2012 64
2007 63
2006 62
2005
2002 56
1996 30 29 28 27 26 23 22 21 20
Tempête dans un bénitier / Le souverain pontife avecque / Les évêques, les archevêques / Nous font un satané chantier (G. Brassens).
Le 13 janvier dernier, Mgr Gaillot, évêque d'Evreux, en Normandie, était démis de ses fonctions par le Vatican. Médias, commentateurs et opinion publique sont immédiatement gagnés par l'ébullition, tandis que s'amplifie une vague de soutien en faveur de l'évêque révoqué. Alors, le popotin du pape hautain, en crossant fait du potin?
Il importe de rappeler que la décision s'inscrit dans le droit fil de la politique de restauration autoritaire menée par Jean-Paul II depuis 15 ans, même si la sanction est exceptionnelle dans nos contrées. L'affaire Gaillot révèle à sa manière l'éternelle fracture qui dans l'Eglise a toujours opposé les partisans d'un Ordre lié aux pouvoirs dominants, assénant sa Vérité d'en haut, aux défenseurs d'une Eglise construite par la base. Bien d'autres noms vacillent déjà sur les listes noires: on cite Mgr Ruiz (San Cristobal, Mexique), Mgr Casaldiga (Brésil), tous deux ayant la mauvaise idée de prendre fait et cause contre l'expropriation et l'oppression des populations indigènes. Voici ce que nous déclarions à ce sujet dans le livret du maxi-CD "En mai, fais ce qu'il te plaît", sorti en 1994 dans la perspective de l'avorté voyage papal en Belgique (nous nous étions associés à la démarche de la Liaison pour l'Autonomie des Personnes):
"Fermée, ouverte ou entrouverte, l'Eglise sera toujours cet édifice sclérosé, étranglé par le voeu d'obéissance de toute sa hiérarchie. Combien de voix différentes s'y taisent, piégées, dans la peur des coups de crosse? Les problèmes rencontrés par les plus téméraires sont éloquents".
Sous les mêmes prétextes doctrinaires et disciplinaires invoqués pour museler des théologiens, c'est l'engagement politique des évêques cités, Gaillot inclus, qui est visé par le Vatican. Ce n'est certes pas nouveau, et induit une double approche:
1) la mise en cause du pouvoir de l'Eglise et de la religion dans une société que nous voulons laïque.
2) dans cette société mondialement aux prises avec l'exploitation et l'exclusion, les rapports de force au sein de l'Eglise reproduisent les clivages politiques (conservatisme / réformisme socio-libéral / dynamique révolutionnaire).
D'où la nécessité d'aborder l'affaire Gaillot hors de l'arène catholico-catholique. Nous ne saurions nous satisfaire des complaintes pour une Eglise plus sympathique. La nouveauté d'une opinion publique dans l'Eglise qui se manifeste actuellement en faveur de Gaillot nous semble d'ailleurs empreinte de confusion, porteuse de valeurs comme de contre-valeurs.
Durant 13 années à son poste, Gaillot eut autant à en découdre avec ses confrères de l'épiscopat français, enclins au conservatisme et à la docilité, qu'avec Rome qui tire les ficelles. On le voit dans l'actuel mouvement de soutien, ses positions ne l'ont pourtant pas isolé. Mais si un droit de tendance existe dans l'Eglise, c'est surtout en silence ou dans l'indifférence. Selon Anne Morelli (ULB), l'abbé Pierre -qui a immédiatement soutenu Gaillot- présente l'image de la base qui donne de la voix, mais il ne sera jamais écouté à Rome. Gaillot est en ce sens moins ambigu: son péché capital est d'avoir rué publiquement à la fois dans la société et dans la hiérarchie.
