2012 64
2007 63
2006 62
2005
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Vendredi 9 mai, le lendemain soir du concert des SLUGS avec BANLIEUE ROUGE, je prépare le stand AREDJE pour la mini-tournée normande de RENE BINAME: un concert dans le bar de Cifran à Taillebois et un autre, un peu spécial, chez Martial et Sylvie à Couterne. Surprise: EsGibt reste à Bruxelles et c'est donc en trio que RENE BINAME se produira. J'ai peine à y croire mais bon il parait qu'il a une très bonne excuse (un mot du médecin ?). Comme joyeux compagnons de route, il y a également Geoffroy et Vincent (Le Rouf).
Samedi matin, lever à 6 heures et vers 7h30, on est parti. A Mons, nous effectuons un arrêt petit déj' et nous dévalisons le rayon chope d'une grande surface (nos habituelles sous-marques et des Rochefort + Moinette pour offrir au terme de notre voyage). Parés de ces denrées vitales, le trajet se déroule sans problème, sauf qu'il pleut chaque fois qu'on s'arrête et que la pluie cesse dès la mise en marche de la camionnette.
Nous voilà arrivé à Briouze, à quelques kilomètres du terme. Taillebois doit se trouver à moins de 15 kilomètres et on demande le chemin au seul café qui contient le 45t d'Infraktion dans son juke-box. A Taillebois, impossible de se tromper, au carrefour de 2 départementales, se dresse le seul bar à 10 km². Cifran et Marie-Noëlle (qui attend un heureux événement, à propos bienvenue au petit Loïc, le petit frère de Caroline et félicitations à Cathy et Jef) nous attendent à partir de 17 h et nous sommes tip top à l'heure. Aucun stress, le concert n'est prévu que vers 21h. J'ai le temps de déballer mon petit magasin. Cifran est un fan de C'est arrivé près de chez vous et Geoffroy et Vincent rebaptisé Rémy s'en donnent à coeur joie. Le repas est copieux et arrosé. Aie, aie, la soirée est encore longue.
Vers 21 heures, au début du concert, il n'y a que quelques personnes mais les gens arrivent en nombre et au 4ème morceau, le bar est bourré (peut-être plus de 100 personnes). La formule bar est adoptée. Fabrice, R-Man et Binam' jouent trois sets de morceaux. Le record de longueur du concert d'Arlon, où ils avaient joué bien 2h30 (le set normal + une vingtaine de rappels), n'est pas tout à fait battu mais presque égalé. Vestimentairement, Binam' a dégotté 3 maillots de coureurs cyclistes aux puces et tout 3 les enfilent. Vincent - Rémy chante donc: c'est pas l'uniforme qui fait le Binamé, c'est le maillot de cycliss... De mon stand, je ne perds pas une anecdote du concert mais je suis bientôt terrassé par une furieuse envie de dormir et je laisse en plan ma précieuse marchandise. Fabrice parti pisser un court instant tombe dans l'escalier sus tiess mais finalement avec plus de peur que de mal: eh non il n'y avait pas deux étages mais 3 marches. Enfin, dans le noir, c'est la même chose. Malgré tout, le concert recommence et se passe très bien. Comme à Arlon, dans des conditions similaires, il y a eu une très bonne ambiance. Comme dirait Charlie Harper: Back to the pub !!!
Le lendemain matin, on risque l'incident diplomatique car Fabrice ne retrouve plus sa casquette: là aussi plus de peur que de mal car le précieux couvre-chef est retrouvé. Nous pouvons prendre la route de Couterne. En fait, Martial et Sylvie profitent de notre passage pour faire une petite cérémonie de jumelage de leur bar avec La Grange de Clac Boum Jean-Luc et Félicia, avec document (presque) officiel à l'appui, vin d'honneur et tutti quanti. Après cela, notre trio enfile ses maillots et nous voilà reparti pour une bonne heure de rock and roll Binamesque. A la caserne des pompiers de Couterne, c'est Martial qui a le plus beau casque. Les parents de Fatou apprécient les morceaux de l'album 71-86-21-36 . Un deuxième petit set (7 morceaux, ben tiens), puis les instruments sont rangés et nous voilà au comptoir ou au flipper. Binam' qui prend le volant reste dans la limite du raisonnable et laisse donc les café-calva aux autres. Vers 22 heures, après avoir mangé, nous reprenons la route sans encombre sauf à Amiens où on loupe comme d'habitude la route de Cambrai.
MarCoR...
Mathieu, mon éminent confrère dans les TOXIC WASTE, nous avait concocté un double concert ce week-end du 6 et 7 juin à Lille au Rockline. Commençons par une brève description des lieux. Le Rockline, mythique salle de concert de la capitale des Flandres (française), est en fait un (vaste) café mais où les concerts se déroulent dans la cave. Ca ressemble donc à La Zone en un peu plus frais et avec une meilleure ventilation. LES SLUGS sont allés jouer là-bas le 11 avril après TOXIC WASTE et LES SALES MAJESTES. Chouette soirée que curieusement je n'ai pas raconté de large en large.
Pour l'affiche de ce week-end, tout va bien, il n'y a pas d'annulation de dernières minutes et les groupes suivants vont se succéder: MALAKA, FREEZE KIDS, DISGRACE et MASS MURDERERS le vendredi; PERFUSES, TOXIC WASTE et PKRK le samedi. 7 groupes dont 5 noms que vous connaissez déjà si vous êtes des fidèles lecteurs de mes récits.
