2012 64

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2005

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2003 59 58 57' 57

2002 56

2001 54' 54 53 52

2000 51 50 49 48

1999 47 46 45 44 43

1998 42 41 40 39 38 37

1997 36 35 34 33 32 31

1996 30 29 28 27 26 23 22 21 20

1995 19 18 17 16 15 14 13 12 11

1994 10 09 08 07 06 04 03

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la liste

Aredje 27, août 1996

1871 - 1886 - 1921 - 1936. Commune de Paris - Emeutes en Wallonie - Insurrection à Cronstadt et Makhno en Ukraine - Révolution en Catalogne. Tout un programme.

"Le prochain disque de René Binamé sera révolutionnaire ou ne sera pas ", ce furent les derniers mots de Guy Betès sur son lit de mort. Une fois de plus, le bougre avait vu juste. Quel talent.

Nous vous livrons sur ce disque une rafale de ritournelles à entonner du haut des barricades, au soir du grand soir. Quelques chansons pour faire la révolution.

Deux chansons d'aujourd'hui: Hécatombe de Georges Brassens et Juillet 1936 de Serge Utge Royo. Et quelques classiques: La Révolte, Le Triomphe de l'Anarchie, La rue des Bons Enfants, L'Internationale, La Chanson du Père Duchesne, Le chant des Partisans. Et quelques autres.

Bien entendu, le CD est livré avec un copieux livret (textes des chansons, commentaires en direct et caetera).

Le disque sera disponible chez les disquaires habituels (voir page 4) fin septembre (sauf retard), au prix dérisoire de 480 francs.

DECADE DENSE

Quelque part entre l'Abbaye de Leffe et le Rocher Bayard, derrière la gendarmerie et l'athénée, dans la cave (plutôt humide) de la maison natale du Père Pire, en septembre 1986, René Binamé et les Roues de Secours joue pour la première fois le Noordzee Blues. Le groupe est né.

Pour fêter dignement cet anniversaire tout rond, cette première décade de chanson électrique, nous vous invitons tous le vendredi 6 septembre à un concert gratuit, à Dinant bien évidemment, dans le cadre enchanteur du Théâtre de Verdure du bois du Casino.

Le concert s'inscrit dans le programme de la 50ème braderie (un autre anniversaire) des commerçants du quartier Saint-Nicolas.

La fête commence à 19h30 avec Bunk, continue avec Helpless et se clôture avec nous. Cerise sur le gâteau: nous profiterons de l'occasion pour présenter quelques chansons de notre nouveau CD, "71.86.21.36 ".

BINAM'...

QUOI DE NEUF, DOCTEUR?

"Tout le monde a le droit d'investir, c'est la philosophie du nouveau bon d'Etat ", scandait le spot radio de la dernière campagne d'emprunt (cette fameuse dette 'publique' qui rapporte pour 80% à des belges qui ont les moyens de prêter à l'Etat, sur le dos des autres).

"Tout belge, sans distinction de classe, de sexe ou de race, a le droit de parler des conditions salons de Revalut", affirmaient des placards publicitaires. Les voilà fort bien synthétisées, nos libertés démocratiques. Qui s'en plaindrait?

Nous ne nous songeons pas ici à ceux qui encadrent la grogne pour la rendre plus télégénique. Notre regard se porte plutôt sur la rage que la morale réprouve, et qui s'exprime pourtant: rage d'être parqué de sous-statuts en sous-statuts au nom d'une austérité-bidon, rage d'être ravalé au rang de marchandises concurrentes agglutinées dans des trains bondés, contraintes de se vendre pour survivre, rage d'être ainsi dépossédé de toute initiative signifiante quant à la trame de sa propre existence, rage d'être cantonné dans de stériles contestations associatives, pétitionnantes ou syndi-canalisées, rage de voir les gestionnaires locaux de toute cette merde omnipotente péter dans le velours parlementeur, barricadés derrière boucliers et chevaux de frise, au nom de nos voix étouffées dans les urnes, rage de subir la communauté d'intérêt entre le pouvoir et les médias, au nom de l'opinion publique qu'ils façonnent, rage de voir les flics-étudiants, ministres-comptables de demain, livrer les leurs aux matraqueurs si d'aventure la vitrine d'une banque vole en éclat...

Allons, du calme. On nous le répète à satiété, la démocratie harmoniserait les intérêts opposés, ménagerait un délicat équilibre entre les groupes sociaux. Quant à ces déséquilibres eux-mêmes, ils relèveraient de la plus naturelle fatalité. Mais que voyons-nous à l'oeuvre, sinon la dissimulation et l'étouffement des conflits au seul profit des possédants? S'il était réellement question de répartir les fruits de toute production (accomplie pour son utilité, et plus pour sa rentabilité), il n'y aurait besoin ni d'Etat ni d'Argent. Ils se nécessitent l'un l'autre. Tant qu'il y aura de l'argent, il n'y en aura pas pour tout le monde, c'est-à-dire qu'il faudra vendre sueur et stress à ceux qui en touchent les dividendes.

