2012 64
2007 63
2006 62
2005
2002 56
1996 30 29 28 27 26 23 22 21 20
Bonne année tertous. Faute de place, je vous raconterai seulement mes escapades françaises. Retrouvez-nous samedi 17 janvier au Rockline à Lille. Nous, c'est la petite bande habituelle: Joëlle et Bof, Marteau, Je, Geoffroy, Myriam, Grégoire, Gaëlle, Vincent plus notre provision de petite mousse. J'ai préparé une longue liste de questions pour les membres de ZABRISKIE POINT qui me consacrent patiemment près d'une heure. L'interview se déroule dans le bar au dessus de la salle et la retranscription de l'entretien va être ardue car Neness de Rockmitaine passe du punk rock à fond. Le public afflue et s'entasse dans le bar, en attendant la fin des soundcheck, et la température monte, monte!
Avec deux heures de retard, TOXIC WASTE, que je vois pour la troisième fois dans cette salle, débute la soirée. Je rate le début de leur concert car je discute encore avec Moreau et les autres aux différents stands qui se trouvent dans le bar. Il fait étouffant dans la salle mais je me retrouve vite au premier rang à côté de Matou, sans son sax. Il sera invité sur scène par les quatre du groupe pour chanter un des seuls morceaux chantés en anglais. Autre morceau en anglais, la reprise habituelle de Come on Heili. Le premier CD du groupe, Je ne suis pas un numéro, je suis un mouton, est enregistré et sa sortie est maintenant imminente.
Je remonte au bar pour respirer et bien évidemment je rate de nouveau le début du concert de SOURIRE KABYLE, des lyonnais que je vais vous présenter succinctement. Ils ont sorti trois albums: Bueno Bonito Y Barata!! (Division Nada - 91), Grunge Eater (Combat Rock) et récemment Histoires de N, enregistré entre décembre 94 et novembre 96 et disponible chez Dialektik Records et sa liste de VPC. De la formation originelle, il reste le chanteur et le bassiste. Enfin c'est Jacques du zine SAUVE QUI PUNK qui a repris le "dur boulot de manager "[contact: Jacques Pinatel 34ter montée St Barthelemy à 69005 Lyon, tél: 0033-4-72.41.87.50]. Leur set est essentiellement axé sur leur troisième album, c'est normal mais malheureusement je ne l'ai pas encore écouté avant le concert. D'après Bof, le guitariste est impressionnant.
Passons au plat de consistance, les nantais de ZABRISKIE POINT. Vous saurez tout d'eux après avoir lu leur interview mais laissez-moi quand même faire quelques commentaires sur leur prestation. Ils viennent de sortir leur quatrième album, si on compte la compil des 45 tours, et ces morceaux ne font pas encore la majorité du set. Au contraire (intelligemment), on y retrouve des morceaux de tous les albums, ainsi que le morceau qui les a fait connaître, celui de la compil Dites-le avec les fleurs. Comme d'habitude, les ZABRISKIE POINT ne se font pas prier pour jouer une ou deux reprises. Le concert est excellent mais je ne parviens pas à voir la fin car je m'endors à côté des baffles dans un petit coin derrière la scène, derby-pils attitude oblige.
MarCoR...
Présentation du groupe?
On a fondé le groupe en 92. On se connaissait tous avant. C'est notre premier groupe. Il y a eu le premier concert aux fêtes de la musique puis après on a persévéré. Il y a François au chant, Xavier et Lucas aux guitares, Gwen à la basse, Olive à la batterie, Benoît aux arrangements et graphismes, et enfin Stéphane Moreau au management. Un truc très important, c'est qu'on se connaissait bien tous depuis 2, 3 ans. On était très pote déjà à l'époque et on a fait le groupe comme une continuité de notre amitié. On n'est pas du tout des musiciens professionnels du genre on passe une petite annonce, cherche bassiste. c'est un vrai collectif. S'il y en a un qui se barre, on se voit mal continuer avec un autre. Ce serait tellement saugrenu. Je ne dis pas qu'on ne le fera pas un jour, il ne faut jamais dire jamais mais à priori ce n'est typiquement pas ce plan!