Vendredi 6, il fait très chaud et le voyage en transports en commun est plutôt diversifié: train jusqu'à Mouscron, bus transfontalier jusqu'à Roubaix, tram vers Lille-Flandre et enfin métro sans chauffeur pour me pointer à moins de 200 mètres du Rockline. Il est 18h30 et Mathieu attend les FREEZE KIDS et MALAKA pour compléter le matos commun de la soirée. A 20h 30 début officiel des festivités, pas grand monde et comme d'habitude les gens se arrivent plutôt tard. Pour les chiffres, le bilan est de +/- 130 personnes payantes dont 40 tickets pour les 2 jours. Sinon, je retrouve les désormais habituels visages (quand je me rends en France) et citer les noms est beaucoup trop fastueux. La première bonne nouvelle qui infirme la rumeur provient de Matou qui quoique ayant encore son bras bandé, est bien présent et jouera le samedi. Je feuillette le numéro 4 de la feuille d'infos des TOXIC WASTE bourrée de nouvelles sur les différentes compilations françaises, les concerts, les changements dans les groupes et bien sûr je lis l'interview des SLUGS, quoique je connaissais les réponses, et pour cause.
Ca y est, le premier groupe commence: MALAKA qui provient de La Bassée, près de Herlies et donc près de Lille. Pour être honnête, je ne les ai pas vus beaucoup et émettre un jugement serait difficile. Demandez plutôt à Simon et Benet d'AB IRATO qui n'ont pas arrêté de sauter en l'air pendant leur concert. FREEZE KIDS les ont suivis sur scène. Comme je l'avais dit après le Caes, c'est carré, mais je ne connais toujours pas les morceaux à part le morceau d'une compil. Ils ont fait une reprise, c'est classique, et on m'a dit que c'était de HAINE BRIGADE, mais j'avoue que je ne connaissais pas ce morceau.
Pour DISGRACE, c'est différent car vous savez que j'ai leur CD Catharsis. C'est le dernier concert du batteur et malheureusement pour eux, ils vont devoir annuler quelques concerts pour pourvoir former son remplaçant. Leur set est très chaud. Comme d'habitude, Arno, pas l'ostendais mais leur chanteur, se jette dans le public pour la plus grande joie du public susnommé. Ils nous refont le coup de la reprise parisienne de Couleur sur Paris mais je ne serai pas le premier à m'en plaindre. Comme autre reprise, le Have you got 10 pence de THE EJECTED, chanté par le bassiste.
Les bretons de MASS MURDERERS clôturent la première soirée. Le chanteur a une chouette dégaine (crête, tatoo et tout) et n'a pas l'air grande gueule. Ils ont quelques disques dont un live en vynil 25 cm, format assez rare et donc à signaler. Avant de les voir, on m'avait cité comme référence THE EXPLOITED ou POISON IDEA. De fait, c'est un peu leur style mais ce serait restrictif. Ils sont 4 sur scène: guitare-chant, guitare, basse, batterie et ca pète bien. Pour beaucoup c'est la claque de la soirée. Toujours pour signaler les reprises, une de STIFF LITTLE FINGERS, groupe plus qu'apprécié parmi les groupes keupons français. Après le concert, ils sont repartis tout de suite sur Rennes car leur asso (donc eux !) organisait un festival le lendemain dans leur ville avec à l'affiche GBH, THE VARUKERS, + eux, MELMOR (autre groupe breton avec grosse réputation et un violon comme particularité, qui va bientôt splitter car le violoniste se barre à l'étranger pour des études) et quelques autres groupes...
Le lendemain rebelote. Oliv' des TOXIC WASTE m'héberge et j'ai ainsi visité le sud du Nord et le Nord du Pas de Calais. Rendez-vous à 16 h au Rockline pour apporter le matériel et nous sommes à l'heure. Il fait de plus en plus chaud. Arnaud, de NO GOVERNMENT, m'interviewe et je lui décris toutes mes occupations au sein d'Aredje and co. Geoff et Le Rouf arrivent en stop après avoir été déposés sur la Place Tacq. L'attente est longue et le plus souvent au soleil. Le soir tombe et les gens arrivent, toujours pas trop à l'heure. Surprise agréable pour Mathieu: il y a presque 2 fois plus de monde qu'hier. Le samedi soir, c'est la fièvre à Lille même que Chirac est en ville !
Les PERFUSES jouent les premiers. Pendant une heure, ils enchaînent leurs classiques. Rien à signaler en particulier. Ou plutôt si, ils ratent l'intro du 2ème ou 3ème morceau et préfèrent le recommencer. Bon ca arrive à tout le monde. Je n'ai pas tout vu car j'ai fait des aller-retour pour respirer un peu car il faisait trop chaud. Si vous voulez les (re)voir, ils jouent début juillet près de Boulogne et aussi au festival de L'Isle sur la Sorgue où je devrais être en terrain connu, du moins au niveau des membres des groupes. Et on parle d'eux aussi pour Couterne. Chouette.
Mathieu toujours anxieux esquisse un sourire pendant le concert de ses préférés. Ben oui ca roule pour les TOXIC WASTE malgré le son approximatif. Matou est là, en pleine forme avec son saxo. On aurait espéré la présence d'Audric mais il n'est pas venu. L'intro puis 3 BB lancent le concert. Les belges du public sont en forme. Comme je signale les reprises, n'oublions pas celle de Come on Heili de DEXYS MIDNIGHT RUNNERS en version TOXIC WASTE et un truc de NOFX en version NOFX. 3 BB version 2 termine leur prestation. Signalons qu'il ne reste que peu d'exemplaires du split-45 t avec PHASE TERMINALE (même votre VPC favori aura difficile de s'en procurer encore beaucoup). Le groupe espère trouver de généreux donateurs pour financer un album pour la fin de l'année.
