Pour satisfaire sa clientèle, le personnel des médias doit lui fournir la pâture qu'elle désire ; tu as été, l'espace de quelques semaines, intronisé en héros paysan correspondant aux attentes de ces masses urbaines coupées de tout et désespérant d'un peu d'égard pour leur pitance ; on t'a fait, avec ton concours, le chevalier de la bonne bouffe contre l'industrialisation de l'agriculture ? c'est comme si la Confédération Paysanne s'alignait subitement sur le poujadisme culinaire du bouffon médiatique Jean-Pierre Coffe.
Tu as cru, comme tant d'autres avant toi, utiliser les médias alors que ce sont les médias qui t'ont utilisé : comme toujours, pour mieux passer, les opposants à ta façon se rabattent sur des thèmes porteurs et soi-disant réalistes qui font les délices des managers de l'information ; c'est une sorte de double langage : tu sais très bien que la lutte contre la " mal bouffe " n'évoque que de très loin la nuisible concentration des moyens de production aux mains de quelques-uns ? pourtant, en s'opposant à cette tendance capitaliste permanente, la Confédération Paysanne avait fait mieux que du syndicalisme qui protégerait sa base sociale, elle reprenait le flambeau du programme révolutionnaire contre la dépossession des moyens d'existence. Je veux bien admettre que la construction d'un rapport de forces suppose le passage obligé par des étapes intermédiaires, encore faut-il choisir soi-même ses étapes et ne pas être de connivence pour agiter un chiffon rouge et étourdir le troupeau.
Le comble est atteint quand tu fais croire faussement à l'opinion que le conflit dans la production agricole peut déboucher à moindre frais, tout le monde étant en fait d'accord pour préserver l'exception française de la " bonne bouffe " ; du coup tu fais perdre le nord à tes propres complices, qui, eux, savent qu'il n'en est rien. Tu as ainsi prétendu que " paysans et consommateurs réunissaient 120 % de la société " y noyant les antagonismes évidents. Tu as poursuivi en tendant la main à Luc Guyau, président de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles, cogestionnaire de l'anéantissement de la paysannerie.
Quant aux couleurs contestatrices présentes quand même sur ta palette, elles ont suscité l'euphorie " 3ème gauche " (ATTAC, les Verts, CFDT, SUD, etc.). Cet énième replâtrage réformiste nous joue l'air du " serrons les rangs, le pire est à venir " (la mondialisation, Seattle, etc.) comme si ce mode de vie capitalisée n'était pas déjà parvenu à des extrémités à faire vomir ; et la perspective de lutte... la revendication de la taxation des capitaux (!), comme si une production marchande débarrassée comme par magie des acrobaties financières devenait le moindre mal. Est-on à ce point frappé d'impuissance qu'on ne sache plus appeler un chat un chat et mettre en avant la possibilité d'une autre organisation sociale dont la Confédération Paysanne - c'était son avantage - détenait la clé en affirmant nécessaire l'inversion de la marche de l'agriculture et la rupture d'avec la fuite en avant dans la surenchère de productivité. Les collectivités agricoles d'Aragon dans l'Espagne antifasciste de 1936 à 1938 n'ont-elles pas donné cette leçon au monde qu'une autre agriculture était même possible sans rapport d'argent ni Etat ?
Il y va d'une singulière hypocrisie partagée par les consommateurs, les responsables professionnels agricoles et les politiques pour croire que l'activité nourricière puisse reposer sans dommage sur aussi peu de producteurs. Comment chaque producteur peut-il gérer le vivant devenu masse (têtes de bétail, hectares) sans puiser dans l'arsenal chimique (nitrates, fongicides, antibiotiques) ?
Comment ne pourrait-il pas y avoir une alimentation aussi trafiquée puisqu'elle concerne aussi peu les producteurs eux-mêmes : on est ainsi passé d'une situation où le paysan échangeait directement le surplus de ce qui était déjà bon pour lui-même, à cette autre, démente, où l'exploitant agricole se garde bien le plus souvent de consommer ne serait-ce qu'un échantillon de cette production spécialisée destinée aux masses urbaines anonymes.
Evidemment tout se conjugue pour condamner l'agriculture paysanne puisque, d'un côté, la pression du capitalisme pousse à ce que de moins en moins de producteurs prélèvent leur part sur la production tandis que de l'autre, les contraintes agricoles (régularité, durée, spécificité du vivant) vont à l'encontre de la conception moderne d'une liberté sans attache où tout est toujours possible. La recherche de temps libre et l'allégement du fardeau productif - qui font que l'on se débarrasse des tâches vitales en les expédiant à toute vitesse puis en les reléguant au fin fond d'ateliers à haute productivité - sont devenus frénétiques avec la fin des communautés élargies.
L'agriculture paysanne avait connu son apogée avec la ferme de polyculture élevage, synonyme de famille élargie, dont les produits ont formé la base de la gastronomie française. Il ne saurait y avoir de renouveau de l'agriculture paysanne sans casser la spécialisation des exploitations, sans renouer avec l'activité collective.
Or, dans la Confédération Paysanne, la revendication d'une agriculture paysanne est source de confusion. Pour certains, que j'appellerai les innovants, tirant leur épingle du jeu à partir de niches de produits à haute valeur ajoutée, elle serait généralisable dès maintenant en restant une affaire de professionnels (ce que tu avances dans ton article du Monde diplomatique sans plus de précision). Tandis que pour d'autres, qui perdent pied, qui résistent ou qui n'y ont que difficilement accès, l'agriculture, pour se sauver, doit casser les grilles professionnelles conçues pour éliminer " les petits " et s'attaquer à la concentration des moyens de production, notamment la monopolisation des terres agricoles mise en œuvre par l'affectation des primes aux surfaces.
Pour en revenir à la " mal bouffe " la vérité est que l'industrialisation de l'alimentation est déjà consommée et que les produits paysans n'existent plus qu'à l'état résiduel : une agriculture saine ne pourrait prendre la place de l'agriculture empoisonneuse qu'à condition qu'il y ait beaucoup de paysans. Evidemment, nourrir une population stockée majoritairement en ville et coupée de tout paraît chose délicate et la supériorité de l'agriculture productiviste est qu'elle l'assure avec une haute productivité et sans état d'âme. On ne peut remettre en question ce monopole sur la question du ravitaillement des villes en quantité - et tout ce qui va avec : falsification de la nourriture à partir de cocktails toujours plus étonnants, manipulations génétiques, dénaturation des ressources en eau, etc. - que si on met en avant la possibilité que beaucoup d'individus, en rupture avec le salariat, renouent avec l'activité paysanne, assurent leur auto-subsistance, dégagent des surplus de véritables produits fermiers et cassent ainsi le diktat de l'agro-alimentaire. Le développement du mouvement " Droit paysan " témoigne de la force de ce besoin social.
Il était tout à l'honneur de la Confédération Paysanne d'avoir inscrit comme priorité l'installation progressive - ou dite hors la norme de la dotation jeune agriculteur (DJA) et de l'enchaînement au crédit et au gigantisme - de paysans supplémentaires : par là, la Confédération Paysanne manifestait publiquement que le monde agricole cesse de se comporter comme un ghetto professionnel et puisse renouer avec l'antique aspiration à se nourrir soi-même avant toute chose et avant les exigences du marché. On l'aura compris, la prise en otage des individus par les multinationales de l'agro-alimentaire a commencé bien avant le sommet de l'Organisation Mondiale du Commerce de Seattle. En France, la politique agricole relayée par l'action sur le terrain des Safer a établi une mainmise sur le foncier qui dépossède les individus d'un accès à l'autosubsistance et à l'échange de vrais produits fermiers. La revendication d'une agriculture paysanne passe donc nécessairement par la suppression de la surface minimale d'exploitation (SMI) et le maintien de tous les équipements locaux favorisant l'échange direct (abattoirs, marchés de pays), afin que les pauvres, les volontaires, les dégoûtés puissent un peu se nourrir eux-mêmes.
Cette lettre un peu longue aura servi, j'espère, à recentrer le débat : le cours économique des choses va accentuer la diminution du nombre des vraies (?) exploitations agricoles. Si elle sait ne pas céder au chant des sirènes d'un pseudo-réalisme, la Confédération Paysanne peut former le creuset le plus étonnant où éclopés des villes et éreintés du productivisme forgeraient une autre agriculture pour une autre alimentation.
J'aurais dû prendre des notes, mais j'étais trop abasourdi pour réagir. " Envoyé spécial ", l'émission de France 2, a diffusé un bon reportage jeudi 15 juin. Bon, d'accord, avant d'avoir droit au dessert, il fallait se taper une enquête sur les médicaments qui font le teint frais à des presque cadavres de la bourgeoisie américaine, ainsi qu'un véritable clip publicitaire pour un groupe de barbus, moines franciscains, qui fait le bien dans le Bronx (notamment en manifestant contre l'avortement devant des cliniques). Si après ça vous n'aviez pas zappé sur le foot, vous pouviez vous régaler d'un film intitulé " Kosovo, la seconde guerre ". La seconde guerre, c'est la guerre économique à laquelle se livrent les pays de l'Alliance Atlantique qui ont ravagé le Kosovo à coups de bombes. Et on a soudain la confirmation à une heure de moyenne écoute mais sur une chaîne nationale que le Kosovo a moins été détruit pour être libéré que pour être reconstruit. Reconstruit par ceux-là mêmes qui ont pris l'initiative de la guerre et qui se sont débrouillés pour qu'elle soit " inévitable ".