C'est en forgeant qu'on devient fort chômeur

Sans vouloir interrompre votre trépidant surf sur le Net (abreuvez au passage notre E-mail de distingués messages, et visitez notre jeune et joli site), jetons un oeil protubérant sur l'actualité. Les métallos de Clabecq, par exemple, sont bien placés pour connaître le droit de propriété des possédants sur leurs vies. Ils ont été obligés de se vendre aux forges durant des années, avant d'être jetés avec leurs familles aux poubelles d'une incertaine assistance sociale sans issue. Qu'auraient-ils à présent à attendre des salons feutrés où s'attablent syndicalistes et autres irresponsables pour s'accorder sur la manière de noyer le poisson? "La faillite reste une possibilité. Elle dépend des créanciers et d'une évolution qui pourrait être malheureuse "(Robert Collignon, pape en chef de la Région wallonne, 14.6.96).

Puisqu'une liquidation comme celle des forges ne va pas sans risque de troubles, on nous sort des tiroirs un nébuleux "plan intégré de reconversion de la région ". Un caoutchouteux ministre co-initiateur a déclaré qu'il était difficile d'en décrire directement des applications concrètes... En attendant, cela noircit des colonnes.

Quant à nous, serions-nous de morbides salauds, à bannir tout espoir comme pour attiser la contestation? Voilà qui retourne singulièrement la réalité: en fait, le système n'a aucun espoir à proposer, c'est bien pour cela qu'il génère sa propre remise en cause. Nous ne faisons que prendre parti.

En mémoire de S.M. le Roi Baudouin, restons soumis

Au rayon des opiums du peuple, même si la dévotion ne fait plus trop recette dans nos contrées, le fond de commerce demeure. On voit également des Maisons de la Laïcité prendre en douceur le relais des paroisses désertées. Tout est bon tant que des identités vides et des polarisations artificielles détournent l'attention des véritables divisions, à base économique. Ces divisions, ce n'est pas toute la frénésie multimédiatique du monde qui va les aplanir. Il ne suffit pas de communiquer pour subvertir. Lancée à fond de balle sur une Autoroute de l'Information, une Cyber-connerie n'est pas moins une connerie que celles qui lambinent sur le zinc du café du commerce. Ô "espaces de liberté "...

On ne manque finalement pas de démocratie. Elle joue parfaitement son rôle: elle maintient à la fois l'exploitation et le calme, les classes sociales et la paix sociale. Et elle est inévitablement acculée à se durcir pour faire face à la pression sociale (qu'elle le fasse en rose, en vert, en brun, en bleu...). Tandis que l'extrême-droite n'a jamais été tant utilisée comme repoussoir à bonne conscience, les législations démocrates scellent partout le sort des "indésirables ", mis au rebut du Marché. Pour ne citer que ces exemples-ci: lois Vandelanotte en Belgique, "mesures de contraintes "en Suisse, et dans la foulée des lois Pasqua, la France étend brutalement les critères de "situation illégale ", appliquant actuellement d'ahurissantes mesures d'exil et d'expulsion.

(Anti)fascisme

Ceci n'empêche pas les politiciens de tous bords d'agiter l'épouvantail de l'extrême-droite chaque fois que l'unanimité fait défaut autour de leur saine gestion des misères capitalistes. Ainsi, Philippe Moureau qui parle de sociaux-fascistes au sujet de chahuteurs le 1er mai dernier, ou Laurette Onkelinx qui préface le énième volume de la série Démocratie ou Barbarie pour bien enfoncer le clou: si ce n'était pas elle, ce serait "pire ". Pendant ce temps, le Premier ministre démontre la vacuité du parlementarisme en imposant démocratiquement un train de mesures d'austérité au sujet desquelles toute négociation bloque. "Nous préférons la voie de la négociation, mais si elle échoue il faut bien que quelqu'un prenne la décision"(J.-L. Dehaene, le 30.5.96 sur Radio Une).

Nous sommes évidemment contre le fascisme, et il est bien clair que la critique fasciste du parlementarisme n'est que le levier de sa propre installation aux commandes de l'Etat. Mais l'antifascisme militant, n'étant justement qu'antifasciste (voir ses tracts et publications), est le meilleur soutien d'un édifice que nous ne saurions davantage cautionner, pour les multiples raisons évoquées ici. Dans la même veine, qualifier un matraquage en règle de dérive fasciste (comme cela s'est entendu dans les manifestations étudiantes), c'est faire croire qu'en situation démocratique normale, les forces de l'ordre sont non-violentes, comme si cette 'situation démocratique normale' était possible ou avait un jour existé.