C'est au tour de PKRK maintenant. Comme à Paris, une impression de gros bordel sur scène mais là Vincent va jouer de la guitare un bon bout de temps. Mon opinion n'a pas changé: leur deuxième album est vraiment leur meilleur et pour mon bonheur ils font quelques morceaux de celui-ci: What's my name, On n'est pas sérieux (quand on a 17 ans) et entre autres Atchoum. Le set est chaotique. Vincent s'en prend à sa guitare qui se désaccorde trop à son goût. Richard (l'autre guitariste) en prend plein la gueule. Caps semble rester impassible tandis que le batteur se marre. Au milieu du set, Vincent annonce qu'ils vont faire une reprise d'un groupe de tapettes: Fiction Romance (morceau cher à Von) des BUZZCOCKS. Le concert se termine un peu d'une façon chaotique. Le public chante les paroles d'un de leur morceau puis le batteur s'y met puis la guitare, la basse. Vincent revenu du fond de la salle (là où se trouve le bar ?) reprend le micro. Une rumeur venue d'en haut me refroidit: on annonce une descente de skins. Le souvenir de MAJOR ACCIDENT hante les esprits. De fait 4 malabars (born to kill ?) sont venus narguer le Rockline. N'épiloguons pas trop là-dessus, c'est suffisamment grave comme cela. Malgré tout le concert se termine par le Cayenne de PARABELLUM, un classique qui est aussi sur une face B d'un 45 de PKRK.
L'orage éclate. J'évite de rester sous la douche et j'ai l'occasion de trouver un toit pour dormir quelques heures et faire le trajet métro, tram, bus, train le lendemain. Merci à toi David. Prochaine virée en France au mois de juillet à L'Isle sur La Sorgue et à Couterne. A bientôt.
MarCoR...
Ce 8 mai 1997, à Bruxelles, au Magasin 4, Safwan, le chanteur-guitariste rythmique et Sylvain, l'autre guitariste, répondent à mes questions. Xavier, le bassiste, et Jean François dit Jef le batteur sont en train de manger.
Historique rapide du groupe:
Le groupe existe depuis 89. On vient à la base du sud de Montréal. Sinon aujourd'hui, on vient présenter en France et en Belgique notre 4ème album studio Sous un ciel écarlate. On a fait une vingtaine de dates étalées sur le mois d'avril et de mai.
Seulement en France et Belgique ?
Oui, pas en Suisse. Au départ on voulait la France, la Belgique, la Suisse et l'Allemagne. Puis on a eu assez de propositions en France et la date de Bruxelles est la seule non française.
La tournée européenne a été reportée. Elle devait coïncider avec la sortie de l'album ici ?
Tout à fait. L'album est disponible en Europe. En Belgique je ne sais pas ce qui se passe mais on peut le trouver dans les magasins français un peu partout.
Distribué par ?
Musidisc et c'est sorti sur le label Combat Rock. Il faut le demander. C'est comme tout ce qui n'est pas de la variété.
Est-il disponible via les petites distros alternos ?
Il faut contacter les gars de Combat Rock. Ce sont eux qui s'occupent de la gestion de tout cela en ce moment.
Et la vente par correspondance ?
Nous, on n'en fait pas. Combat Rock en fait un petit peu.
La vente directe au concert ?
Oui, on vend nos albums sur les concerts, toujours.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Safwan: Tout le monde jouait dans d'autres groupes à part moi (Safwan). On s'est rencontré parce qu'on était des amis. Je connaissais tout le monde dès le départ. On ne s'est pas rencontré via des petites annonces.
Sylvain: On a presque appris à jouer de la musique ensemble car à par Jef qui faisait de la musique d'un autre style et qui avait un groupe assez évolué, Xavier et moi faisions des petits groupes punk qui tournaient en rond. BANLIEUE ROUGE est le premier projet dans lequel on s'est impliqué réellement.
Safwan: A longue échéance, c'est aussi un projet où on a décidé de prendre certains engagements, de s'avancer sur des objectifs qu'on aurait dans le groupe. Mon apprentissage, en tant que chanteur, je l'ai fait dans BANLIEUE ROUGE.
Vous avez profité de la venue de BERURIER NOIR ?
Les BERURIER NOIR ont été un catalyseur dans le sens qu'ils ont montré aux québécois qu'il était possible de faire du bon rock agressif en français. Souvent, les groupes punk à Montréal chantaient en anglais même s'ils étaient francophones.
Pour nous, la comparaison avec BERURIER NOIR était inévitable. Mais malgré ca des groupes on peut dire punk rock français ont eu une influence plus directe et plus majeure à cette époque là, sauf que c'est normal que BERURIER NOIR ait été la base de comparaison car c'est le groupe qui a le plus marqué cette époque là. C'est bien car c'est un groupe qui a accompli beaucoup de choses. Dans ce sens là, on n'est pas triste de la comparaison. Le chanteur de BERURIER NOIR montait un label à cette époque et quand BERURIER NOIR a arrêté, il s'est rendu compte qu'il y avait encore une demande très forte pour ce type d'approches, bien adolescentes, bien rentre-dedans, bien directe. C'est une source d'énergie qui était relativement sincère, qui plaisait au public et qui manquait du fait de l'arrêt de BERURIER NOIR.
Maintenant on est en 97 et il s'est passé bien des choses. Je pense que notre background est beaucoup plus vaste que BERURIER NOIR. Malgré tout ce qu'ils ont fait, il faut réussir à voir plus que ca. C'est un peu comme les gens qui restent bloqués sur un événement. C'est bien et ca fait partie d'un passé mais il faut aller au-delà. Il ne faudrait pas rater la suite de ce qui se passe parce qu'il s'est passé quelque chose avant.
Pour clôturer le chapitre BERU, que pensez-vous du live Carnaval des agités et du split de MOLODOÏ ?
Il ne faudrait pas que ca vous choque mais nous on est BANLIEUE ROUGE. BERURIER NOIR, MOLODOÏ, on les aime bien mais ce n'est pas nous.
Safwan: L'album live, je l'ai écouté comme j'aurais écouté n'importe quel autre album. C'est répétitif. Ca ne m'a pas particulièrement intéressé. Je crois que ca a plu à beaucoup de fans et c'est pour cela qu'il y a eu cette sortie.
Sylvain: moi, ca m'a paru un peu bâclé. J'ai entendu dire de source interne que le but de cet album était de démystifier BERURIER NOIR. Si c'est vrai, ca marche car on voit qu'ils n'ont pas toujours été comme en 89, qu'ils ont bien galéré à leur début, qu'il y a eu des concerts merdiques.