La mission officielle des militaires sur le terrain est d'empêcher les heurts entre communautés et le départ forcé des Serbes. C'est un échec total. En revanche, la mission officieuse des militaires semble porter ses fruits. Elle consiste à aider les industriels des pays de l'Alliance à acquérir le plus de marchés de reconstruction possible dans les meilleures conditions possible. On voit donc des militaires français servant de guides, d'attachés de presse, de conseillers techniques et de rabatteurs à des chefs d'entreprise français. Hourra! C'est une entreprise française (Alcatel) qui a obtenu le marché de la téléphonie mobile au Kosovo ! Vous comprenez, le central téléphonique du Kosovo a pris trois bombes dans la gueule, alors, en attendant de toucher sur sa reconstruction, on touche sur les portables. Le reporter n'a pas eu à masquer les visages ou à tourner en caméra cachée, tous sont fiers d'agir pour les intérêts de la France. D'ailleurs, je ne pense pas que le reportage ait eu pour but de dénoncer un scandale ou une pratique dégueulasse. Tout le monde semble trouver naturel que ça se passe comme ça. On nous dit : " Tiens, vous ne le saviez peut-être pas, mais c'est ça aussi, la guerre ". Ce n'est que ça, la guerre. On ne défend pas la justice, la morale, les droits de I'Homme en faisant la guerre, la guerre ne sert qu'à s'emparer d'une zone d'influence économique. Le Medef ne dirige pas que les syndicats ou Bercy, il contrôle aussi l'armée.
Demandez à un voisin s'il n'a pas enregistré l'émission de France 2 afin que vous puissiez découvrir la tronche réjouie de ces fonctionnaires français qui avouent benoîtement avoir noyauté les commissions d'experts de l'ONU pour obtenir plus facilement des marchés de reconstruction aux patrons de chez nous. La lutte d'influence est sauvage. Les Etats-Unis avaient gagné la guerre économique du Golfe contre la France, la France est en train d'obtenir une petite revanche au Kosovo. Les sous de la reconstruction viennent pour une bonne part du contribuable européen, il est plus juste qu'ils aillent dans la poche du Medef français plutôt que dans celle de l'américain... " L'OTAN détruit, l'Europe paie, les Etats-Unis reconstruisent ". Il fallait mettre fin à ce scandale. Car c'est du point de vue économique et militaire un scandale plus grand que l'oppression que faisait subir le régime de Belgrade aux Kosovars. Tu paies des impôts ? Ton argent a enrichi les marchands d'armes, qui ont aplati le Kosovo, et les industriels, qui le reconstruisent
En guise de conclusion, on voit un patron rêver à la chute prochaine de Milosevic. Enfin un humaniste qui rêve de démocratie et de liberté pour tous les peuples de la Terre et... Non, le patron se frotte les mains parce que la Serbie, totalement bousillée par les bombardements humanitaires de I'OTAN, est un marché bien plus juteux encore que le Kosovo... Il n'y a qu'une chose à rectifier dans ce reportage parfait : le titre. Ce n'est pas la " seconde guerre " du Kosovo, c'est la première qui continue.
CHARB dans Charlie Hebdo du 21 juin.
zine - 16 pages A5 bien remplies. Pour recevoir les 5 prochains n°, envoyer à Yanic un chèque de 20 FF à l'ordre de Dynamite rds. Comme il le fait remarquer, c'est le même prix qu'un paquet de clopes sauf qu'il n'y aura pas 71% reversés à l'état.
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organe de la fédération anarchiste monéguasque en exil - A3 recto-verso. La condition shadokienne : analyse des aspirations Shadok de soumission et du devenir Gibi révolutionnaire. Un entretien avec un anarchiste cubain, la face cachée du paradis communiste cubain.
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agenda-journal intersticiel de la mouvance anrch@-alternat@-squat-antifa-féministe-précaire, etc... (Lôzane et monde). Infos sur Lausanne pour le reste du monde et vice-versa. Présentation : " ni secte, ni parti, agrégation aléatoire de groupes ou d'individuEs, les gens qui écrivent dans cette feuille font vivre des luttes pour une société plus juste, contre tous les pouvoirs et contre l'exploitation. Pour le reste, regarde autour de toi, occupe-toi de ce qui ne te regarde pas, car ça te regarde. "
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zine - 12 pages A5. Pleins d'infos sur le sud (squat, zines, groupes) et une longue interview de Grand Géant Vert, le manager des Parabellum, où on apprend, entre autres, que les rumeurs de guerre franco-belge, Parabellum contre René Binamé ne sont pas à prendre au pied de la lettre, ouf ! Pour recevoir La Corde, envoyer une enveloppe timbrée à...
ADCL, BP 4171, F 06303 Nice cédex 4.
Non, ce n'est ni Buziness Fréquence Modulée (la radio qui diffuse les chroniques financières que les Binamés ont samplées pour leur Internationale Boursière) ni Bibliothèque François Mitterand (même s'il y a un lointain rapport... ne dites pas aux copains que je travaille à la Très Grande Bibliothèque, ils croient que je suis bassiste dans un groupe oï) mais Brigada Florès Magon, la nouvelle start-up de Raymonde (ex-RBB). Plus d'infos sur leur site : www.multimania.com/brigada.
Comme on a pas encore entendu, on se contente de signaler la sortie du disque en recopiant la chronique du zine Dynamite.
BRIGADA FLORES MAGON : CD 14 titres - Crash Disques. En très peu de temps, BFM est devenu un groupe majeur de la scène oï. Pas d'apolitisme ici, mais l'étendard rouge et noir des communistes et anarchistes de la CNT et du RASH (Red & Anarchist SkinHeads). Et le résultat est à la hauteur de la réputation du groupe. La musique est ultra-béton, alternant le punk-oï et le ska, les textes sont très militants (sauf Ligne 2, les vieux démons du skinhead way of life ressortent même chez les reds !), chantés en français, plus deux morceaux en espagnols (langue de Durutti et de Nelson Montfort). Un album qui sent la poudre, et qui lance durablement la Brigada dans la lutte anti-capitaliste musicale.
Il y a des disques qu'on aime pas alors qu'on ne les a même pas écoutés et d'autres qu'on aime déjà avant de les déballer. Si comme nous vous avez aimé Pure Retournade, le premier ep des P4 à l'Attaque, vous aimerez le premier ep des Pékatralatak, Punk Terroriste.
Pekatralatak joue pour tout niquer, les kisdés, la police et la volaille, le MEDEF et Vivendi. Avec ce ep, il y a le ARF #2, 24 pages A4, avec un guérilla report de Colombie, quelques blablas et une auto interview sur un concert à embrouille.
Il est disponible chez Marcor au stand et par VPC (120BEF/20FF). Indispensable.
Suite à l'incendie criminel qui a ravagé la partie habitée des Tanneries, ses habitant-e-s ont ouvert une autre maison à quelques mètres. Fidèle à ses habitudes, la mairie a causé quelques tracas : pas d'eau ni d'électricité, et des menaces d'expulsion re-confirmées. Pas d'accord, des habitant-e-s et sympathisant-e-s des Tanneries sont allés rendre visite à la mairie ce matin du 30 juin, pour exiger quelques garanties et crier leur ras-le-bol de la répression constante. Cela ne s'est pas très bien passé. Bilan : une expulsion musclée, et une personne arrêtée.
En guise de compte-rendu, d'explication et d'appel à soutien, voici le tract distribué pendant l'occupation et des extraits d'un communiqué de presse de cet après-midi.
Le 17 juin 2000, un incendie manifestement criminel a détruit les locaux d'habitation de L'espace autogéré des Tanneries. Heureusement, toute la partie publique du lieu a été épargnée par le sinistre. Malgré cela, l'incendie reste un excellent prétexte pour se débarrasser des Tanneries. La réaction de la mairie ne s'est pas fait attendre : elle a déposé un premier arrêté de fermeture sur la totalité du lieu. Par ailleurs, elle a immédiatement engagé une procédure d'expulsion, de façon à nous déloger des locaux épargnés que nous occupons. L'hostilité de la mairie à notre encontre ne date pas d'hier : l'idée d'un lieu de vie et d'activité sans subventions, indépendant et ouvert à tou-te-s lui étant insupportable, la mairie nous avait déjà menacé-e-s d'expulsion en juin 99, avant qu'un fort mouvement de résistance ne la fasse reculer. Aujourd'hui, nous nous trouvons plus que jamais face à la volonté de la mairie d'en finir avec les initiatives qui ne rentrent pas dans les strictes cases de la culture institutionnelle, de l'argent et du pouvoir. La mairie veut une ville "propre" : pas de contestation, pas de vagues, pas de squats. Une fois de plus, la seule réponse à notre présence dans des locaux pourtant inutilisés est la répression. Quoi qu'il en soit, nous entendons ne pas nous laisser faire, et défendre le fruit de deux ans de créations, de luttes et d'échanges. Pour palier à la destruction de notre lieu de vie par l'incendie, nous avons ouvert les locaux adjacents à ceux que nous occupions, situés 17 bd de Chicago. Ces nouveaux locaux, également laissés à l'abandon depuis plusieurs années, sont incontestablement en bon état et n'ont pas été touchés par l'incendie. Par ailleurs, il nous est indispensable de disposer de locaux d'habitation sur place, pour nous loger bien sûr, mais aussi pour conserver l'intégralité de notre projet (combiner vie collective et espace d'activité) et pour permettre la gestion de la salle publique et des ateliers. Cette nouvelle occupation nous apparaît comme la seule solution possible aux destructions causées par l'incendie. La mairie a choisi de voir cela d'un autre œil, et nous refuse actuellement le droit à disposer des besoins vitaux que sont l'eau et l'électricité, en faisant pression sur la Lyonnaise des Eaux et EDF. Ceci non plus n'est pas nouveau : la mairie n'hésite pas à utiliser tous les moyens de pression à sa disposition pour se débarrasser de ceux et celles qui la gênent, en leur rendant la vie impossible (les squatteur-euse-s de la rue Chevreul à Dijon ont eu le même problème). On ne peut que souligner les contradictions dans le discours de la mairie puisqu'elle qu'elle prétend être préoccupée par l'hygiène et la sécurité et nous les rend inaccessibles. La sécurité n'apparaît que comme une fausse excuse pour nous expulser : en effet, dès notre occupation du 17 bd de Chicago, la mairie a délivré un second arrêté de fermeture pour ce bâtiment. Les deux arrêtés ne font suite à aucune expertise, sont totalement arbitraires et manifestent une claire volonté de nous expulser à tout prix. Si la sécurité préoccupe tant la mairie, pourquoi n'a-t-elle à ce jour engagé aucune expertise pour s'assurer de la viabilité des lieux, et pourquoi a-t-elle catégoriquement refusé que nous fassions appel à une expertise indépendante ? Il semble clair que sous couvert de sécurité, la mairie tente sournoisement de "faire le ménage".