Dans les sept, il n'y aurait pas des frères?
Il y a deux jumeaux, si c'est ça que tu veux savoir. On a une doublure si l'un des deux, Lucas ou Benoît s'en va! (rires).
Qui s'occupe de trouver les concerts?
Stéphane. Dès le début pratiquement. Officieusement les deux premières années et depuis trois ans plus officiellement où c'est devenu un peu plus sérieux, plus systématique. C'est au moment où Stéphane a commencé véritablement son label (Dialektik) que notre relation commune a été concrétisée.
Au départ, Stéphane, ne faisait-il pas un zine?
Oui, Total Kheops. Il y a eu 2 numéros. C'est mythique...
A-t-il choisi entre le groupe et le label?
La question ne se pose pas entre nous. L'essentiel de Dialektik pour l'instant, en attendant mieux, c'est ZABRISKIE...
Intervention de François: ce que tu dis là ne passe pas! Il y a quelque chose qui gêne! En fait Dialektik vit en ce moment grâce aux ventes de ZABRISKIE POINT. Mais j'espère qu'un jour il volera de ses propres ailes. Il y a une gestion commune. Son label est celui où on sort tous nos disques (Ndm: il y a des exceptions, voir plus loin). Il a sorti aussi d'autres groupes comme YALATEFF, les KLUNK, DEAD END, ...
On retrouve un autre Moreau sur vos pochettes.
C'est le mec du studio où on enregistre mais il n'a aucun lien de parenté avec Stéphane. Dans notre région, La Loire Atlantique, les Moreau ou plus généralement les noms terminant en "eau "sont aussi fréquents que les Dupont ou les Van de... chez vous! Moreau, c'est un nom d'une banalité rare.
Une question que vous avez déjà du entendre plein de fois: le nom du groupe fait référence à un film. Un commentaire? Etes-vous cinéphile?
Plutôt oui. ZABRISKIE POINT est un film d'Antonioni de 69. C'est un bon film mais on n'a pas spécialement choisi ce nom là pour ce qu'évoque le film. Tout simplement parce qu'on trouvait que ca sonnait bien. Quand on s'est posé la question de savoir quel nom on allait se donner, et encore c'était un jeu à l'époque, on avait vu le film 2 semaines ou 2 mois auparavant. Si on avait vu Les Bronzés font du ski, on se serait peut-être appelé les Bronzés font du ski, heureusement ce n'était pas le cas (rires).
Quelles sont vos activités extra-musicales?
Au départ on est tous étudiant. On est allé pour certains au bout de nos études et certains sont encore dedans. Fondamentalement on est encore étudiant.
Vous venez de Nantes en Loire Atlantique qui est encore en Bretagne. Avez-vous un sentiment breton?
Non. Historiquement on est à la limite de la Vendée et de la Bretagne. De plus certains ne sont pas originaires de Nantes mais de Vendée.
Quelle est votre boisson préférée?
Le Muscadet. (Ndm: vin blanc sec de la région nantaise!)
Quelle est la discographie de ZABRISKIE POINT?
Compil Dites-le avec des fleurs (Combat Rock) / 45t Politika (Adrenaline rds) / CD Fantôme / 45t Incompatibilité (Trisomik rds) / album Tout est bien / 45t Chansons populistes / CD compil des 45t + 3 inédits / album Des hommes nouveaux réceptionné le 13/1/98.
Il n'y a pas d'autres compil?
Oui Tendances négatives (Limo Life records) en 33t et trois ou quatre compil K7.
La première fois que je vous ai entendus, c'était deux morceaux sur une compil K7 de Décharge Rock and Roll, les morceaux Intellectuel de gauche et Ascenseur.
Ces morceaux proviennent de notre première démo.
Sur cette démo, il y avait une reprise de Souchon (Ndm pas Foule sentimentale mais Poulailler song) et une des WAMPAS (oui, Noël). Aimez-vous faire des reprises?
Sur scène oui. On en fait de moins en moins dans la mesure où on a de plus en plus de compos personnelles. C'est un peu la bataille maintenant pour essayer de faire tout rentrer dans le set. Ce soir on va faire deux reprises alors que d'habitude, on en faisait trois ou quatre sur un plan analogue.