MOLODOÏ, c'était autre chose et ca a duré le temps qu'ils ont duré. Ce sont les aléas de jouer en groupe. Parfois ca marche, parfois pas, autant au plan humain qu'au plan scène.
Tu disais que des groupes français t'avaient inspiré ?
Safwan: il y a un groupe dont personne ne parle et qui m'avait bien fait remuer, au niveau de la voix et du chant, c'est CAMERA SILENS de Bordeaux. Je pense qui si j'avais eu à cette époque-là à citer des références, j'aurais probablement plus kiffé vers eux que BERURIER NOIR.
Sylvain: Avant même BERURIER NOIR, le premier groupe punk français que j'ai connu, c'est Les Portes Mentaux. Ils étaient venus au Québec. C'était vraiment incognito et j'étais tombé dessus par hasard. J'avais trouvé ca excellent. Par la suite le groupe a dégénéré mais leur premier album était ok.
Tu vois qu'il y a beaucoup de circonstances qui ont fait qu'on ne pouvait qu'être associé à BERURIER NOIR. Mais comme on le disait au début, on a quand même 5 albums dans les pattes; Depuis 8 ans, je crois qu'on a trouvé notre voie depuis un certain temps déjà. On a la chance d'avoir fait des émules et de faire connaissance avec des gens qu'on n'aurait jamais pu rencontrer en étant ce qu'on était au départ.
Une question en rapport avec votre dernier album. Vous avez trouvé un producteur américain, qui plus est Daniel Rey avec les références RAMONES. Etaient ce les références RAMONES qui vous intéressaient ou était-ce parce que vous connaissiez quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui... ?
C'est Daniel Rey qui nous intéressait véritablement. C'est un producteur réalisateur New Yorkais. Ca a une importance pour moi. Il a travaillé avec des groupes moins connus de la scène HC new-yorkaise comme MURPHYS LAW. Il a fait des trucs plus pop, des bandes sonores pour des films. Daniel Rey dès le départ s'est présenté au niveau de sa carte de visite comme un expert des grosses guitares, du punk rock. C'est quelqu'un qui est arrivé à comprendre la vision du groupe et l'intérêt qu'on avait pour les morceaux et la direction dans laquelle on voulait aller. Comparativement à Engrenage, on a voulu dénuder l'effet. Ici, il n'y a pas d'effets enjoliveurs. Le son est beaucoup moins radiophonique, beaucoup plus abrasif, plus cru. Au Québec, il y avait des gens intéressants mais on avait envie de bosser avec quelqu'un qui avait d'abord un intérêt pour ce qu'on fait, en qui on était sur, qu'on pouvait faire confiance.
Etait-ce la première fois que vous preniez un producteur ?
Non, mais souvent, on tombait sur des ingénieurs de son qui faisaient aussi de la réalisation. Daniel s'est vraiment contenté de la réalisation. Il y avait un ingénieur parallèlement à cela qui s'occupait de la console, qui nous connaissait bien car il avait travaillé sur notre live.
Vous parliez anglais ?
L'intéressant de travailler avec Daniel Rey c'est que lui ne comprenait pas un mot de français. Pour lui la voix est un instrument en plus contrairement à des réalisateurs francophones qui ont tendance à mettre la voix en haut et la musique en dessous. C'est donc un album plus rock dans le sens du mix. Daniel s'attardait moins sur la prononciation que sur le roulement des syllabes, les choix des mots. Il voyait cela comme des sons en plus. Il savait de quoi il était question dans les textes des chansons. C'est son premier projet francophone !
Comment avez-vous trouvé le public pendant cette tournée ? (PS: ils parlent de la France)
L'ambiance était très bonne. Ce qui est marrant, c'est que le public s'élargit. Avant, on avait plutôt un public punk & skin. On a maintenant plus d'étudiants. On commence à toucher une nouvelle vague punk (PS de Marcor: punk cause toujours), les skateurs. Ca fait plus de monde aux concerts. C'est plus bigarré. C'est bien d'élargir ses horizons, de ne pas toujours rester un groupe fermé, étiqueté, labellisé, dans un coin. Si tu veux que les choses avancent, qu'il y ait une évolution, il faut être capable d'écouter, de regarder et on est content de pouvoir élargir notre public. Les gens qui étaient là au début nous suivent encore et je pense qu'ils vont nous suivre jusqu'au bout. Aller chercher d'autres gens, c'est toujours un défi. C'est pas dans l'optique de vendre plus. C'est plutôt pour dire qu'on accroche des gens qui à la base n'auraient peut-être jamais écouté le type de discours, le type de musique qu'un groupe comme BANLIEUE ROUGE peut tenir.
Quels sont vos goûts musicaux ? Qu'est-ce que vous écoutez ?
Les goûts musicaux de chaque membre du groupe n'ont jamais été les mêmes. Par rapport à ce qu'ils aimeraient faire, c'est très intéressant. Il y a une différence entre ce que tu aimes bien et ce que tu amènes au groupe, ce que tu as envie de jouer.
Tu n'es pas seul dans un groupe. Il faut un dénominateur commun !
Tout à fait. BANLIEUE ROUGE pour nous 4, c'est la meilleure musique qu'on peut aller jouer en salle. C'est la musique qu'on aime le plus pour performer sur scène.
Jef (qui vient faire un tour): moi j'écoute des trucs plus industriels, plus durs. Chacun amène une approche parfois différente et c'est ce qui est intéressant.
Les Francofolies, vous y êtes arrivés par hasard ?