Parce que nous refusons d'être expulsé-e-s et que nous entendons bien ne laisser à la mairie aucun répit tant que durera sa politique de répression, nous occupons aujourd'hui ses locaux, et exigeons notre maintien dans l'espace des Tanneries, des garanties quant à l'avenir des négociations et la fin des pressions !
Pour pousser la Mairie à sortir de son mutisme et à reprendre le dialogue, 3 militantes se sont enchaînées à l'aide de cadenas (cadenas en U attachés autour du cou) à ses grilles, refusant de partir sans qu'une entrevue avec la Mairie soit accordée. Une foule d'une soixantaine de personnes les a accompagnés au son d'une fanfare italienne de chants révolutionnaires et du Front d'Intervention Musicale, rendant l'occupation joyeuse et animée. Dès le départ, les policiers présents sur les lieux se sont montrés extrêmement violents dans leurs gestes et propos. Ils ont tout d'abord tenté de déloger les militantes attachées à la grille par la force, en les tirant et les étranglant, puis ont arraché la banderole déployée sur la façade à plusieurs reprises. Diverses personnes participant au rassemblement et tentant de s'interposer et de dialoguer se sont vues menacées de se faire "démonter la tête" (selon les termes employés par les policiers).
Refusant obstinément de satisfaire notre demande de dialogue, la Mairie n'a su encore une fois qu'employer la répression. Ainsi, une vingtaine de policiers armés de coupe-boulons ont brusquement évacué les manifestant-e-s, de manière extrêmement violente. De nombreuses personnes furent projetées à terre et frappées. Des policiers essayèrent de confisquer ou de détruire les appareils photos, heureusement sans toujours y parvenir. Les personnes attachées par le cou aux grilles de la mairie ont été particulièrement brutalisées. Dans le mépris le plus total de leur sécurité, les policiers ont grossièrement sectionné les cadenas au coupe-boulon, ceci étranglant les personnes enchaînées et risquant de leur briser la nuque. L'une d'elles, sur le point de s'évanouir, a du être transportée plus loin.
Un manifestant qui avait tenté de s'interposer à l'attitude violente et dangereuse d'un policier municipal sur une personne enchaînée s'est fait arrêter et emmener au commissariat. Il est maintenant accusé de coups et blessures et de violences aggravées. Outrée par de telles manifestations de violence, la foule s'est d'abord rassemblée devant les grilles de la Mairie pour ensuite parcourir les rues de la ville en direction du commissariat, afin de soutenir moralement la personne arrêtée et demander à ce qu'elle soit relâchée. Cette intervention musclée affiche clairement les intentions de la Mairie : refus du dialogue et utilisation systématique de la répression alors que notre démarche se veut constructive et non-violente.
Il est probable que la Mairie cherche à nous criminaliser aux cours des prochaines semaines pour tenter de justifier notre expulsion auprès de ceux qui voudront encore bien l'écouter. Notre force sera de continuer à dénoncer les mensonges de la municipalité et à lutter pour empêcher l'expulsion. Nous prévoyons d'autres actions et continuerons jour après jour à informer par nos propre moyens la population dijonnaise de la situation.
Suite à la bataille de Seattle, la date du 1er mai a été choisie pour organiser un festival international d'idées et d'actions anticapitalistes. Il ne s'agissait pas cette fois-ci de perturber une réunion de Gros Capitalistes. L'idée était de choisir une date qui ne soit pas réactive et qui symbolise le mouvement de contestation. Durant des siècles, le 1er mai a été une célébration païenne du printemps, de la fertilité et de l'harmonie avec la nature. Les puritains l'ont interdite au XVIème siécle, entre autre dans le but d'augmenter le. temps dévolu au travail afin de soutenir le système capitaliste nouveau-né. Au XlXème, le 1er mai est devenu la journée des travailleurs. En 1886, une grève générale a eu lieu aux Etats-Unis et au Canada pour réclamer la journée de 8 heures. Huit anarchistes ont été arrêtés à Chicago : cinq ont été exécutés et un autre s'est suicidé. Les deux derniers ont été relâchés quelques années plus tard quand il s'est avéré que c'était un flic, et non eux, qui avait lancé la bombe.
52 villes réparties sur 17 pays ont participé à cette journée anticapitaliste. Le mouvement intercontinental de résistance grandit chaque jour. Le prochain rendez-vous sera à Prague en septembre pour protester contre le sommet du FMI.
A Londres, le festival de résistance a duré quatre jours. Un bâtiment a été occupé afin d'avoir un lieu autonome central (avec une jolie terrasse sur le toit, un dortoir rudimentaire et une cuisine collective mobile pour accueillir les nombreux personnages venus de l'étranger pour l'occasion). Le vendredi, une Critical Mass ludique et un tour touristique du East End révolutionnaire ont eu lieu. Pendant le week-end, des conférences, des ateliers d'action directe, des présentations de documentaires et des tables d'information ont attiré une foule hétéroclite sous l'oeil vidéomaniaque des flics. Le dimanche, une partie du black bloc a organisé son orgie au pub, pendant qu'une action de protestation contre la nouvelle loi antiterroriste était organisée. Le lundi, les travailleurs ont manifesté en solidarité avec les révolutionnaires italiens et contre la nouvelle loi antiterroriste d'autres ont gardé une minute de silence pour les victimes du capitalisme. Parallèlement, Reclaim The Streets a organisé une action de guerilla gardening.
L'idée du guerilla gardening est issue de mouvements de quartiers new-yorkais. Dans des quartiers populaires délaissés par l'Etat, les habitants se sont réapproprié des terrains vagues communaux, les ont nettoyés de leurs gravats et de leurs détritus et les ont transformés en jardins collectifs. L'année dernière, la police a commencé à évacuer plusieurs jardins collectifs, en détruisant au bulldozer les arbres, les plantations et les sculptures. En mars 2000, dans le East Village (quartier est de New York), le jardin collectif Esperanza a été détruit et 31 personnes arrêtées. Deux semaines plus tard, environ 150 habitants ont essayé de reprendre leur jardin ; leur tentative a été violemment réprimée par la police. Les jardins collectifs sont devenus une bataille urbaine où les habitants luttent pour pouvoir gérer de façon autonome, collective et anticapitaliste des espaces dans leurs quartiers.
Ce 1er mai à Londres, en face de Big Ben, une foule farfelue de 5000 personnes prend possession de Parliament Square pour un petit jeu de guerilla gardening. Une frontière délimitant l'espace reconquis est tracée à coups de scotch vert et de banderoles accrochées par des grimpeurs entre les réverbères hauts de 15m. Au coin de la place, des gens surgis de la foule prennent le mégaphone et entament des discours, un bureau de media indépendant (1) s'installe sur la pelouse, des punks sniffent de la coke sur le trottoir, un faux curé juché sur le toit d'une voiture bénit la foule à coups de crucifix, des stations de diffusion mobiles sont disposés (petits haut-parleurs sur trépieds en bambous reliés à une batterie et à un micro), des cabanes de branchages se construisent,... Le drapeau vert (2) se lève pour annoncer le début du jardinage et chacun sort ses plantes, son compost ou ses outils. Ceux qui n'ont rien amené se promènent et trouvent quelque chose à planter. Les gens commencent par couper et rouler le tapis de pelouse (3), puis des petits groupes se forment autour des plantations. D'abord invisible, caché au milieu de la foule, le jardin forme des lignes qui lentement se rejoignent jusqu'à remplir toute la place puis déborder sur le béton. La pelouse est déroulée dans la rue. Certains organisent un jardin miniature avec des nains de jardins masqués, d'autres plantent choux, bananes, champignons magiques et palmiers dans le plus grand désordre, tandis que d'autres encore structurent consciencieusement des carrés de potagers. Durant deux heures, les enfants, les masqués, les bab's, les vieux et les punks se mélangent pour prendre soin des nouveaux semis et donner a la place le visage de cette diverse multitude. Le drapeau rouge se lève (4), annonçant un mouvement, et le bord de la foule commence à avancer dans la rue. Les gens dansent, chantent et jettent des bouteilles sur la maison du premier ministre. Un groupe attaque les vitrines du Mac Donald's, couvert par le bruit de la fanfare. Durant 25 minutes, l'intérieur du fast-food est méthodiquement détruit dans le brouillard des fumigènes rouges, la caisse est jetée dans la foule, le ketchup aspergé sur les murs. Un furieux finit la vitrine a coups de tête nue. Ceux qui se trouvent devant l'entrée tentent d'empêcher la horde de journalistes avide d'images de filmer les briseurs de cuisine. Puis la police anti-émeute charge la foule, crée des mouvements de panique et parvient par à-coups à se frayer un passage le long du mur jusqu'au Mac Donald's. La foule est rapidement divisée en deux par deux lignes de flics. Une partie est repoussée vers Parliament Square et encerclée, mais parvient rapidement à sortir en poussant une ligne policière peu fournie à l'aide d'une solide bâche attachée à des bâtons. Cette bande fera ensuite une promenade agrémentée de petite casse dans les quartiers résidentiels. L'autre partie de la foule engage une bataille avec la police sur Trafalgar Square et finit encerclée par plusieurs lignes successives de flics, terminées par une ligne de chevaux. Toutes les rues adjacentes sont remplies de policiers et de fourgons. L'encerclement va durer 7 heures. Les charges brusques alternent avec des périodes tranquilles. Un camion de glaces pour touristes est lui aussi pris dans le piège ; il semble au début plaisant d'être maîtres de cette place, même si l'émeute est étrangement statique et compacte. Mais si les anarchistes tiennent la place, les flics, eux, tiennent les anarchistes. A force de charges et de lentes avancées, la police prend le contrôle du camion à glaces puis se lance à l'assaut de la statue sur laquelle s'est réfugiée une centaine de personnes. Les gens refusent de partir, grimpent, s'accrochent les uns aux autres, se roulent en boule pour ne pas être saisis. La police pousse et frappe jusqu'à conquérir toute la statue, sauf quelques personnes perchées sur la tête d'un grand lion en bronze (de même, une personne restera plusieurs heures accrochée au sommet d'un réverbère, surprise par un brusque mouvement de foule qui avait fait basculer son refuge en zone policière). Lentement, la claustrophobie collective grandit. Des percées sont tentées, les gens sont matraqués puis pris en étau par le cordon policier qui se resserre autour d'eux et rend la foule si dense qu'il devient difficile pour les blessés de remonter le goulet humain. Les gens veulent sortir, le clament, rêvent d'avoir des ailes. Un chevelu répète inlassablement, comme une litanie " je suis un végétarien, je ne tue pas les animaux, pourquoi me faites-vous subir cela à moi ? "
Progressivement, la foule est poussée par les cordons policiers dans une sorte d'entonnoir. Ces milliers d'insolents font la queue, les flics restent imperturbables, le temps semble interminable. Puis les guerriers-jardiniers transformés en moutons commencent à sortir un par un par l'extrémité du dit entonnoir il faut marcher entre deux longues rangées de flics qui trient les gens à embarquer, fouillent et photographient, puis remplissent des cars avec ceux qui seront emmenés au poste. Les motifs d'inculpation sont : désordre violent, assaut et dommage à la propriété. En toute logique, puisqu'il faut des assauts pour attaquer l'ordre sanglant des gros propriétaires marchands.