Et Viva la revolution, la reprise de THE ADICTS?
C'est un cas exceptionnel car on a l'a mise sur un 45t. D'habitude, quand on reprend Atchoum (PKRK), Média Control (LES CADAVRES) ou COCKSPARRER, c'est un peu juste comme ca. Depuis le début, on a dû faire une trentaine de reprises différentes!
Certains de vos disques sont-ils déjà introuvables?
Non, il y a toujours moyen de les trouver. Plus généralement au niveau de la distribution, tu nous as demandé s'ils étaient trouvables à la FNAC, oui mais presque uniquement dans l'Ouest de la France. On trouve nos disques à Goéland, Bondage, et en général dans les distros indépendantes (Ndm: voir notre VPC Chale & Asteure). Stéphane a une liste de disques disponibles par correspondance (Ndm: prix cool)
Que pensez-vous des compilations en général et en particulier celles sur lesquelles vous êtes inclus?
Si on parle d'un point de vue universel, on retrouve la culture zapping où il faut tout le temps aller droit à l'essentiel. Dans cette logique, les gens n'aiment plus les moments creux. Le sens d'un album rock, avec justement des moments creux et des moments forts, se perd. C'est la mode des compil fourre-tout, des tubes ou des trucs directement consommables.
A l'échelle du punk rock ou de l'undergroung, la compil a presque une fonction sociale. Là, je suis tout à fait pour. Dans notre cas précis, il est clair que la compil Dites le avec des fleurs (Combat Rock) a été absolument décisive. On ne serait pas là où on est maintenant. Elle nous a lancés, donné une impulsion qui a duré un ou deux ans au moins.
Que pensez-vous des autres groupes qui ont sorti un disque sur Dialektik?
François: DEAD END, moi, je suis un fan absolu. Les KLUNK et YALATEFF sont très bien aussi. C'est Stéphane qui fait DIALEKTIK et on a à peu près les mêmes goûts. On se connaît bien. Ce qu'il signe, une expression qui vient du bizness, généralement on adore.
Et le 45t des SALES MAJESTES?
François: je suis très fan du premier album. Je connais moins bien le deuxième album.
Stéphane: Il y a des tubes!!
Votre 2ème 45t est sorti sur un autre label. Un commentaire?
TRISOMIK rds a été créé par un copain, Yoann Besson qui est fan de ZAB. Il a monté son label et on a été sa première production. (45t Incompatibilité). Maintenant je ne sais pas ce qu'il a fait après mais il reste actif dans le milieu!! (Ndm: chanteur de REVOLUTION TIME).
Je vais vous poser une question qu'on pose plutôt aux groupes débutants: quelles sont vos influences et qu'est-ce que vous écoutez maintenant?
Je trouve que c'est une question qu'il faut toujours poser! Il y a une différence entre ce que tu écoutes et tes influences. Ce qu'on écoute varie vachement. Allez voici pêle-mêle nos groupes préférés: GREEN DAY, les RAMONES, THE CLASH, PETER & THE TEST TUBE BABIES, PKRK, BULLDOZER, THE DESCENDENTS, STIFF LITTLE FINGERS, 999...
Vous ne citez là que des groupes punk rock!
Là je parlais de l'ensemble du groupe. Moi personnellement j 'écoute aussi les STONES, les WHO et d'autres les PIXIES, THE CURE et même des trucs plus pops!
Citez trois groupes français actuels au top?
- NOIR DESIR (unanimité!) - PKRK, toujours, alors qu'ils font leur moins bon album des quatre (Pogo Braque), ca reste un super album. C'est un groupe monstrueux, on ne le dit pas assez! - LES WAMPAS: non pour moi, ils sont artistiquement morts (bref ils ne sont pas d'accord entre eux) - Musicalement DEAD END aussi. Ils sont de Strasbourg!
Vous avez eu des problèmes avec la Sacem (équivalent de la Sabam). Expliquez un peu!