Non, je pense qu'au niveau du Québec, avec le créneau qu'on fait, on reste quand même, sans vouloir péter les bretelles, un des groupes phares. On est un des seuls groupe actuel francophone. Pas par revendication mais plutôt parce qu'on est comme cela. C'était inévitable qu'à un moment ou un autre, il ne puisse plus fermer complètement les yeux au paysage rock québécois. On est arrivé là dedans donc. On a fait les Francofolies de Montréal en plein air l'année précédente. Ca a été un super carton et puis on a fait La Rochelle. Cette année, on est invité à celles de Montréal. On espère retourner à La Rochelle.
L'intérêt de La Rochelle, c'est surtout pour les éditeurs ou les producteurs. Mais nous ce qu'on veut, c'est faire le bout de chemin quand on nous invite, quand les gens sont vraiment intéressés par ce qu'on joue. Que ca soit franc, sincère. Quand on peut faire une tête d'affiche, qu'on est invité, on est très content et c'est tout. Mais c'est bien aussi de pouvoir jouer devant des gens qui ne te connaissent pas à la base.
Etait-ce le cas à La Rochelle ?
Non, je pense qu'on a eu beaucoup notre public. Il y avait aussi une bonne partie de journalistes, de gens qui font partie de l'intelligentsia de la musique. Eux, ils n'ont pas compris ce qui leur arrivaient. Ils se sont peut-être dit: putain, on s'est pris une claque. C'était quoi ce truc là. Qu'ils aiment ou non, ils se souviennent maintenant du nom. C'est drôle.
Un groupe français qui aurait fait la même chose n'aurait pas eu le même impact ?
Probablement pas. A La Rochelle, les québécois, on n'était pas beaucoup. Certains artistes québécois, qui là-bas sont extrêmement poussés au niveau médiatique, au niveau professionnel au Québec, sont venus aussi à La Rochelle et ils n'étaient personne. Nous on s'est pointé dans des concerts qui étaient complètement alternatifs. Notre public était le plus colorés, le plus bruyant, le meilleur quoi !
Avez-vous déjà chanté en anglais ?
Jamais. Le fait simplement de chanter en français dans notre style de musique est déjà en soi une prise de position dans les problèmes linguistiques québécois. Mais on préfère s'en tenir là pour ne pas être récupéré politiquement.
Parlez-nous de la signification du titre du dernier album?
Sous un ciel écarlate, c'est le rouge. Ca a toujours été dans BANLIEUE ROUGE la représentation de la rage, la colère, la fureur. Je suppose que vous avez déjà vu un gros, gros feu quand c'est un peu orageux, nuageux. Ca te fait un beau ciel rouge. Sous un ciel écarlate, c'est une imagerie qui nous plaisait bien. C'est un exutoire: laisse sortir ce qui est en toi, balaie ce qui te fait chier de ta tête, laisse sortir le cri qui vient de toi. C'est une version imagée, lyrique de cette forme d'exutoire.
Que faites-vous en dehors du groupe. Vivez-vous de votre musique ?
Sylvain est étudiant en littérature française; Safwan est gradué en anthropologie actuellement tatoueur accompli de Montréal; Xavier bosse dans les bars et Jef travaille comme infographiste dans une compagnie d'infographie. L'équipe technique d'aujourd'hui est composée exclusivement de français et ce sont des professionnels. On avait avant une équipe technique québécoise qui nous suivait mais de ces temps-ci, ils ne pouvaient pas se permettre de laisser leur boulot pour un mois et demi. Je crois que ca leur a fait de la peine mais ils ont choisi de rester au Québec. De toute façon, avec les moyens qu'on avait pour payer les billets d'avion, pour payer la tournée, c'était plus simple de bosser avec une équipe française qu'on connaissait déjà. On a loué la camionnette, les amplis, la batterie. On est seulement venu avec les guitares, les cymbales, les pieds ou des trucs comme ca.
Quelles sont les suites du vol dont vous avez été victimes avant l'enregistrement du live ? Avez-vous retrouvé votre matériel ?
Non jamais. C'est le bon travail des enquêteurs de la police. On l'aurait retrouvé nous-mêmes si on ne les avait pas laissé faire. Le fonds de l'affaire est que le matos a certainement été vendu dans les jours qui ont suivi le vol. Pour nous ca a été un bon défi. Il y a un proverbe qui dit: ce qui ne te tue pas te rend plus fort. Dans notre cas, ca a été tout à fait cela. On a du résoudre un problème très grand car c'était tout notre matos. On n'avait pas de ressources financières pour s'en racheter. On a réussi quand même à faire le live, à continuer, à persévérer. Ca nous a donné des armes qu'on avait pas. On s'est rendu compte que BANLIEUE ROUGE, ce n'est pas une boîte à rythme à droite, une programmation ou une guitare à gauche mais 4 mecs qui jouent de la musique, qui écrivent des choses et qui la jouent. Avec une guitare ou une autre, on peut bien le faire.
LES SLUGS et BINAME ont connu la même mésaventure !
On avait commencé à régler un petit peu nos comptes avec certaines personnes qu'on croyait avoir fait le coup. Mais on s'est fait bien mettre en garde par la police locale: si on réglait nos comptes nous-mêmes, ils considéreraient qu'il avait affaire à un règlement de comptes entre gangs et qu'ils ne s'occuperaient pas de l'enquête. De toute façon, ils ne s'en sont pas occupés et on aurait dû le faire nous-mêmes. Ca nous aurait défoulé un bon coup mais ca ne mène à rien.
Avec le recul on s'aperçoit maintenant que pour les gens qui ont fait le coup, c'est un coup d'épée dans l'eau. Ils ont voulu nous nuire beaucoup. Ils se sont fait des sous. On a perdu du matos mais ils ne nous ont pas blessés. Ils nous ont rendus beaucoup mieux.
Un mot sur la scène actuelle du Québec. Quels sont les groupes qui percent maintenant ?
Il y a des groupes qui ont réussi à se faire remarquer. Il y a un autre groupe qui est en France actuellement, avec qui nous avons joué sur Paris qui sont des potes: les GRIMSKUNK.
Vous connaissez bien BARF ?