On l'a vu accumuler les prises de position en faveur des immigrés, de l'école libre ('84), de la capote ('88), des homosexuels (interview dans Gai Pied en '89), des prisonniers, de l'antimilitarisme (notam-ment lors de la guerre du Golfe, en '91), de la liberté de parole, des sans-abris (on croirait lire Alternative Libertaire!)... Il n'hésita pas à critiquer les lois Pasqua, notamment dans un livre sur l'immigration. "Ce n'est pas Charles Pasqua que l'on devrait plaindre, mais les innombrables victimes de cet arsenal répressif". Lors du débat télévisé "Controverse"sur RTL-TVI le 22 janvier, auquel Gaillot participe en "duplex", il n'écarte pas l'hypothèse de l'influence de Pasqua dans son éviction.
Chez nous, un certain Mgr Léonard ne se prive pas de jouer au trublion et de briser l'unité, mais en caressant le Dogme dans le sens du Pape... Faisant tache dans le paysage belge, l'évêque de Namur s'est déclaré opposé aux réactions de soutien à Gaillot. Dans le camp des brebis catholiques égarées, hostiles à Léonard et à l'autoritarisme papal, on ne mâche pas ses mots. Décidément, l'eau bénite bout à divers degrés, cela dépend de la pression.
Pendant que l'affaire titillait l'Europe, des millions de philippins se coagulaient autour du Monsieur Tout Blanc. Mgr Léonard, qui était du voyage, a cru bon de déclarer à son retour: "ici, on sent une Eglise du soupçon, de la méfiance. Là-bas se vit une Eglise de la joie et de l'espérance"(Vers l'Avenir). Voilà sur quoi tablent en 1995 Jean-Paul II et ses sbires: l'opium du peuple décrit par Marx il y a plus d'un siècle! L'Histoire jugera, ne fût-ce que d'un point de vue stratégique, ce pari du durcissement moral et autoritaire, des collusions avec les mouvements traditionalistes, avec la tentaculaire et fasciste Opus Dei (qui ont certainement joué contre Gaillot). En tous cas, dans nos contrées, la restauration d'une foi servile et émotive ne fait pas autant recette.
Pire, au vu des mouvements d'opinion, ce n'est pas un Léonard qui va endiguer la désertion des pratiquants, mais plutôt l'ex-évêque d'Evreux...
Quand celui-ci déclare aujourd'hui aimer l'Eglise et vouloir continuer à y oeuvrer, on se doute qu'il parle de l'Eglise de la base style abbé Pierre, non d'une ascension carriériste dans les hautes sphères ecclésiastiques, certes bien mal engagée. Il l'a d'ailleurs montré en refusant de troquer son indépendance contre le pouvoir épiscopal. Mais toute l'ambiguïté demeure entre les combats d'un homme et son appartenance à l'institution.
On se surprend à rêver d'un Gaillot qui quitterait sa défroque, voire même abjurerait joyeusement son Papa-Céleste-Créateur-de-Tout-le-Bordel-de-Dieu... Dans un premier temps, la gérontocratie romaine et ses vicaires microcéphales se cabreraient fièrement en arguant: "Vous voyez, il n'était pas des nôtres!"Mais au dixième, centième, millième qui prendra le large, la sueur angoissée commencera à goutter sur les étoles tremblantes, et l'humanité ressentira comme une petite brise vivifiante. Trêve de prophétie.
Bien sûr les événements actuels doivent être pour nous l'occasion de dénoncer à nouveau la fourberie de la hiérarchie catholique, le pouvoir sournois des lobbies ultra-droitiers à l'oeuvre dans nos sociétés, et la capitulation de la "gauche"sur tous les thèmes chers à Gaillot. En définitive, je suis fort heureux de ce qui arrive à ce Monsieur, pour lui comme pour nous: en refusant la "démission honorable"que lui proposait Rome, il a déclenché le très opportun remue-ménage que l'on sait. Selon les vaticanologues les plus avertis, le taré tiaré a justement repris du poil de la bête, et entend conférer quelque prestige unanimiste à sa fin de règne pontifical.