Ce fut en tous cas un grand jour pour la police lassée d'être un géant paralysé et lent d'esprit dans des émeutes en général chaotiques, rapides, spontanées, fragmentées et mobiles La police n'aime pas la guerilla urbaine qui s'accorde mal à ses tactiques militaires : elle veut des situations lentes, monolithiques, immobiles et prévisibles, pour pouvoir déployer sa force de contrôle pachydermique et son ordre hiérarchique planifié qui est celui des rafles, des matraques et des kilomètres de pellicule photographique de surveillance. Les journaux locaux et le site internet de la police londonienne seront bientôt remplis par les photographies des manifestants recherchés, pour que la populace puisse les dénoncer en toute citoyenneté. Comme lors de la chasse aux sorcières qui a suivi les actions du 18 juin 1999, on peut s'attendre à ce que tour à tour ces photographies soient gratifiées d'une mention " a été identifié ", une fraîche nourriture pour les prisons politiques.
La guerilla du jardinage a ceci de paradoxal qu'elle veut récupérer un espace et a besoin pour ce faire d'y demeurer un temps pour s'y enraciner et le faire vivre. Or, ceux qui ont volé la terre ont pour chiens de garde une police au fonctionnement militaire et territorialisé qui a tout avantage à lutter contre une force sédentaire. Les jardiniers, s'ils veulent éviter l'encerclement répressif, doivent savoir retrouver très vite leur mobilité et leur forme rhizomatique en réseau d'unités affinitaires. La difficulté est de savoir construire, courir et sans cesse reconstruire, sans devenir fantôme ni militaire.
(1) Indymedia est un réseau indépendant d'informations sur Internet. L'idée est de transmettre l'information directement, sans centralisation ni spécialisation. Des bureaux mobiles s'installent au coeur de l'action, afin que les protagonistes puissent rendre compte eux-mêmes des événements au fur et à mesure, sans autre intermédiaire que des techniciens. L'information est diffusée sans censure de manière très complète et rapide par des textes, des photos, des films et des bandes son, principalement sur le site www.indymedia.org.uk
(2) Dans l'esprit du noir-rouge-vert, les différents moments de l'action étaient marqués par trois couleurs de drapeaux : le vert pour le jardinage, le rouge pour les départs de foule et le noir pour les prises de décision. Il fallait trouver un moyen pour que des décisions collectives non hiérarchiques puissent être prises durant les événements puisqu'au-delà de la spontanéité des groupes affinitaires, l'action avait aussi une forme organisée et collective. Soit dit en passant, il règne presque toujours un grand flou sur cette question, vu qu'il est d'usage de limiter notre amour des assemblées générales à tout ce qui est décidé avant l'action elle-même, comme si tout pouvait être prévu d'avance, ou comme s'il allait de soi de suivre des chefs dans l'urgence, ou encore comme si dans l'action n'existaient plus que des petits groupes et leur spontanéité (ce qui est faux, on assiste la plupart du temps à de grands mouvements de foule qui par inertie collective choisissent le pire). L'expérience du drapeau noir levé en plein mouvement pour décider dans l'urgence soulève bien entendu beaucoup de problèmes, entre autres par rapport à la sécurité. Il y a eu beaucoup de confusion et la foule a été piégée. Mais que valent nos pratiques de décision si elles ne fonctionnent que quand il ne se passe rien ? Il faut faire des essais.
(3) La police avait inondé la place la veille et se réjouissait de voir les manifestants patauger dans la boue. Grâce à ça, la pelouse fut très facile à détacher et à rouler.
(4) Ce déplacement de foule n'était pas prévu. Des communistes sont arrivés dans la manif avec leur drapeau rouge et la foule a suivi celui-ci en pensant qu'il s'agissait du drapeau annonçant le départ.
A Londres, le valeureux Churchill à sa statue sur Parliament Square. Ce premier mai, il s'est retrouvé affublé d'une crête d'iroquois en pelouse verte, avec une faucille et un marteau peints sur son grand manteau. Le lendemain. les journaux officiels ont fait la une sur cet acte violent. Chacun y est allé de son couplet sur la jeunesse irresponsable qui ne respecte plus les héros de guerre. Cette jeunesse ignorante qui n'a pas encore compris qu'elle doit sa liberté aux militaires. Bien sûr, tout à leur émoi, les journalistes ont négligé de mentionner qu'il s'agissait d'une protestation contre les massacres capitalistes. Ils n'ont pas vu non plus que des milliers de personnes avaient ensuite été séquestrées par la police durant des heures sur Trafalgar square.
Notre ami Churchill a dit des communistes qu'ils étaient "des essaims de vermine porteuse de typhus". Il tenait des propos similaires sur quiconque n'était pas riche, réactionnaire et anglais comme lui. Dans la série nous sommes le sel de la terre, il a aussi écrit "je n'admets pas qu'un grand préjudice a été porté aux indiens d'Amérique ou aux peuples noirs d'Australie par le fait qu'une race plus forte est venue et a pris leur place". Il était bien entendu opposé à ce que les femmes obtiennent le droit de vote et pensait que les aides sociales "ne devraient jamais être appréciée comme un droit". Pour que les pauvres ne l'oublient pas, il essaya dans les années 20 de retirer aux familles de mineurs en grève l'aide dont elles bénéficiaient, puis envoya l'armée qui tua deux mineurs gallois.
A côté de la faucille et du marteau, les initiales d'un groupe communiste turc (TIKB) ont été inscrite sur la statue. Churchill avait ordonné l'usage de gaz moutarde contre des villages kurdes quand il était secrétaire des affaires étrangères dans les années 30. Il s'en justifiait en disant "Je suis profondément favorable à l'usage des gaz contre des tribus non civilisées".
Extrait de "Je sais tout" de juin 000.
Quand MarCoR rencontre Vérole, il ne parle pas que de punk rock mais aussi de fromage de chèvre, de tomates et de chemises. Dans le prochain Aredje, Marcor nous racontera son concert des Cadavres à Lille.
Première partie, pendant laquelle on ne voit pas passer le temps
D'abord une question évidente pour un groupe qui se reforme : comment et pourquoi cette reformation ?
Je jouais à ce moment dans Infraktion. Il y a eu des tas de rumeurs fausses comme quoi on allait se reformer. J'avais toujours dit non. Mais par contre on devait faire un concert surprise à Pont-Saint-Esprit sans avoir répété comme ca pour le fun. Entre-temps, Face et Christophe d'Infraktion ont décidé d'arrêter. Les autres des Cadavres m'ont relancé et j'ai dit ok. Pourquoi se reformer : en fait on a aucune raison précise. L'idée de rejouer ensemble, histoire de délirer mais on n'avait rien de construit. On n'avait pas de réel management ; On n'a pas de réelle compagnie de disque. Ca s'est fait comme ca sur le tas. Maintenant on fait au jour le jour.
Vous aviez quand même prévu des dates et (entrepris) une tournée !
Oui on a prévu de faire des concerts. C'est la base pour un groupe de jouer. On a également prévu d'écrire des nouveaux morceaux. On ne va pas se cantonner à jouer éternellement les mêmes car ce n'est pas intéressant ni pour le public ni pour nous. On a redémarré quasiment comme un groupe de débutant. Il a fallu rerépéter, se remettre au point. Au début, on n'avait rien, on n'avait pas une tune pour avancer jusqu'au premier concert.
A-t'on vraiment besoin de thune pour faire un concert ?
Ben oui, je vais peut-être dire une connerie mais si par exemple ton premier concert est à 100 km , il faut mettre de l'essence..
Oui évidemment, et puis il y a aussi le local de répet...
Nous en plus on a un problème géographique évident : Abdelou habite à Montpellier, Bertrand à Poitiers, Jérome et moi sommes sur Paris. Donc rien qu'une répet nous coûtait un aller-retour Paris-Montpellier et Paris-Poitier. Ca commençait à être un suicide financier mais on avait la volonté d'essayer de refaire un truc ensemble et on a tenu bon.
A Pont-Saint-Esprit, peux-tu m'expliquer pourquoi ca a été annulé ?
Moi j'en sais rien en fait. Le seul truc que j'ai comme souvenir de Pont-Saint-Esprit est que je devais jouer avec Infraktion...
Le troisième jour...