Oui bien sûr mais un peu moins quand même. Ils ont avancé beaucoup moins que les GRIMSKUNK. Ce qui me plaît bien avec les GRIMSKUNK, c'est qu'ils se sont efforcés à travers le temps et les années de garder une certaine liberté, de faire des trucs qui n'avaient pas trop été faits, d'ouvrir des portes. On parle aussi actuellement d'un autre groupe (nom incompris !) qui a accepté beaucoup de compromis pour évoluer dans la scène pop mais c'est pas la même chose. On a invité à nos concerts des petits groupes comme LES MAUVAIS QUART D'HEURE, LES PARIAH, qui sont intéressant et à surveiller pour le futur. Je pourrais te citer beaucoup de gens mais je ne suis pas sur que les groupes existeront encore quand on rentrera au Québec.
Combat Rock a sorti un 45t de SHOCKTROOPS, quel est le lien avec BANLIEUE ROUGE ?
C'est le groupe exutoire de notre bassiste. Il y joue de la guitare, il compose. C'est une mouvance qui fait partie quelque part d'une partie du public et de BANLIEUE ROUGE.
Ils chantent en anglais !
C'est l'approche qu'ils ont choisie. Je la respecte parce que Fred le chanteur se sent plus à l'aise avec ca. Il faut faire quelque chose où tu te sens vrai et puissant.
Il a été un moment question d'un split 45 avec PKRK toujours sur Combat Rock ?
Ca a traîné beaucoup. Le lien avec la France et le Québec est assez difficile. Au contact, ca se fait bien mais quand il s'agit d'envoyer des bandes, de travailler avec ou sans contrat, avec qui, comment, où, avec quelle maison de disques, c'est toujours plus complexe. C'est un problème de logistique qu'on va essayer de mettre sur pied pour l'année qui suit. Ce split là, on sent que PKRK est moins actif qu'à l'époque. Leurs morceaux sont intéressants, les nôtres aussi mais ils ont beaucoup moins d'intérêt, d'actualité maintenant que l'album est sorti car c'étaient des versions non définitives de certains morceaux de l'album.
Des versions démos ?
L'équivalent des maquettes, oui. Ils sont très bien enregistrés mais ce n'est pas la même chose.
J'ai entendu parler d'un Best Of de BANLIEUE ROUGE sorti en vynil LP en Allemagne.
Sorti, vendu et à peu près écoulé. C'est sorti sur Mad Butcher rds, une compagnie allemande. On a un intérêt pour l'Allemagne et peut-être aussi l'Europe de l'Est. Ce vynil était une façon de présenter BANLIEUE ROUGE, les 4 premiers albums de BANLIEUE ROUGE, sous certains aspects: punk rock et oï pur, jusqu'au live inclus. Ils ont sélectionné 4 morceaux de chaque album et voilà.
D'habitude, on fait des vynils puis une compil CD !
Tout à fait. Ici, c'est un peu l'inverse. En Allemagne, je pense qu'il y a un regain d'intérêt pour les vynils.
Avez-vous sorti vos albums en version LP ?
Le premier album est d'abord sorti en LP mais c'est le seul qui a été pressé en vynil, à part le Best Of allemand. C'est maintenant introuvable.
Vous n'avez jamais fait de 45t ?
Non, jamais.
Croyez-vous qu'il y ait des gens au Québec qui recherchent les 45t ?
Probablement, mais peut-être moins dans le style de musique qu'on fait. Ce genre de truc, ca va, ca vient. Il reste à savoir si c'est vraiment utile d'imprimer ou pas, de mettre la pression sur les imprimeurs ou sur les compagnies pour qu'ils le fassent. Nous n'avons pas tout à fait cette conviction. Beaucoup de gens sont nostalgiques du vynil et veulent le défendre à tout prix. Je trouve que c'est presque devenu un luxe, un beau luxe. C'est quelque chose qu'on évalue encore. Il faut voir. On y réfléchit. Si on nous l'avait proposé, on n'aurait certainement pas dit non, la preuve le Best Of allemand.
Avez-vous participé à des compil ?
Tout récemment oui. A l'époque de Noël. Un organisme montréalais qui s'appelle DANS LA RUE a mis sur pied une compil intitulée Noël dans la rue pour avoir des sous pour aider les jeunes sans-logis à passer un réveillon agréable. Cet organisme vient en aide à la base aux jeunes itinérants, aux jeunes sans-logis et leur fournit toutes sortes de soins: abris, repas chauds, seringues propres pour ceux qui sont malheureusement junkies,...
Tous les groupes reprenaient une chanson très célèbre de Noël adaptée à leur style. Nous avons pris une vielle chanson du 17ème siècle, un Noël de Berger, et nous avons réussi à coupler les paroles avec une chanson paillarde. Ca finit dans un espèce de grand délire où des gens trinquent à la santé de Jésus, qui est en fait Satan. C'est un grand bordel de soûlard. Ca s'appelle Les Bergers de Bacchus. C'est une mélodie traditionnelle jouée en punk rock. D'habitude, les compil consistent à prendre des extraits d'album. Ca peut être intéressant car ça permet de nous faire connaître mais pour une fois, on s'est senti plus impliqué car on a vraiment travaillé un morceau
On l'a fait à la base pour la cause car le projet nous intéressait, nous plaisait. Reste à savoir à quel point il a été mené à bien. Mais ca a déjà un intérêt que les groupes qui sont dessus aient fait des trucs tous intéressants.
On se rappelle aussi d'une autre compil faite à la bonne franquette: Deux solitudes, une compil de Montréal avec une face avec des groupes francophones et l'autre avec des anglophones. Ce n'est rien d'extraordinaire. Il y a une version live d'Olaf plus ou moins bien réussie.
Les prix des disques au Québec sont assez différents de l'Europe (surtout la France) !