On a eu une grosse amende pour la pochette du premier album mais contrairement à ce qui a été répandu, ce n'est pas la Sacem qui nous l'a collée mais l'Office de protection des oeuvres cinématographiques. On avait commencé par une amende de la Sacem à cause du bout de discours de Balladur qu'on avait mis et qui avait déjà été utilisé. On s'est pris 5000 FB d'amende. Puis une nana de la Sacem a fait du zèle et a renvoyé notre pochette à l'organisme cité précédemment pour nous dénoncer! Du coup, on s'est pris une nouvelle amende pour la pochette.
Justement, à propos de la pochette de l'album Fantôme, elle représente Robert de Niro dans le film Taxi Driver.
Là on a plusieurs trucs à dire. 1: on est tous fan de Scorcese en tant que cinéaste. 2: donc de Taxi Driver, film qui nous a beaucoup marqués. 3: c'est un film très important dans l'histoire du cinéma mais aussi dans la culture punk car on y voit un mec devenir punk. Ca se traduit par une crête en l'occurrence. La crête a pris des connotations auxquels on n'adhère pas forcément. A l'époque de la sortie du film (76), c'était quelque chose de très fort. Ce qu'on aime bien, c'est que c'est vrai qu'il a une crête, qu'il est habillé en treillis et qu'à ce moment du film, il va bientôt trucider deux ou trois personnes, des salopards, qu'il est parti pour tuer un homme politique populiste, mais il sourit. Il y a cette élégance dans le destroy qu'on a beaucoup aimé, une espèce de raffinement dan la radicalité. En plus de sourire, il applaudit ironiquement ce qu'est en train de dire l'homme politique populiste qu'il est parti tuer et qu'il ne tuera pas finalement.
Autre chose, bien souvent, vos pochettes sont critiquées car elles paraissent naïves, et alors?
François: ca me fait vraiment rire, je vais finir par m'énerver! Il y a eu d'autres échos et donc ce n'est pas spécialement fondé et pas unanime!
Benoît (responsable des pochettes): je trouve qu'il y a un certain conformisme dans l'esthétique du milieu punk rock qui joue toujours sur les mêmes clichés. Dans le groupe, tout le monde est d'accord sur le principe. On ne rentre absolument pas dans ce jeu là, on essaie au contraire de ne pas cibler càd parler uniquement pour des gens précis qui écoutent une telle musique. Une pochette doit être vue par n'importe qui et ne doit pas être codée pour tel ou tel public ou milieu.
François: les pochettes de Benoît font l'unanimité dans le groupe. Il cherche à faire des pochettes + simples parce que c'est parfois ce qu'il y a de plus dur à dire et c'est parfois la plus belle chose. Quant à la pochette d'Incompatibilité qui a été la plus décriée, où tu vois le petit personnage courant en l'air en haut tout seul et une masse en bas, c'est vrai que c'est simple. Tu peux voir un homme qui est sorti de la masse qui speede. En réalité, ca me fait mourir de rire. Il y a un conformisme esthétique incroyable dan la représentation que le punk rock se donne à lui même, regarde les illustrations dans les fanzines.
On y retrouve les mêmes dessinateurs!
François: si les dessins de Benoît sont naïfs, c'est au sens où on parle d'art naïf, un peu comme certains peintres de la fin du 19ème siècle tel Le Douanier Rousseau (voir Larousse nom propre).
C'était donc une question énervante?
C'est chaque fois pareil. Ce milieu est sclérosé, gangrené par le conformisme, par une espèce de productions de contre-clichés. On essaie de lutter contre ca, dans les paroles, la musique et Benoît est en continuité avec notre position esthétique générale et politique.
Qui est le personnage sur la pochette de la compil des 45t?
C'est un copain à nous. Il s'était déguisé ce soir là dans le cadre d'une fête. Il est déjà sur une autre pochette. Il s'avère qu'il n'y en a pas dix qui peuvent se déguiser comme lui. Il arrive toujours à être dans une situation pas possible et quand on a besoin d'une photo, c'est évident qu'on tombe forcément sur lui. C'est un être exceptionnel et il faut le dire.
Sur cette compil là justement, pourquoi ne pas avoir ajouté aussi les morceaux de la première démo?