Oui, le dimanche. Nous sommes arrivés le matin. On nous a raconté 1000 histoires différentes. Je n'ai pas vécu le truc car la veille je n'étais donc pas là. En gros si j'ai bien compris ce que les gens m'ont dit, c'est que les mecs du service d'ordre ont un peu lancé un boomerang dans la tête des gens et le lendemain ils se sont ramassés un 747. C'est un peu ça l'esprit. Il y a eu des tas d'embrouilles. Pour certaines personnes, c'était dehors et pas dedans. D'autres m'ont dit qu'il y avait des têtes de cons partout. Bref pour nous, on est donc arrivé le dimanche matin. Une nana est venu vers nous et nous a emmené à l'hébergement. On a déposé nos sacs et quand on est revenu sur le site, tout commençait à se démonter et on nous a dit que c'était annulé. Je ne peux même pas me faire une opinion personnelle car on m'a présenté la chose sous au moins 10 aspects différents. Tout le monde a l'air sûr de sa version. Pour moi un problème évident, le sud de la France, c'est déjà dur.
Explique un peu car là moi je ne vois pas où est le problème !
Le Sud de la France est une région vachement peuplée de petits conservateurs, de petits vieux, de gens pénibles...
Moi j'ai rencontré des "petits vieux" qui se demandaient pourquoi on annulait "notre" fête...
Je vois un autre problème beaucoup plus évident : le festival se déroulait sur un terrain en plein dans le centre-ville !
Bon, je me répète mais Pont-Saint-Esprit, moi je ne suis resté qu'une heure et demi. Même après j'ai entendu des tas d'histoires idiotes. On m'a même raconté que Zabriskie Point et Infraktion avaient joué sur un camion avec un groupe électrogène, ce qui est totalement faux. Nous on a vu que c'était annulé et on s'est cassé. Que voulais-tu qu'on foute. Pourquoi rester à perdre notre journée là-bas. On était déjà descendu pour rien, c'était suffisant. On avait les boules.
Bref pour quelqu'un comme moi qui déboulait le dimanche matin, l'ensemble était hyper confus. Nous on pensait s'amuser et on ne s'est pas du tout amusé.
Et après Pont-Saint-Esprit, pensiez-vous encore à une reformation ?
Pont-Saint-Esprit n'était pas vraiment une reformation des Cadavres. C'était pour la soirée et c'est tout. Moi je ne continuais pas après. Quand on a parlé de reformation, pour moi c'est devenu sérieux à partir du moment où Face et Christophe ont eu envie d'arrêter (Infraktion). Je considère que je n'arriverais pas à faire 2 groupes à la fois. C'est peut-être plus facile pour un guitariste, un bassiste ou un batteur de jouer dans 2 groupes. Mais moi, pour un chanteur qui écrit les textes et qui doit les chanter, je n'arrive pas à trouver ma propre crédibilité en chantant avec 2 groupes à la fois, complètement différents dans l'esprit et dans la vie propre de ces 2 groupes. Donc si j'avais continué Infraktion, il n'y aurait jamais eu de reformation des Cadavres.
C'est vrai qu'on s'est retrouvé des points communs, on rigole bien. Tant que ca se passe, c'est bien. Par contre on ne s'engage à rien. On ne sait pas quand on va arrêter. C'est peut-être ce soir si on s'engueule ou demain à Caen... On n'a en fait aucun plan prévu. Pas mal de reformations sont planifiées, du style à telle époque on sort un live. Nous c'est la reformation bordélique par excellence.
Pour les gens qui ne suivent que Les Cadavres, qu'avez-vous fait entre le split des Cadavres en 95 et maintenant, depuis avril 2000.
Moi j'ai joué dans Infraktion, Bertrand (le batteur) a joué dans Boxcar Bertha sur Bordeaux ; Cyril - Abdelou (guitariste) n'a rien refait et Jérome (bassiste) a joué et joue encore dans Bad Lieutenant.
Donc Infraktion c'est fini ?
Ben oui, ce n'est pas moi qui ai décidé
Il n'y aura jamais de deuxième album ?
Si il sortira peut-être sur Crash Disque à titre posthume. Il a été enregistré, d'ailleurs en parfaite infraction et il ne nous a rien coûté. On l'a enregistré dans les studios de Sony Music sous un faux nom. On a les bandes. Il y a juste quelques voix à remixer, quelques petits trucs à refaire et puis voilà. On a 11 titres mais on n'est pas sûr d'un morceau, ca sera peut-être un 10 titres.
Et une reformation d'infraktion dans 3 ans ?
Pourquoi pas. Ce n'est pas exclus. Je suis ouvert à tout... (rire, surtout de Marcor)
Maintenant, avec Les Cadavres, répétez-vous ?
Quand on a repris Les Cadavres, on a évidemment commencé à rerépéter. D'abord les 3 autres à Poitiers tous ensemble sans moi pour un peu replanifier la musique. Puis on a répété sur Paris. Dans un premier temps, on a remis au point des morceaux, des vieux morceaux. La mécanique était rouillée et on a dégraissé. Puis on a commencé à faire des nouveaux morceaux. Pour l'instant on a donc des nouveaux morceaux mais ils ne sont pas assez mûrs. On ne les joue pas en concert mais ils arrivent.
J'avais l'impression qu'à Lille, vous aviez joué des nouveaux morceaux ?
Non mais on a joué des très vieux morceaux qu'on ne jouait plus depuis longtemps. Le premier nouveau morceau s'appelle Survie automatique, le deuxième La potence du gouffre. On prévoit une reprise mais je ne sais pas si elle va se faire. C'est une idée à moi. C'est un chant révolutionnaire anonyme belge de 61, ce n'est pas une blague, qui s'appelle La vie s'écoule, la vie s'en suit. On voudrait sortir un 45 tours 4 titres chez Combat Rock puisque l'objet nous fait plaisir. Et puis on ne veut pas précipiter en annonçant un album et le bâcler.
Dans votre feuille d'infos Basta, on parlait d'une compile...
Ca, c'est beaucoup moins intéressant mais on va ressortir une sorte d'historique des Cadavres de 80 à 95, qui regroupera toutes les raretés glanées à droite et à gauche.
Du style Je suis un kleenex sur la compil Dites-le avec les Fleurs ?
Oui, tout ce qui est sorti sur des compils, plus nos morceaux du premier maxi autoproduit avec Vatican sorti en 84 en 2600 exemplaires, le premier 45 tours, quelques démos, tout ce qui est un peu rareté.
Je trouve tellement bête que des mecs fassent du commerce là-dessus. Donc autant le sortir. C'était un projet qui devait se faire déjà avant. Ca ne s'était pas fait avant car on avait tous la tête un peu ailleurs. On en a reparlé et ça va sortir. Mais on ne compte pas là-dessus pour relancer Les Cadavres. On préfère la nouveauté. Cette compile sortira sur Bondage
Je me rappelle qu'à Dour et à Lille un peu avant le split (en 95 et 96), tu me disais que vous faisiez l'album autant en emporte le sang uniquement que parce que vous étiez encore liés à Bondage !
Oui et de toute façon, il s'est fait dans de mauvaise condition. Déjà à l'époque, j'avais prévu de partir.
Ca on le sentait !
On a fait cet album très bizarrement. On l'a fait séparément. Ils ont enregistré la musique d'un côté. Je suis venu faire mes voix de l'autre. Ca ne s'est pas fait dans les conditions que ca aurait dû se faire. Par contre on devait faire un dernier album. On ne savait pas si c'était vraiment utile de le sortir. Maintenant pourquoi sort-on ce disque là-bas ? C'est un peu le côté facilité car c'est eux qui ont les bandes. Pour une certaine période, on avait signé et ils ont les droits sur une certaine période des Cadavres.
Avec Bondage, tu n'as pas peur de Retomber dans les mêmes problèmes que ceux qu'ont eus Ludwig von 88 et Les Sales Majestés ?
Non car ici ce ne sont que des vieilleries. On n'a jamais été des businessmen. On doit être à peu près aussi doué que certains groupes de copains à nous pour signer n'importe quoi n'importe comment. Le côté rentable de l'histoire d'un groupe. ne me suis jamais intéressé. Quand on a signé des contrats, je n'écoutais même pas. Je m'en foutais. On me disais, il faut signer là et je le faisais. Je n'ai jamais lu un seul contrat de ma vie. C'est dommage peut-être. Je n'aime pas mélanger le plaisir de jouer dans un groupe et l'argent.
Le prochaine album, tu préférerais le sortir chez Bondage ou chez Crash, ou Combat Rock ?
Là on va sortir un truc sur Combat Rock On va enregistrer les morceaux du futur 45t à Metz, pour faire vraiment du punk rock messin, pour l'anecdote.
Sinon, l'album, on ne l'a pas encore écrit, ni composé. Avant de parler d'album, il faut créer les morceaux. Ca ne vaut pas la peine de sortir des trucs bâclés. On ne veut pas sortir un album avec 12 chansons qui ont ni queue ni tête. On n'est pas astreint à sortir un truc à tout prix et gagner de l'argent car ce n'est pas le but de la reformation. On prendra le temps qu'il faut. Cet album, il n'est même pas sûr qu'il sortira en 2001.
Pour en revenir à l'expression punk rock messin, il faut dire qu'on a été affublé de pleins d'étiquettes : groupe alternatif, indépendant, punk-rock, radical et même oï. Puis PKRK a sorti une cassette où il était noté qu'ils faisaient du punk rock messin, normal vu qu'ils venaient de Metz. Puis notre guitariste (Manevy) qui était souvent dans la lune a cru qu'il s'agissait d'un mouvement. On a déconné là-dessus, on l'a charrié. Quand un mec nous a interviewé, on a dit qu'on faisait du punk rock messin. On a commencé à délirer et puis au concert, on commençait par: bonjour on est Les Cadavres et on fait du punk rock messin. C'est devenu une étiquette comme une autre, notre étiquette.
Enfin, c'est celle aussi de PKRK !
Ce n'est pas une mauvaise référence...
Pour ces concerts en l'an 2000, de quoi est composé la play-list ? Privilégiez-vous un album ?