Vous avez des prix plus onéreux pour les CD chez vous. On a fait une maquette de la pochette tous ensemble, Jef, moi et tout le groupe, pour avoir un CD qui a de la gueule, de la classe, avec un livret assez intéressant au niveau des paroles et de l'imagerie.
C'était dur à reproduire en France et donc en Europe et que ce soit vendu au même prix. Il considérait que c'était luxueux, que ca allait leur coûter cher, et que ca allait faire en sorte que le prix de l'album soit beaucoup plus élevé. Ca nous embête de vendre au même prix pour un produit moindre, de la même façon que de vendre des produits décents à un prix plus élevé. On voudrait quelque chose qui a de la gueule quand les gens l'achètent, mais que ca ne soit pas exorbitant. On a fait des choix par rapport à cela. On est +/- satisfait du résultat mais la pochette reste quand même très bonne. Si tu voyais la pochette québécoise, tu verrais qu'elle a encore plus de gueule.
A combien vendez-vous votre album ?
Il est trouvable en France dans les magasins à +/- 100 FF et pendant un certain temps à 85 FF à la FNAC. Au Québec, il est vendu à +/- 75 FF mais il ne faut pas se lancer trop dans les comparaisons car le niveau de vie est différent. Si vous le voyez à 150 FF ou même 130 FF (780 FB), ne l'achetez pas ! La lutte du contrôle des prix est difficile. En tant que groupe, on ne peut pas tout contrôler complètement. Tout ce qu'on peut faire, c'est produire à moindre coût pour que ca ne soit pas vendu trop cher
Quel est votre label au Québec ?
Tir Groupé et le distributeur est un indépendant nord-américain Cargo. Je ne sais pas pour encore combien de temps honnêtement. On a fait le choix et le pari de bosser avec eux pour cet album. J'ai pas envie d'en parler maintenant mais ca ne restera pas comme cela.
Avant il y avait un gros débat avec les indépendants et les majors: qui est le bien et qui est la grande bête. Honnêtement, ils sont tous pareils, ils sont là pour faire leur fric, et ils fonctionnent avec les moyens qu'ils peuvent avoir et c'est tout. Certains petits labels en Europe sont de véritables indépendants mais chez nous et en général dans le monde, c'est un débat qui est faussé. Il faut réussir à avoir le contrôle sur ce que tu fais.
C'est ambigu mais tu as presque plus de contrôle sur ce que tu fais sur une major parce qu'au moins les contrats sont clairs et les clauses respectées. Si tu arrives à négocier quelque chose à ton avantage, c'est mieux pour toi que d'être chez un indépendant où tout va s'entendre sur une poignée de mains et puis après tu te retrouves dans la merde, tu te fais entuber sur toute la ligne.
Et l'autoproduction ?
On y a pensé pendant un sacré bout de temps. Même s'il y avait un label Tir Groupé, on a tout fait nous-mêmes. Les 2 premiers albums ont été enregistrés en 8 pistes et pratiquement vendus dans la rue.
Ce qu'on veut, c'est pas tellement la forme mais le résultat: pouvoir se produire et diffuser notre musique aux gens et que ca leur coûte le moins cher possible, qu'ils en aient à chaque fois pour leur argent. S'ils peuvent l'avoir gratuitement, tant mieux.
Si une compagnie X ou Y nous donne ces moyens là, nous allons les prendre. Parfois on peut facilement faire baisser les coûts quand il y a quelqu'un derrière toi qui sait qu'il peut y retrouver son compte. On va peut-être créer notre propre label, c'est toujours un défi.
Quelles sont vos préoccupations, en dehors de la musique ?
Safwan: j'adore la BD, européenne, nord-américaine et même japonaise. Si tu veux discuter de littérature avec Sylvain, tu en auras pour des heures.
Qui s'intéresse à Internet dans le groupe ?
C'est Jef. Mais c'est un ami qui a fait notre site. (En fait il y a deux sites BANLIEUE ROUGE dont un en construction, PS de Marcor)
Que pensez-vous de TV5 ? C'est pour nous une des visions du Québec et peut-être pour vous une vision de l'Europe ?
Safwan: j'ai pas la TV. C'est pas une de mes priorités de la regarder de toute façon.
Sylvain: TV5 est sur le câble et il faut payer pour avoir le câble. On ne peut pas se le payer.
Jef: c'est bien qu'il existe un lien à travers un média ou un autre. Ca ne peut être que bien. Parfois on me dit, j'ai vu telle série ancestrale avec le petit gars dans sa ferme en train de danser le rigodon. Ca ne traduit peut-être pas la réalité du Québec. C'en est une mais pas la seule.
Et les chaînes américaines, elles sont aussi sur le câble ?
Ca dépend. Certaines chaînes locales proposent un best of des chaînes américaines. Elles rachètent leurs programmes, un peu comme la 6 (en France) peut le faire, tu retournes 5 ans en arrière !
MTV ?
On a l'équivalent canadien: Musique +.
Y êtes-vous passés en live ou en vidéo ?
Oui, il y a longtemps. Sinon on vient de faire un clip, la chanson générique de l'album, Sous un ciel écarlate, et ils nous ont bien épaulés car ils l'ont diffusé souvent. Ca nous a aidés à bien faire connaître l'album. On a beaucoup gueulé quand le clip de Sentinelles (de l'album engrenages) n'est pas passé en télé et cette fois on avait moins de moyen financier mais ce clip sort hyper bien dans le sens que c'est l'imagerie, la représentation de BANLIEUE ROUGE: le feux, la fumée, le mouvement,...
Les gens qui sont dans le clip, ce sont des gens de notre entourage, ce ne sont pas des acteurs. Ce sont les affreux, les tatoués, ...
C'est une équipe professionnelle qui l'a réalisé mais le script était écrit par nous.
Les gars de la chaîne qui ont passé notre clip ont aimé l'esthétique du clip.
L'avez-vous proposé à M6, MCM ?
Non pas encore. On retombe dans le problème de la logistique entre l'Europe et le Québec.