J'aurais voulu être un artiste...

Dans le cadre des libertés formelles évoquées plus haut, on confère à l'activité artistique une place particulière (c'est un simple constat, totalement dépourvu de tout auto-jugement de valeur). Il est admis que l'artiste bénéficierait d'une sensibilité, d'une créativité affranchie des contraintes et contingences de sa situation, et susciterait un rapport nouveau et privilégié avec ses contemporains., dans la "sphère supérieure "de la culture, de la jouissance esthétique...

L'activité artistique est en réalité une fonction sociale comme les autres, procédant du cloisonnement des activités humaines, et de leur inévitable marchandisation (il y aurait certainement un parallèle à faire avec les relations affectives et amoureuses telles qu'il nous est donné de les vivre et de les appréhender aujourd'hui).

En somme, tout art est engagé. A fortiori, le plus "apolitique "est engagé tête en avant dans le merdier et nous y entraîne joyeusement. L'art en rupture de consensus n'est qu'une manière particulière de prendre parti, au sein d'un monde auquel l'activité artistique ne peut se soustraire. Et là aussi, il s'agit de ne pas se leurrer. La rébellion est toujours à double tranchant: l'art peut être le véhicule et l'amplificateur d'une révolte, mais aussi le vecteur de sa canalisation, de son intégration inoffensive par le biais du spectaculaire, de la provocation stérile. Faut-il revenir sur le mythe du rock intrinsèquement rebelle, ou zapper très longtemps sur les édifiantes MTV- et MCM-news? Faut-il rappeler les liaisons tumultueuses, s'échelonnant du potable (rarement) au pire (généralement), entre le punk et l'anarchisme? On ne trahira pas trop les faits en affirmant que l'essentiel du punk fut en fin de compte picoré dans le corrosif mouvement dada (+/- 1916 à 1923, époque de maints brasiers révolutionnaires).

Continuité?

La critique sociale vise la globalité, ou n'est qu'un passe-temps en forme de cul-de-sac. Sa dénaturation, notamment via l'expression artistique consiste principalement à isoler les thèmes, en faisant de chacun d'eux un objectif en soi. Les charges contre la dévotion, l'Eglise, le pouvoir, l'autorité, les institutions (thèmes "classiques "intégrés au répertoire binamesque), si elles sont considérées séparément, perdent toute portée critique. Voir les campagnes et dénonciations d'une saison, chères aux militants trotskystes, staliniens,... tout comme aux "O.N.G ". Voir les antiracisme, anticléricalisme, antimilitarisme, antispécisme, antisexisme, anti-néolibéralisme (cfr les affligeants lieux communs zappatistes), etc. qui érigent une revendication ou un ennemi particulier en obsession compartimentée. Rien ne fait plus le jeu de l'ordre établi, déplorai-je tout en mettant de l'ordre sur l'établi.

La question qui se pose à nous n'est évidemment pas d'asséner mégalomaniaquement un 'message total' dans une improbable 'oeuvre totale'. Il s'agit plus prosaïquement de faire les poussières sur la boussole de bord. Cela ne peut se faire qu'en reconnaissant ses propres limites. Nous assumons notre rôle de clowns du week-end pour joyeux écoliers, étudiants, salariés et chômeurs ravis de laisser sur le seuil les scories de la semaine précédente, sans trop penser à la suivante. Que pouvons-nous faire aujourd'hui, sinon se donner en spectacle et fourguer du produit culturel? L'étiquette "alternatif "qui revient souvent laisse croire que quelque chose aurait lieu "en marge "du système. Nous préférons assumer que nous en sommes inévitablement un rouage. Bien sûr, nous avons dilapidé des disques gratos (on est excusé, c'était Noël), et nous maintenons un choix de distribution à prix rabotés. Mais faire du commerce en petit, c'est toujours faire du commerce. Nous en ferons délibérément jusqu'à l'abolition de tout Marché. Nous assumons également le spectaculaire futile, la somme de nos préjugés bourgeois, ainsi que la participation effrénée à de dérisoires et hystériques émotions collectives abreuvées de pintes et de décibels, maigre palliatif à la pauvreté de nos rapports mutuels sous la férule de l'horloge-pointeuse du Temps Atomique International.

Inutiles et si futiles...

Considérant tout cela autour d'une palette de pils d'une sous-marque dont notre frigo-box est avide, nous avons décidé de rassembler, sur un disque assez compact, une généreuse rafale de reprises. Il s'agit de chansons diverses qui nous relient à des mouvements passés. Car la contestation, ce sont d'abord des luttes ensevelies sous des épaisseurs d'Histoire officielle, celle qu'on nous enseigne de l'école à l'université en passant par les best-sellers littéraires et audiovisuels. Voilà pourquoi ce "disque révolutionnaire ", autour de quelques repères hétérogènes: la Commune de Paris en 1871, les émeutes wallonnes en 1886, le mouvement makhnoviste en Ukraine (1918-21), l'insurrection de Cronstadt en 1921, et enfin la révolution catalane de 1936. Un CD n'est pas la Révolution, et celui-ci n'est pas un manuel pratique du parfait petit révolutionnaire. C'est une mince tentative partielle et inégale de réaffirmer une certain héritage, habituellement noyé dans le cliché et l'accessoire.