Non, on joue des morceaux de chaque album. En fait, on a remis au point une trentaine de morceaux. Evidemment, on ne peut pas jouer tous ces morceaux. Donc on choisit ceux qui nous plaisent le plus. On a parfois aussi supprimé des morceaux de la liste comme Le fil du rasoir ou Jour de fête. On en a rajouté aussi. On joue même des morceaux du dernier album : Attentat, Autant en emporte le sang,...
J'ai eu l'impression d'entendre des nouveaux morceaux au concert de Lille
Non mais on fait Elle m'a quitté qui est un très vieux morceau sorti en 45 tours. Bertrand ne l'avait jamais joué en concert.
Sur disque, vous avez fait 3 reprises dont 2 adaptations. Un petit mot ?
Le morceau de Magazine (NDM : le groupe de Howard Devoto, le premier chanteur de Buzzcocks) Shot by both sides, on l'a fait une fois en répet puis on a trouvé qu'il nous collait bien. On l'a joué comme un de nos morceaux. On a aussi enregistré Siffler sur la colline de Dassin et Les salauds vont en enfer (Les copains d'alors) d'après Brassens. En concert, on a aussi parfois joué Pretty Vacant, White Riot, Stay Free ou Lonely Boy.
Ce sont des morceaux punk que vous ne détournez pas, contrairement à ceux de Dassin ou de Brassens qui sont plutôt des adaptations, pourquoi ces 2 morceaux ?
Siffler sur la colline de Jo Dassin, je ne crois pas qu'il y avait une raison précise. Pour le Brassens, c'est arrivé après une soirée ou un pote l'a joué avec une guitare sèche. Le lendemain, à la répet, on l'a joué. Les paroles me soulevaient et je les ai réécris en gardant les mêmes rimes. Ca tombait juste avant la période des élections. C'est pour cela qu'on ne joue plus cette chanson. Elle n'est absolument plus d'actualité.
Et No Pasaran (NDM : pas l'émission sur Radio R'Libre, ni le zine) ?
On la joue encore mais j'ai changé des phrases. Le score de 14 % est maintenant archi-faux actuellement L'extrème -droite n'a plus le même impact et tant mieux. Je préférerais ne pas avoir à chanter des morceaux comme celui-là. Ca voudrait dire que le danger est écarté. Attention, la représentation de l'extrême-droite avec ses leaders, c'est du marketing politique. C'est différent de l'esprit des gens qui cautionnent ce genre de politiques. Démonter un mec comme Mégret ou Le Pen, c'est une chose. Les hommes politiques sont des façades. Par contre, changer l'esprit des gens c'est plus dur...
J'ai toujours fait les textes mais je ne cherche pas vraiment à faire un message uniquement politique. Moi c'est plutôt des états d'âme, des réactions par rapport à un contexte social. Quand il y a eu vraiment cette montée en puissance de l'extrême-droite en France, là ca m'a scié les jambes. Quand on voyait Le Pen se pavaner à la télé en annonçant ses pourcentages, je me suis dit, houla, drame. Immédiatement, le texte m'est venu. Les paroles ne sont pas très recherchées mais c'est de l'instantané. C'est vraiment, je me suis dit, ce n'est pas possible de vivre là-dedans. C'est de là qu'est venu ce texte. Ce n'a pas été une réflexion, du style tiens il faudrait faire une chanson anti... Je n'ai pas le côté de me dire que je ferais bien un morceau qui colle à l'actualité. Du style un morceau sur la Tchéchénie ou sur les otages. La chanson que je ferais alors ne serait pas sincère. Ca serait une page blanche sur laquelle je devrais écrire sur un sujet donné. Je n'ai pas envie de faire ça. Pour la chanson No Pasaran, j'ai été touché par ce problème. On voyait les gens qui adhéraient à ce truc là comme s'ils allaient acheter du pain ou faire n'importe quoi d'autre. C'est ca que je trouvais gerbant dans l'histoire. D'où cette chanson. Mais je n'ai pas la volonté en faisant des textes de n'en faire que des politisés. C'est sûr que j'ai ma façon de penser, de juger la politique mais ce n'est pas mon cheval de bataille.
Tu n'est pas apolitique !
Non mais je ne me sens pas comme un meneur d'hommes qui va inculquer des idées aux gens sur la politique. Je veux bien donner des pistes mais plutôt sur le contexte social, surtout sur ce monde actuel le 21ème (ou le 20ème), qui est un siècle qui isole, qui divise, qui pourrit les gens et là-dessus je veux bien réagir.
Je pourrais te faire parler des médias, un terme bien vague et je voudrais te faire parler de la télé dont tu as au moins fait une chanson (ma téloche) !
Je vais tout englober. Pour moi, on vit dans un siècle qui est censé être un siècle de communication. Mais c'est uniquement de la fausse communication. Les médias nous inculquent des pistes qui ne sont jamais abouties et une fausse façon de penser. Le rôle des médias est de donner aux gens des débuts d'idées de façon à isoler encore plus les gens dans des idées qu'ils n'arriveront pas à affiner et à isoler l'individu. En prenant cette fausse information, les gens ne font que s'isoler. Dans une même journée, si tu écoutes France-Infos, lit le journal et écoute deux bulletins d'information différent, tu ne retrouve pas les mêmes informations. Les médias mentent et ne font que mentir. La guerre du Golf en est le plus beau exemple.
On est à l'époque du paraître, c'est la société du spectacle, de l'image et le média est la pire représentation de cette imagerie. Cette imagerie est contrôlée par les grandes sociétés qui nous inculquent les produits à acheter, les hommes politiques qui nous inculquent les façons de penser, ce que sera la mode de l'année prochaine.
Les hommes politiques ne nous inculquent pas la mode !
Non, c'est lié. C'est le monde dans lequel on vit. On nous vend la même chose. Quand on nous vend un homme politique, c'est son image qu'on nous vend. Les grandes idées, c'est mort au 19ème siècle. Qu'est ce qu'elle animent, les grandes idées. Il n'y a plus de combat pour des idéaux. Il n'y plus cet élan. Les médias participent à la désinformation totale.
Avec le mondialisme, c'est terrible. Bientôt, on en arrivera à penser tous la même chose, à manger tous la même chose, à regarder tous les mêmes choses. Tous les pays regardent les mêmes feuilletons traduits dans les langues différentes. Tous les pays écoutent à peu près le même message aseptisé et au fond on arrivera à un homme complètement aseptisé, complètement sans idée propre. Tout le monde sera content de son propre sort dans sa propre survie. C'est cela notre époque, il n'y a plus de vie, il y a de la survie. Et les médias entretiennent cela. Et c'est pour cela que je ne crois pas aux médias.
C'est comme pour la bouffe.
Là je vais te raconter des histoires bien françaises avec les fromages et les normes européennes comme quoi il ne faut plus utiliser de lait crû. Ou encore le fait qu'il ne faut pas casser la chaîne du froid car ça donne l'Hystéria (ndbin' : il ne faut pas confondre l'Hysteria Mass Listeria). Pendant des siècles, on a mangé du fromage de chèvre, on a mangé des camemberts et des machins qui venaient directement de la ferme. Le frigo n'existait pas et il n'y avait pas d'hystéria (bis : à moins que ce ne soit la listeria). Ces maladies ont été créées par les systèmes chimiques qu'on a inclus dans les produits càd les conservateurs et les conneries du genre. C'est comme les tomates, ce sont de bêtes exemples, qui n'ont plus qu'un goût de flotte et de farine alors qu'une tomate est un fruit. Tout est comme ça. Ca rejoint ce que je disais avant. Les gens s'habillent pareil. Ils consomment la même merde. Les Mac Donald sont implantés dans tous les pays du monde. On fait ses courses dans un supermarché où tout est sur bip, tout est conditionné, tout est créé par des gros trusts comme Unilever qui vont faire manger la même merde au pauvre mec qui est dans un pays du tiers-monde ou à l'européen qui est cadre. On pourrit la vie, on pourrit les goûts et on est empoisonné dès la naissance. Relis les paroles du morceau d'Infraktion Les Jeux sont faits, tu retrouves ces mêmes constatations...
Ces dernières années, il y a presque une nouvelle crise alimentaire chaque année : la vache folle, le foie de veau, le porc. Mais on nous les sort des années après. C'est comme l'amiante. Il y a de la pollution partout. L'écologie, c'est un réel drame. Cette planète, on l'a pourrie. Il commence à se créer au niveau mondial des droits de "polluer" pour les entreprises. Mais là c'est trop tard.
La suite, un peu speedée, quoique
Pour parler totalement d'autre chose, quel est le rapport entre Chester et Les Cadavres ?
Il a fait beaucoup de dessins pour nous. C'est un pote. Il a plaisir à dessiner pour nous car il aime bien l'esprit des Cadavres. Ce que ça dégage, aussi bien dans les paroles ou dans l'ambiance. Donc à chaque fois même si on le lui demande pas, il nous propose toujours des dessins. C'est pour cela que dans le nouveau Basta, puisque c'est moi qui le fait maintenant, je lui ai proposé qu'il aurait chaque mois sa page. Il a carte blanche sur une page du Basta (notre feuille d'infos). Il en fait ce qu'il veut.
Vous vous êtes retrouvés sur une compile anglaise, un tribute aux Clash. Quel morceau est-ce ? Le label et les autres groupes sont anglais sauf PKRK. Comment vous-êtes vous retrouvé là-dessus ?
C'est Stay Free et ce n'est pas ce que nous avons fait de mieux ! Ca a été vite enregistré. C'est Caps (PKRK) qui nous a proposé le plan car ils étaient aussi dessus avec Somebody got murdered. Ca fait plaisir de jouer un morceau des Clash mais on l'a fait trop vite. On n'a pas pris ce qu'il y avait de plus facile non plus.
J'ai vu 3 fois Les Cadavres en Belgique : en mars 93 à Waillet (Marche) et La Zone à Liège et en juin 95 à Dour, êtes-vous venus d'autres fois en Belgique ?