Les titres de la démo non exploités, ce sont des reprises, et on ne les exploitera plus jamais pour un disque. Sur les quatre ou cinq chansons qui restent, on en fera peut-être quelque chose un jour.
Deux morceaux des 45t; la reprise des ADICTS et Logique du pire (inclus sur le deuxième album) ne sont pas sur cette compil, pourquoi?
Ca aurait fait super redondance si on les avait mis!
Combien avez-vous fait de concerts?
Plus ou moins 200.
Quel est votre meilleur souvenir?
Pendant la première tournée avec PKRK, on a rencontré des gens. Ca reste de bons souvenirs. Le concert à Paris en fin de tournée est assez mémorable. C'était le dernier concert à la Lola
Je vous ai vus quelques fois en concert. La 1ère fois à Tournai en Belgique. Il y avait très peu de monde mais je suis allé vous revoir 2 jours après à Lille. Puis encore au CAES (Punk sur Scène 96), au Grand Bourreau (festival), au Festival de Couterne...
Et aussi avec les BINAME à Herlies.
Oui évidemment! Revenons au Festirock, connaissiez-vous ce festival avant d'y aller jouer en 96?
On n'était jamais allé en tant que spectateur mais on a joué à Couterne pendant la tournée avec PKRK.
Avez-vous déjà joué à l'étranger à part à Tournai?
Non. On se pose la question de faire la fameuse tournée des squats en Italie comme INFRAKTION ou YALATEFF. Cela en vaut-il vraiment le coup? Est-ce qu'on aurait du temps pour le faire, sinon on peut le faire!
Que connaissez-vous de la Belgique?
Johnny Halliday, Annie Cordie, RENE BINAME, Plastic Bertrand, La Ligne Claire. Pour le cinéma, on n'aime pas Jaco Van Der Mael mais les frères Daerdenne avec La Promesse, c'est bien!
Organisez-vous des concerts? Faites-vous partie d'une asso?
Pas vraiment. On a fait venir des groupes avec nous à Nantes comme PKRK; Un pote à nous a organisé un concert avec LES CADAVRES, PKRK, HEYOKA et nous. Les +++ sont venus aussi...
Avez-vous déjà fait un bulletin d'info?
Stéphane a sa liste de VPC. Mais non, l'idée c'est qu'on dit ce qu'on a à dire dans les textes ou dans les interviews. On ferait bien un zine tel qu'on aimerait en voir plus souvent, voire même un fanzine parodique.
Justement, que pensez-vous des zines, magazines, de la presse rock ou générale, bref des médias?
Le punk rock au niveau diffusion est considéré comme ringard, dépassé et donc ca ne passe pas sauf les trucs qui se vendent énormément, comme des américains. Le punk rock français n'est pas chroniqué dans les magazines nationaux, pas du tout médiatisé, ne passe pas à la radio. Donc forcément après il y a des réseaux indépendants qui se sont formés et rien que pour ca les zines font un boulot inestimable. Ils font vivre les groupes, ils sont des relais entre ceux qui font des disques et ceux qui veulent bien les acheter. Ils diffusent les dates de concerts, etc. Ils ont un côté: on défend les groupes, on les supporte vraiment. Le principe "support your local band ", c'est très bien. Mais comme on a dit, on reproche aux zines leur conformisme esthétique ou parfois idéologique, les deux étant souvent liés. Ce que je préfère dans les zines, c'est les chroniques de skeud et il n'y en a pas assez. Les interviews c'est quand même toujours des questions du style: 1- historique du groupe, 2- quand avez-vous sorti votre dernier album, 3- les prochaines dates,... Toutes les questions vont dans le sens: vous faites un groupe, ca fonctionne, comment ca fonctionne,... Je préfère qu'on nous demande par exemple nos références, c'est plus intéressant. A la télé, au niveau musical, il y avait culture rock. Maintenant c'est remplacé par une émission métal. C'est fait par les gens de Rock Sound et cie. Ces gens là ne veulent pas se mettre à écouter ou à prendre au sérieux le punk rock français.
J'ai quand même vu LSM et INFRAKTION à MCM!