...mais tellement sympathiques

Pour ne rien gâcher, on peut déjà vous assurer que l'écoute en sera délectable. Et tout ceci ne nous empêchera pas de continuer à écrire également de vrombissantes chansonnettes bucolico-rurales d'une rare insouciance, cela suivra. Demain nous ferons pire, tâchons d'en rire.

EsGibt...

MARCOR'S NOT DEAD

Marcor est allé au Festi'rock de Couterne, en compagnie d'un trio de joyeux drilles (un marin décoré pour sa campagne en Somalie, un baba particulièrement cool et un triple punk). Ne vous inquiétez plus: il s'est bien amusé (calva, pastis et punk'rock à gogo) et il a bien travaillé (il s'en revient les poches pleines de cassettes d'interview).

Dans les prochains numéros de votre minizine particulièrement mignon, vous aurez donc droit à deux nouveaux extraits du journal de Marcor (le compte rendu circonstancié de son escapade normande et de ses vacances dans le soleil de Blackpool), à une interview de Didier Wampas, sans oublier ce dont on vous a déjà parlé: l'interview de Karim (le chanteur de Ludwig Von 88) et celle de Spirou (le guitariste de Molodoï).

Ce serait bien dommage de rater tout ça pour économiser quelques dizaines de francs. Si vous n'êtes pas encore (ou déjà plus) abonné à Aredje, remédiez-y au plus vite, nom d'une pipe (voir page 4).

BINAM'...

MARCOR A COUTERNE. 1

Mercredi 24 juillet: avec Mumbly, j'ai rendez-vous chez Binam' pour partir à Couterne. Je ne le sais pas encore mais nous partirons à 4 dans la voiture: Geoffroy et Grégoire, alias les "2 frères polonais "nous accompagnent. Vers 20 heures, nous nous mettons en route de Bruxelles, direction la Basse-Normandie. En chemin, on se rend compte qu'on risque d'arriver là-bas vers 2 heures du mat et que plus rien ne sera ouvert! Les 50 derniers km sont les plus durs pour Mumbly, le seul à avoir son permis. Bercé toute la journée par mes cassettes (principalement UK SUBS, RAMONES ou LES SALES MAJESTÉS), Mumbly va s'endormir. On tombe sur un poste radio avec des trucs bien ringards que tout le monde connaît. A 4 on hurle donc tous à tue tête et le sommeil s'en va! Arrivés à Couterne, le bar des sports est fermé. C'est mal barré. Heureusement, les copains sont encore réveillés chez les parents de Fatou. Première petite fête et nous allons pouvoir dormir dans des lits.

Nous avons rendez-vous jeudi midi au bar des sport, chez Sylvie et Martial. Vers 14, 15 heures, nous montons au site du festival. La scène n'est pas encore montée et nous allons les aider à tout installer. Il y a un gros problème: la prairie est en pente et il faut niveler le sol. Première tentative infructueuse avec un tracteur puis fructueuse avec une sorte de bulldozer! Comme du mécano ou du légo, la scène se monte enfin. Vers 18 heures, après déjà quelques heures de travail, les premiers spectateurs arrivent. Nous plantons nos tentes près des barrières. Greg "sympathise "avec des gars qui lui refilent de la beu de Caen: on en rigolera toute la semaine. Après cela, nous redescendons au village (non pas celui d'Astérix). Nous tombons sur Zbin qui m'a retrouvé mon walkman. Chouette gars: en plus il nous refile de la 8.8.

Vendredi midi, on commence à aider les organisateurs. Notre mission: installer les toiles tout autour du site. Ca dure un temps certain et même un certain temps. Nous avons la place gratuite. Nous sommes les belges. Les balances commencent. Les WAMPAS commencent les premiers mais Didier n'est pas encore là. Il vient en train et le manager du groupe demande qu'on aille le chercher à la gare la plus proche à 40 km de Couterne. J'accompagne Léa à la gare. Le train n'a que quelques minutes de retard et surprise, Didier a les cheveux très courts. Il va faire la surprise à tout le monde. Sur le trajet, Didier me confie ses impressions sur le problème des Avins. Je lui propose de s'expliquer devant mon walkman. En l'écoutant, je ponds les questions. A mon retour, les spectateurs commencent à affluer. La suite dans un mois.

Marcor...


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