Peut-être bien avant mais je n'en rappelle pas. Je pense qu'on a fait 3 allées en Belgique. Je n'ai pas trop de mémoire et c'est dramatique.
Par contre, je crois que j'ai vu Infraktion chaque fois ! As-tu une idée du nombre de concert avec Les Cadavres ?
Non, si on reprend depuis le tout début. Moi j'ai ce qu'on appelle les cahiers de route. Ils paraissaient de temps à autre dans Basta. C'était des chroniques de la route du genre : 14h30 station d'essence à Machin. J'ai un cahier épais comme cela (NDM : il doit être assez épais !). C'est la vie des Cadavres en tournée. On m'a déjà proposé de sortir en bouquin ce truc là avec des photos et tout. Ca ne s'est pas fait jusque là mais pourquoi pas si ca intéresse des gens. Mais bon restons modeste, je ne suis pas sûr que ca peut intéresser quelqu'un ! J'ai toujours pris des notes. Dans la camionnette, il y a une ambiance et au lieu de regarder bêtement le paysage, je prenais des notes, les réflexions, les anecdotes sur ce qu'on vivait. La dedans, il y a pas mal de concerts. A chaque fois, on faisait un peu un guide. On attribuait des étoiles pour l'hébergement et des étoiles ou des moins, toujours, pour la nourriture. Quand on rencontrait d'autre groupes qui nous disaient, on joue là, on prenait le cahier et on regardait les cotes : 2 étoiles pour l'hébergement et 3 moins pour la bouffe, avec le menu détaillé.
Pour un groupe punk, parler d'étoile pour l'hébergement, c'est paradoxal !
Non, justement je trouve ca marrant. L'idée d'un espèce de guide Michelin du concert punk-rock. Dans l'esprit, je trouvais ca drôle. On a fait des plans tellement différents. On a toujours joué dans tout. Certains groupes se cantonnent dans certaines conditions et ont des exigences précises, du genre considérer comme normal le resto et l'hôtel.
Moi je pense à autre chose : jouer uniquement dans des squats...
Là c'est rester dans une certaine éthique. On a toujours aimé tout faire : jouer dans un bar où il y a 60 personnes entassées, jouer dans des grandes salles comme quand on a fait Le Bataclan, jouer dans un squat ou une MJC de Province. Moi il n'y a pas de problème. C'est bien justement d'avoir plusieurs visions et chaque fois on ne rencontre pas exactement les mêmes gens, ce n'est pas exactement la même façon de gérer la chose. C'est ce qui rend le truc intéressant. Tu n'as pas l'impression de répéter toujours la même histoire.
Et toi quand tu vas voir un concert, quel genre d'endroit préfères-tu : une salle dans une ville avec la bière à 25, 30 FF (NDM : la "norme" à Paris) ou un festival style Couterne ou Punk-Sur-Seine?
A la base, je déteste les festivals. Je trouve que déjà il y a toujours trop de monde et ça c'est personnel, j'ai horreur des mélanges de musiques. Si je paie une entrée déjà chère dans un festival et qu'il y a un groupe que j'ai absolument envie de voir, je n'ai pas envie de voir avant 4 groupes qui font des musiques qui ne m'intéressent pas. La salle je m'en fous un peu. Une petite salle toute pourrie ou une belle salle, je m'en fous dès l'instant où je vois bien le groupe. Le problème de l'alcoolémie dans les salles, c'est typiquement parisien et quand tu vas à Paris voir un concert, tu ne ressors pas saoul. C'est impossible. Tu as déjà de la chance quand tu trouves la bière à moins de 20 balles.
Tu bois avant...
Oui, c'est pour cela qu'il y a tellement de concert où les mecs boivent devant leurs bagnoles et rentrent au dernier moment dans les concerts.
Mais moi, de toute façon, la salle m'importe peu. Ce qui me motive, c'est plutôt voir le groupe en question. Si je me déplace pour voir un groupe, c'est que j'ai vraiment envie de les voir sur scène, soit parce que j'aime leur musique, soit parce que je sais que c'est un groupe qui dégage sur scène. Il y a une raison qui fait que j'ai envie d'y aller. Je ne me dis pas : ils jouent là-dedans donc je ne vais pas les voir.
Et un festival comme celui de Couterne, il y avait plusieurs groupes intéressants, UK Subs, Zabriskie Point, et bien d 'autres quand tu as joué avec Infraktion.
On avait aussi fait ce festival avec Les Cadavres. Le Punk-Sur-Seine, aussi avec Infraktion. C'était bien. On a fait le premier. Il y avait de bons groupes. Ca l'avait bien fait. Il y avait beaucoup de mondes. Il y a moyen de faire des choses comme ca en sortant de certains circuits. Le problème majeur est que le public se fait rare. Il y a de moins en moins d'amateur pour ce genre de musique. Ou alors les gens n'ont plus envie de se déplacer. Tu comptes le public au concert punk-rock.
Tu n'as pas envie de faire des morceaux différents et pas seulement punk rock ?
On n'est jamais parti dans un délire commercial. Déjà à la base, on ne serait pas appelé les Cadavres, nom qui n'est vraiment pas du tout commercial, soit ca sonne ridicule, ca fait plaisanterie, soit c'est pas joyeux. Avec la musique qu'on fait, ce n'est pas la meilleure façon de réussir. A partir de là, on joue la musique qui nous fait plaisir d'entendre. On ne va pas se plier aux modes de l'époque. Si actuellement, on jouait une musique un peu plus inspirée par les Etats-Unis, du genre NoFX ou Millencollin, peut-être qu'on attirerait un nouveau public mais on ne va pas se forcer à faire un truc qu'on ne sait pas bien faire. On fait notre musique. Il y a des gens qui se sentent concernés, très bien. D'autre pas, tant pis. On ne cherche pas à plaire à tout prix. Plaire pour plaire, à ce moment là, ce n'est plus du tout punk rock. Ce n'est pas ce qui nous a attiré dès le départ.
Que pense-tu de Rocksound ? Vous avez un article dans un spécial punk (NDM et René Binamé aussi, ainsi que La Fraction mais jamais les P4 à l'Attaque qui chie dessus)...
Je ne lis pas de magazine. Le spécial punk, l'initiative n'est pas mauvaise. Je trouve que c'est pas mal pour une fois de faire un magazine qui sort en tirage national et dans tous les kiosques sur le punk rock car il n'y a jamais eu cela avant. Leur truc n'est pas blâmable. C'est quand même vendu 38 FF mais il y a un CD inclus. Mais je ne lis pas tellement ces trucs là. Je ne lis jamais de journaux musicaux. Le seul magazine que j'achète, c'est Photos. Je m'intéresse plus aux images. Le problème avec les journaux de musiques, c'est que je ne partage pas toujours l'avis du chroniqueur de disque et les articles, c'est trop souvent une synthèse de ce que disent les gars interviewés résumé par le journaliste. Quand le mec résume, il ne traduit pas spécialement tout ce que le gars dit. Je préfère les interviews retranscrites intégralement !
Avec Les Cadavres avez-vous souvent joué à l'étranger.
Hors France, on a joué en Suisse, en Belgique. On ne s'est pas tellement expatrié. Mais le fait de chanter en français est une barrière. Ah si, on a aussi joué en Allemagne. Mais en même temps, on a beaucoup tourné en France.
Avec Infraktion, tu as joué en Italie !
On a fait la tournée des Centres Sociaux. Comme en Allemagne, les gens ne comprenaient pas les paroles. Ils ressentaient juste la musique. Des fois, quand je commençais à avoir un coup dans l'aile, j'essayais de leur expliquer les paroles un peu en anglais, en mauvais italien, en Allemagne pareil. Il y a toujours moyen de t'expliquer. Si tu veux vraiment te faire comprendre, c'est pas évident quand même
Et le Canada ?
Nous n'y sommes jamais allés.
Personne ne vous a invités ?
Je ne sais pas. En fait, on n'est pas assez organisé pour tout cela. On est vraiment un groupe bordélique à la base. Je pense qu'on est le groupe français le plus bordélique. On n'a jamais su s'organiser. On s'est toujours décommandé...
J'ai fait une interview de Didier Wampas et il t'a cité 2 fois.
C'est normal, c'est un pote.
Attends, c'était un peu après les concert de reformations des Sex Pistols à Paris. D'après lui, tu aurais envoyé un fax au organisateur pour jouer en première partie avec Les Cadavres !
C'est une blague amusante. Par contre je suis allé voir ce concert. C'était pratiquement le seul groupe de l'époque que je n'avais jamais vu.
Tu ne quittais pas Paris ?
Mais non, mais ils ne sont passés (en France) qu'à Paris et c'était en 76. (NDM : of course !) et à l'époque je ne connaissais pas le punk rock. J'ai commencé ce truc-là en 77. En 77, ils ne sont pas passés en France. Ils devaient puis ca a été annulé.
En Belgique, c'est en 78 qu'ils devaient venir et puis aussi ce fut annulé ! (NDM : ils avaient splitté après leur tournée aux USA).
Puis en 77, j'avais 14 balais. Je me voyais mal me barrer de chez mes parents pour aller en Angleterre.
Le groupe ou le disque qui t'as fait flasher ?
New Rose des Damned.
Premier concert punk important ?
Les Damned au Bataclan en 1977 et les Clash au Stadium
C'est quoi le Stadium ?
C'était une salle à Vincenne où il y a eu pas mal de concerts à l'époque. Je crois qu'elle a brûlé depuis. J'ai vu pas mal de groupes étant jeune.
Maintenant qu'on trifouille de vieux souvenirs, te rappelles-tu pourquoi et comment tu as commencé le groupe ?
Le premier groupe qu'on a essayé de faire, c'était en fin 1978 avec Magouille et c'était son idée. Le principe du truc punk, c'était justement que tout le monde pouvait faire son groupe. Le punk il n'y avait pas besoin de savoir jouer mais qu'il suffisait d'avoir une grande gueule. On s'est dit pourquoi pas nous. Moi je voulais être guitariste, c'était mon rêve. Magouille voulait chanter. On a essayé quelques répet mais ca n'a jamais mené à rien. Je me rappelle que j'avais acheté une guitare électrique sans marque qui coûtait 300 Francs (Français). Je n'ai jamais réussi à en sortir un son cohérent. J'ai essayé ensuite de faire bassiste...