Ce sont les exceptions qui confirment la règle. De même quand il y a un article sur PARABELLUM dans Rock Sound. Il y a quelques années, à l'âge d'or du mouvement alternatif, BERURIER NOIR s'est retrouvé en couverture de BEST qui s'est quand même commencé à se dire qu'il y avait un vrai public.
Best a chroniqué la compil Dites le avec des fleurs!
C'est vrai on l'avait noté.
Qui écrit les paroles?
C'est moi François à 99 %.
Bon voici quelques questions qui te sont destinées. Explique un peu la chanson Marx et Hegel.
Marx et Hegel sont (Ndm: comme tout le monde le sait) deux philosophes. J'aime beaucoup la philo et je me suis un peu amusé avec cette chanson. Traditionnellement on dit que Marx a remis Hegel sur ses pieds. Il a renversé la dialectique de l'idéalisme d'Hegel en dialectique matérialiste. Il l'a ancré dans le réel.
Dans la chanson, il y a un dialogue entre deux "potes "à la terrasse d'un café. Il y en a un qui tient des propos typiquement idéalistes. Il se fait une idée du 21ème siècle qui serait l'âge d'or à cause du progrès. Il a donc une idée. Par rapport à cette idée-là, il trouve que le réel est vraiment "lose ": il y a 3 millions de chômeurs, il y a des SDF... Ou encore il dit: "nous sommes dans le pays des droits de l'homme (idéalisme), or ces droits ne sont pas respectés "...
L'autre lui rétorque: "Si les droits de l'homme ne sont pas respectés, c'est que nous ne sommes pas dans un pays qui les respecte! "
C'est donc Marx qui remet Hegel sur ses pieds.
Que fais-tu en attendant mieux?
En attendant mieux... Je fais parler quelqu'un mais ce n'est absolument pas moi. Je ne vis pas du tout comme cela. Je n'attends jamais mieux. On essaie de construire du mieux, mais attendre mieux, en politique et dans l'existence en général c'est très mauvais.
Qui a abandonné?
Contre Culture, c'est un morceau contre une certaine tendance dont on a déjà parlé du punk rock, du milieu punk à se contenter de ses acquis culturels, d'être une contre culture et se contenter de contre clichés et pas essayer de réinventer ses propos, de renouveler, de les retravailler par rapport à la réalité, aux nouveaux problèmes que nous posent la société. Vous avez abandonné, c'est peut-être vous avez abandonné l'impulsion de départ qui était dynamique, critique et maintenant vous êtes devenus une espèce de contre famille qui n'avance plus.
Groucho ou Karl? C'est une question qu'on vous a déjà posée car je l'ai lue dans une de vos interviews dans un zine!
Je crois que j'avais répondu que j'aimerais bien que ZABRISKIE POINT soit une bonne synthèse entre les deux!
Que penses-tu du rock fusion, du hardcore? Vous y faites allusion dans un texte du premier album!
Je déteste cette musique. Je trouve que c'est laborieux, pesant, souffreteux. Il y a cette idée de l'énergie. C'est lourd et ca manque de style et de légèreté. Quand on écoute les premiers groupes de punk rock, c'est incroyablement léger et aérien. Tu n'as qu'à écouter BUZZCOCKS et CLASH. Dans la fusion il n'y a pas de mélodies.
Que pensez-vous des reformations?
Je suis assez neutre. Je ne suis pas pour ni contre. J'écoute l'album. Si c'est bien, je me dis qu'ils ont bien fait de se reformer, ils ont fait des morceaux qui me plaisent. Si c'est pas bien, ils n'avaient qu'à rester chez eux et nous laisser un bon souvenir. Généralement pour les reformations, les mecs ont donné l'essentiel de leur inspiration et c'était vraiment pas la peine d'un point de vue artistique qu'ils se reforment. A priori, je trouve ca un peu malsain et ca va bien avec la tendance passéiste du punk, de toujours ressasser les mêmes mythologies au lieu de s'intéresser à des nouveaux groupes qui valent le coup.
Pour finir, dites ce que personne ne vous demande d'habitude et que vous aimeriez aborder?