Prochaine tournée dans 2 ans comme d'habitude ?
On espère revenir plus tôt. L'idéal serait de venir 2 fois par an mais moins longtemps.
Que pensez-vous de la scène française ?
Elle se porte assez bien. Le public était au rendez-vous. Depuis 2 ans, il y a pas mal de groupes qui n'existent plus mais il y a plein de nouveaux.
Des groupes qui vous ont marqués ?
GILBERT ET SES PROBLEMES (de Montpellier), très cool; TAGADA JONES (de Rennes),
Sylvain: Les DICK HEADS (rires). Safwan: non c'est pas trop mon truc !
On nous a pas mal parlé des SALES MAJESTES qui commencent à cartonner mais on ne les a pas vus. Sinon on a joué plusieurs fois avec INFRAKTION et on rejoue encore à Cambrai avec eux.
J'ai l'impression qu'on chevauchait 2 scènes: la première qui est un peu le vestige du rock alternatif et la seconde du renouveau punk américain (PS de Marcor, punk cause toujours je me répète) qui commence à s'implanter en France. Le public était assez différent d'un concert à l'autre. Ainsi à Lille, nous avons joué avec 10 FOOT POLE, un groupe Epitaph.
Les gens nous ont dit qu'on avait une musique plutôt nord-américaine avec l'identité québécoise des textes en français.
Des souvenirs de vos passages précédents en Belgique ?
Oui la date au Botanique. Il faisait chaud. Ca a été une très belle date, une superbe salle. On s'est bien amusé. C'est une de nos dates préférées de la tournée précédente. Ce fut une bonne surprise car nos passages précédents en Belgique étaient assez folkloriques. Là c'était un grand cadre, une salle ambitieuse et on aime bien d'avoir de la pression. Il y a d'ailleurs des photos de ce soir-là qui se sont retrouvées sur la pochette du 33 tours allemand. Certains en parlent encore au Québec. Le lendemain, on a joué à Chambéry. On a sillonné les routes de France.
On essaie d'améliorer la logistique des tournées. On reste cette fois-ci dans la même région pendant 4 dates (Nord- Belgique). La plus longue distance cette fois-ci, c'est entre Strasbourg et Apremont (Vendée), plus de 1000 km en une nuit. On s'est laissé guider par notre équipe française et on s'est allongé sur les banquettes de la camionnette.
Vous êtes ici à une centaine de km de la Hollande, une terre de légalisation. Où en est-ce chez vous ?
C'est la tolérance zéro. Pire qu'en France. On persécute même ceux qui sont en possession 5. Et pourtant le débat est ouvert depuis assez longtemps. Pour parler de légalisation, dépénalisation, si vous chopez les GRIMSKUNK, ce sont des spécialistes de la chose ! La revue américaine Hightime, très scientifique, très technique, est diffusée partout au Québec et les gens sont au courant.
Hier ici il y avait une soirée spéciale chanvre...
Le débat continue. La dernière fois qu'on est venu en Europe, en Hollande, avec la gueule qu'on avait, on ne nous a pas laissé rentrer. Si on avait plus de temps libre, ce qu'on ne souhaite pas car on aime être occupé quand on vient ici, on irait faire un tour là-bas pour le folklore.
Vous devriez passer chez Ponpon !
On a déjà fait une interview chez lui à Rock à Gogo il y a quelques années. C'est un mec qui raconte des trucs super intéressants.
Les GRIMSKUNK sont passés chez lui et c'est comme ca que je connais leurs penchants pour la chose !
C'est marrant. Je me rappelle un festival à la campagne au Québec dans un stade de Base-ball avec 3000 - 4000 personnes. Il y avait des écrans géants comme aux ROLLING STONES ! Ils étaient en train de jouer et on voyait des gros plans d'eux occupés à faire des joints. Très drôle car ils s'en foutent complètement. On n'est pas trop impliqué dans le truc. Avec notre public, ce serait prêcher à des convertis, des gens qui sont super tolérant là-dessus et bien souvent des consommateurs bien informés. Notre vice penche plutôt vers l'alcool mais notre équipe technique dirait autrement.
Allez-vous voir des concerts d'autres groupes ? Avez-vous le temps ?
Safwan: une fois de temps en temps. Je suis plus sélectif. En tournée, je regarde les groupes avec qui on joue. J'essaie d'aller voir les groupes qui me tiennent à coeur. J'ai malheureusement raté SOCIAL DISTORTION dont j'avais bien aimé le dernier album (PS de Marcor: je les ai vus au VK devant peu de mondes, pas mal pour des ricains !). Sinon, j'ai vu récemment MADBALL de NY.
Sylvain: le lendemain de notre concert au Plan à Ris-Orangis, j'ai réussi à me faufiler et me faire reconnaître par les organisateurs. J'ai vu ainsi le concert de MIOSSEC. C'est bien, c'est un personnage très français avec sa bouteille, et tout le folklore...
Quels sont vos meilleurs souvenirs de concerts ?
Safwan: La soirée du lancement de la compil Noël dans la rue. Je me suis risqué à un plongeon dans le public. C'était très risqué car la scène était très haute. J'ai du avoir une entière confiance aux gars en dessous. J'en suis ressorti sans rien, sans bleus, sans égratignures.
Un autre souvenir c'est quand on a joué dans un festival en plein air dans une artère commerçante de Montréal lors des Francofolies. La rue était bloquée. On était debout sur scène, le public partout. On a bien ébruyanté le quartier. C'est le genre de truc qui ne se passe qu'en concert. On a foutu le bordel et si on le faisait dans un autre contexte qu'un concert, on se ferait embarquer illico. La Rochelle c'était pas mal aussi car les journalistes et le public habituel de là-bas n'a pas très bien compris ce qui leur arrivaient.
Le mot de la fin ?
Il faut garder le feu sacré, faire ce qu'on aime et aller au bout de ce qu'on aime. Advienne qui pourra.
MarCoR...