Censé être plus simple...
Oui, plus simple. J'étais archi-mauvais. On a encore fait quelques répet avec d'autres gens, sans suite. Et puis au début des années 80, on a commencé Les Cadavres et c'est à ce moment là qu'on a commencé réellement à jouer.
Y a t'il encore des morceaux de cette époque là ?
Non, actuellement il n'y en a plus. Mais certains ont été enregistrés. J'étais censé être bassiste mais comme je n'y arrivais pas, je me suis retrouvé au chant. Je ne voulais pas être chanteur au départ. Dans la compil, il y aura le tout premier morceau des Cadavres enregistrés, Pas de commentaire, avec 2 ou 3 accords. C'était déjà ambitieux ! Dans les tout vieux, vieux morceaux qu'on arrive encore à jouer de tant à autre, il y avait Seul dans le cimetière, Nucléaire mon ami, La fin, Salope de keufs. Tous ces morceaux-là sont des premiers Cadavres.
D'où viennent les morceaux live qui sont rajoutés sur la version CD du premier album Existence saine (6 au total) ?
De l'Olympia avec Les Béru. Quand les Béru ont fait leurs adieux, ils ont fait 3 dates de suite à l'Olympia et la dernière date, on a fait leur première partie. Comme eux enregistraient leur live (NDM : Viva Bertagga pour ceux qui n'avaient pas compris !), il y avait le matériel sur place et notre concert a été aussi enregistré. A l'époque on trouvait un peu inopportun de sortir un live après un premier album, ca faisait trop tôt. Donc quand on a sorti le CD on a rajouté quelques bonus.
Ca n'est jamais sorti ailleurs ?
Non, moi j'ai la cassette intégrale. Un groupe qui ne sort que des live, ca fait pitoyable !
A quelques exceptions près, tu as écrit tous les textes. Parfois certaines autres personnes sont créditées...
J'ai fait des textes avec Olaf, d'autres avec une copine et un avec ma nana.
Vois-tu encore les membres des Cadavres du début ?
Oui, je les croise parfois. Ils ne sont pas morts. Mais ils ont tous fini bizarrement. Sans citer de nom, un fait de la bécane, un autre est parti dans les Iles, un autre est aux narcotiques anonymes, un autre vit sa vie tranquillement, un autre enfin est devenu très beauf. Ils ont chacun déliré différemment
Qui sont donc Schlag et Mushroomette (cfr premier album) ?
Ils ont joué du sax sur les versions live à l'Olympia. On a eu une période où on les emmenait avec nous en concert. Dans 3 morceaux, ils jouaient du sax et on enchaînait d'ailleurs ces 3 morceaux-là, Ennemi, Jour de fête et Seul dans le cimetière.
Es-tu allé voir Joe Strummer l'an passé (il jouait à Paris le lendemain ou la veille de Bruxelles) ?
Oui et j'ai failli m'endormir entre guillemet. J'aime pas le reggae et ils avaient vachement un set reggae. Les versions des Clash étaient sans plus et le reste ne m'a pas plu.
Reparlons des Pistols !
Eux, j'ai pas été déçu. J'ai trouvé que ca jouait. C'était marrant car Rotten chantait différemment. On voit qu'il avait joué dans PIL. Il terminait toute ses phrases en les accentuant comme dans PIL. Et puis ca apportait un truc différent. Ils jouaient carré. Il y avait des choeurs. Ca faisait tellement plaisir d'entendre ca en live
Et Parabellum ?
Je ne les ai pas revu depuis. On est censé jouer avec eux bientôt.
Et les Trotskids (NDM : vous avez pigé, je parle des groupes qui se sont reformés)
Non plus. Mais je sais qu'ils ont fait un concert à Paris. Mais là j'ai du mal avec ce genre de texte. Toute la "vague" Chaos en France, en général, j'ai du mal.
Ca tombe bien car moi aussi !
Moi je ne peux pas et je le disais au chanteur de Charge 69 qui adore cela, je ne comprends pas comment on peut revendiquer l'étiquette punk et faire des chansons de beauf comme "Salope je t'enculerai" ou "uni par le vin". C'est vraiment de la musique de rugbymen aviné et il n'y a rien, pas de subtilité. J'aime pas l'esprit Chaos en France. Je me sens à des millions de kilomètres de cela. D'ailleurs à l'époque, je n'écoutais pas de groupes français. J'ai commencé à écouter des trucs français avec des groupes comme Bérurier Noir, Parabellum, Les Rats, bref la vague d'après. Je trouvais ca trop long et lourd musicalement, trop beauf pour les paroles.
C'est vrai que quand j'écoute un groupe, en premier c'est la musique. Mais quand tu te rends compte que les paroles sont à chier, je coince. Un groupe comme Peter & The Test Tube Babies, j'ai toujours eu du mal car je trouve leurs paroles stupides. Je fais l'effort de comprendre les paroles et quand tu traduis, tu te dis ho la la... Ca ne m'intéresse plus et je me dis laisse tomber. Quand c'est en français évidemment, la sensation est immédiate. Ce n'est pas spécialement parce qu'il n'y a pas de revendications politiques.
Parfois la revendication politique est tellement bêtement dite !
Il y a soit la façon de le dire, soit la façon de l'emmener. On peut faire des textes d'un bon esprit politique mais désastreux, niais, ca va être des paroles de mômes de 14 ans, soit on peut faire de l'humour foireux. Les groupes qui chantent l'histoire d'un viol d'une aveugle, ca ne m'amuse pas. Je ne vois pas qui ca peut faire rire. En tout cas, ca ne me fait pas rire du tout.
J'ai tendance à préférer des groupes qui ont un véritable message, ou du moins qui portent leurs paroles parce qu'ils y croient, ou s'ils font de l'humour finement mené, sans vulgarité.
L'autre jour on m'a fait réécouter le premier album de Gogol et je pense que j'avais dur !
Moi, je déteste. En plus ils se reforment avec Spirou à la guitare. L'autre fois, on répétait dans un local voisin du leur. On a essayé de rentrer dans leur local. Et apparemment monsieur Gogol ne supporte pas qu'on fume dans son local. Au lieu de le demander gentiment, il a pris la clope de Cyril et l'a jeté par terre. Tout le monde rigolait mais ca a presque mal fini. Il a fallu retenir Cyril et on s'est cassé. Il avait choisi le moins manchot du groupe avec Cyril.
Gogol, j'aime pas sa musique, j'aime pas la mise en scène. J'aime pas son côté "provocateur" à la télé. Ca ne m'intéresse pas.
Et ton passage à MCM avec Infraktion, qu'en pense-tu ? Le referais-tu ?
Non, j'ai été à chier ce jour là. J'ai manqué de répondant. Je n'avais pas la tête à ce que je faisais. J'aurais du envoyer chier le mec et me casser. J'étais ailleurs. J'étais super soucieux. J'ai fait des réponses vraiment naïves et niaises. Honnêtement pour moi, c'est une épée de Damoclès sur ma tête. J'en ai sincèrement les boules. Quand je me suis revu, je me suis trouvé mou, ridicule. Si c'était à refaire, je ne le referais pas !
Bouffon peut-être ?
Exactement, c'est le mot, Ridicule... Le petit con qui ne sait pas répondre, qui manque de répartie alors que c'est pas d'habitude moi. J'étais dans une mauvaise passe. J'avais été bossé le matin. Quand il a sorti ces conneries avec Malcolm Mc Laren, j'ai pas assuré du tout. On peut me chier dessus pour ca !
NDM : mon walkman a encore fait des siennes ou alors je ne sais pas bien m'en servir. Les quelques dernières questions et surtout les réponses n'ont pas été enregistrées. Puis oh miracle, le son est réapparu, nous parlions des groupes belges. Le temps était maintenant vraiment compté. Le premier groupe avait entre-temps joué et Vérole devait aller aider au stand.
Connais tu des groupes belges ?
Je connais les Kids, Spermicide, Hubble Bubble, Les Slugs, René Binamé, Annie Cordy, Plastic Bertrand...
As-tu entendu des trucs des Kids en dehors des 2 premiers ?
J'ai tout leur album en version originale vynil mais je ne les ai pas revus en concert. Il paraît qu'ils sont venus à Paris au Fahrenheit et que c'était très bien. (NDM : c'était en 96 ou 97)
Rien n'a change (split-maxi 45t avec Vatican 6titres/1982)
Le temps passe, les souvenirs restent (ep 4t/1983) retiré ensuite sous le nom de Avez vous des nouvelles de Lantier ?
Aujourd'hui les rose... (45 t /1987)
Existence saine (LP 11 t. /1989, K7 et CD 17 t. : ajout de 6 titres Live à l'Olympia -11/1189)
Le bonheur c'est simple comme un coup de fil : (album 15 t./91)
Economise et crève : (k7 live 9 t. Tirage limité /1992)
L'art de mourir : (album 13 titres, CD, k7 /1997)
Paris sous la pluie : (album 21 titres, CD et K7 - Live au Bataclan /1993)
Autant en emporte le sang : (album 12 titres, Cd et K7 /1996)
Les salauds vont en enfer / Soirée vynil : 45t
Les Slugs et René Binamé au 5ème Festival Arts en Liberté à la salle l'Avenir (en face de la gare).
Le festival s'étale sur tout le week-end (vsd), avec des débats, des expos, du rock, du théâtre, de la chanson française, des spectacles pour enfants. Paf : 150 BEF/jours ou 350 BEF/3 jours. Infos au Noir Lombric (069-77.34.07) et au R.@.T. (réseau anarchiste tournaisien : 069-84.10.76).
Les Slugs et Lokarloc T à l'Echo des Chavannes (rue Chavanne, je crois, ville haute). Entrée gratuite. Infos chez lokarloc_t@hotmail.com.