Il y a quelque chose que j'aime bien dire, c'est que je considère le punk rock comme un domaine artistique au même titre que pleins d'autres domaines. Faire du punk rock c'est faire de l'art, pas mineur, et dans mon parcours les RAMONES ont autant bouleversé ma vie esthétique que Rimbaud.
[Dialektik records / Zabriskie Point: Stéphane Moreau, 44 rue d'Aquitaine à 44115 Basse-Goulaine France]
MarCoR...
Jeudi 22 je retourne à Lille au Rockline. Il y fait nettement plus respirable car 250 personnes comme samedi pour ZABRISKIE POINT, c'est un record! BABY BOOM débute la soirée. C'est un trio composé de jeunes fans de THE EXPLOITED qui viennent du Pas-de-Calais. Le guitariste et le bassiste chantent en anglais et ils finissent leur concert par une reprise de ONE WAY SYSTEM, Give us a Future.
Changement de style avec GOLPE DE ESTADO, un groupe qu'on retrouve sur des compils diverses telles la dernière de On a Faim (voir AREDJE 37), ou les compils ska (skanking with the frogs) et punk (pogoïtting with the frogs) du label Manfred Rude. Vous avez compris, on a affaire à un groupe ska qui fait quelques morceaux punk, à moins que ca ne soit l'inverse. Ils viennent de la région de Reims.
Les DICKHEADS, groupe de St-Etienne, m'ont un jour demandé des adresses d'organisateurs en Belgique et ont quelques espoirs d'y jouer cette année. Ils ont sorti un album vynil, Born to Hate, en 96. Formé en 92, le groupe est dans une mouvance oï-punk-rock avec une influence anglaise: la preuve leur excellente reprise de Borstal Breakout (SHAM 69) en ouverture du concert et d'autres reprises tout au long du concert. On les retrouve sur des compils françaises et même américaines (des EP). Ils chantent essentiellement en anglais.
MarCoR...
ZABRISKIE POINT et LES SALES MAJESTES respectivement vendredi 6 et samedi 7 en Île-de-France, ça va le faire.
Je retrouve Raymonde ex Blancs Becs au Trou Gaulois (métro Anvers) pour la présentation du CD Amnistia, compil de soutien aux familles des prisonniers politiques basques. Promis, je l'écoute, je lis toute la doc et on en reparle dans un prochain JADM.
Ensuite, direction la Banlieue Nord et la MJC de Epinay-sur-Seine où en plus de ZABRISKIE POINT, sont programmés LES SCHLITZ, ZAMPANO et AHORCADOS. J'arrive assez tard et je rate les SCHLITZ et ZAMPANO. Je vais quand même vous dire un mot des SCHLITZ car on y retrouve Guillaume, l'ex-batteur de INFRAKTION. Un 45t est prévu pour bientôt.
La salle n'est pas vraiment adaptée à un concert. Ca ressemble à une salle de théâtre avec les fauteuils et tout, et un parterre de 10 m² devant. Le bar est à l'entrée, séparé de la salle par une porte anti-bruit et des pancartes invitent les spectateurs à ne pas boire et fumer dans la salle de concert passé cette porte! Je retrouve Moreau et les ZABRISKIE POINT dans la pièce du bar, ainsi que les copains normands (Couterne-Briouze) que je ne vais plus quitter pendant 2 jours. AHORCADOS fait son concert avec un nouveau bassiste, Stéphane, que j'ai connu quand il était road de RAYMONDE & LES BLANCS BECS en 93 et qui a fait une feuille d'info appelée Diabolik.
Fatou et Léa arrivent encore plus tard que moi, juste à temps pour voir les ZAB. Le concert commence par Chanson populiste, du 3ème EP. Puis c'est ma préférée, En attendant mieux, et ca continue très fort. Xavier casse une corde et les autres continuent à quatre le temps d'un morceau. On retrouve sur la play-list trois morceaux du dernier album que j'ai pris soin d'écouter depuis Lille et il est fameux! Le dernier morceau avant les rappels est une reprise de OBERKAMPF, Tout ce fric, avec la même façon de chanter et très fidèle à l'original. Pour le rappel, les spectateurs présents réclament Viva la revolution des ADICTS et ils ne sont pas déçus. Chouette concert mais son(o) plutôt moyen(ne), salle inadéquate, public peu nombreux (La Banlieue, c'est trop loin de Paname!) et sorteur un peu limité. Malgré tout, nous restons au bar jusqu'à 2 h du mat et le stock de Kronenbourg et de 33-Export finira bradé à 5 FF au lieu des 10 FF habituels.
Avec mes normands favoris, nous prenons un dernier verre à Paris puis une partie de la bande (including myself) va dormir chez François, un autre ex-INFRAKTION, qui est tout surpris de me voir. Le lendemain, nous nous retrouvons un peu avant le concert de BRIGITTE BOP, GASTEROPODES KILLERS et LES SALES MAJESTES à la salle Confluence. (Paris 20ème arrondissement). La soirée est organisée par GASTEROPODES KILLERS ASSO et TRAUMA SOCIAL, une feuille d'infos punk-ska qui en est son n°10. On retrouve d'autres membres d'INFRAKTION, Marsu de Crash Disque, Chester (qui a sorti un nouveau recueil de ses dessins, intitulé Fils de Tarba), JHY de TA! et bien d'autres acteurs de la scène parisienne. Nous arrivons pendant le set de BRIGITTE BOP, groupe punk rock d'Orléans-Bourges qui figure sur les compils Mozart est las et Dites-le avec le sourire et a sorti un 45t sur Limo Life, le label cher à Bruno (vu tant vendredi que samedi). Leur set chanté principalement en français est écourté, le concert prévu à 19 h s'est déjà pris une heure dans la vue. Déception pour les cinq membres du groupe (chanteur, chanteuse, bassiste, guitariste et batteur): ils n'ont pas pu jouer la reprise de CLASH qu'ils avaient spécialement préparée pour leur premier concert à Paris.
Comme la veille, le bar et la salle sont séparés. Entre chaque groupe, c'est la ruée au bar ; pendant les concert,s la salle devient étouffante. Bref, la répartition des "masses "n'est pas du tout homogène!!
Rebelote pour le début des GASTEROPODES KILLERS. Sur leurs premières productions (K7 démo + 45t), ils étaient trois (Nath: chanteuse et bassiste, Drunk: guitariste et Dom: batterie); maintenant Droopy leur ancien sonorisateur les a rejoints sur scène à la deuxième guitare. Leur musique a évolué depuis lors et ils ne jouent d'ailleurs pas les morceaux du 45 tours, à une exception près (le morceau La Rage, aucun rapport avec celui des SALES MAJESTES). Au concert de ZABRISKIE POINT à Lille, ils m'avaient refilé une K7 quatre titres qui seront sur leur prochain album, déjà enregistré et bientôt en boîte. [90 FF chez GK-Ekokille: 130, route de Noisy bte 95 à 93230 Romainville, France]. J'ai reconnu sans peine trois de ces morceaux ainsi qu'une reprise de CLASH (décidément très prisé), What's my name en avant-dernier morceau du concert.
Pause ravitaillement, distribution d'Aredje, papotes et voilà déjà LES SALES MAJESTES. Le groupe est plus que rodé et les spectateurs keupons réagissent au quart de tour. Soudain, la sono (la façade) tombe en rade pendant justement mon toujours morceau favori, Partir. Ce petit incident, plus le fait qu'on étouffe vraiment et qu'il est impossible d'avancer dans la salle, me décide à m'arranger (avec Drunk) pour me retrouver dans mon coin favori pour voir un concert: sur le côté de la scène en backstage! Fi de tous ces problèmes, je profite un max de la musique. Le groupe interprète les morceaux des deux albums et finit le concert par deux fois deux morceaux en rappel.
Dès la dernière note, les lumières se rallument et le nettoyage de la salle commence. La salle doit être remise, nettoyée, pour deux heures. On ne traîne pas à Paris! Nous finissons notre soirée au troquet voisin puis rentrons à pied chez François. Pas tout à fait car nous sommes pris en stop par Drunk et sa camionnette qui ramène le matos des GK!
MarCoR...