Au programme des festivités, notamment: un mea culpa de l'Eglise sur ses fautes passées et présentes (voir Adrien Willemin, "Fin de règne au Vatican?", Le Monde Diplomatique, janvier 1995). Lorsqu'à un âge avancé, on est aux commandes d'un radeau de la méduse clapotant dans la vase d'un fond de bénitier, il arrive que l'on perde un peu les pédales. Quoique: l'autocritique est encore le comble de l'infaillibilité. Habile, mon cher Jean-Paul, fluctuat nec mergitur...
L'onde de choc du coup de crosse à Gaillot arrive donc à point pour faire sauter un peu de ce vernis de modernité dont se farde l'Eglise, comme un vieille laide à la coquetterie pathétique. Par contre, l'événement n'arrive-t-il pas trop tard pour alarmer la "gauche"moribonde: la dénonciation des exclusions se passe hors d'elle et agite... l'Eglise?! C'est une fracture, ce n'est ni un schisme ni la révolution. Nous n'en demeurons pas moins penauds devant les drames humains, si finement dépeints par Woody Allen: "non seulement dieu n'existe pas, mais essayez toujours de trouver un plombier pendant le week-end".
ESGIBT...
Les vols se suivent et se ressemblent, c'est presque un gag, pourtant on du mal à s'y habituer. On essaye d'en rire, on y arrive même mais le rire reste plutôt jaunâtre. Où est donc passé notre sens de l'humour?
Aux faits: à leur tour, les Slugs se sont vus dépouillés de deux amplis, d'une guitare et d'une basse. Cette fois, c'est à Bruxelles que le forfait se perpétra. Les circonstances sont fort proches de celle du précédent casse, notre camionnette décidément a la vie dure. Vous avez lu l'article d'EsGibt le mois dernier (Vol au dessus d'un nid de cocus), vous pouvez le relire aujourd'hui, je vous laisse y ajouter la solide louche de ras-le-bol que vous imaginez sans peine.
On va vous faire une petite liste du matos volé, en espérant (juste un peu) que l'un de vous le croise au détour d'une brocante, ou dieu sait où (mais pourquoi dieu saurait-il où trouver notre matos s'il n'est pas foutu de dénicher un plombier le dimanche).
Ont été emportés: l'ampli guitare Marshall JCM 80 Lead et la guitare Fender Telecaster noire de Michel, l'ampli basse Peavey 75 et la basse Fender noire de Fred.
Ça ne nous empêchera pas de jouer ce samedi 4 février à Presgaux, ni à Namêche le 1er avril prochain. Slugs 's not dead.
BINAM'...
Le 20 et 21 janvier dernier, le "Culture Rock"de Damprémy accueillait respectivement les Slugs (avec les Jerking Dogs) et René Binamé (avec Herbert West). Ce fut pour nous l'occasion de redécouvrir l'endroit, animé depuis peu par les bons soins d'Angelo Bua. Un terril, la rue Jules Destrée, le bâtiment de l'ancienne Maison du Peuple, le décor carolorégien est planté. A pâques 1993, à l'initiative de l'association Rock à Darmet, Guy Betès et ses orchestres s'y produisirent (sans les tout juste défunts Coton Tige).
Depuis décembre dernier, Angelo a ressuscité les lieux, ainsi donc rebaptisés Culture Rock. La semaine, c'est un bar, ouvert dès 11h du mat', avec flipper, kicker,... et du rock dans le ghetto-blaster, of course. Vendredi et samedi, la salle de concert adjacente s'ouvre, avec scène et second bar. Le principe? Les modestes 200 balles d'entrée donne droit à 5 tickets-boisson. Qui s'en plaindra? Animer tout cela, c'est un fameux boulot. Angelo a l'énergie et des projets. "Pour l'instant, le bar compense le coût des concerts (sono, cachet, scène,...). Pour dynamiser l'activité rock, il faut fidéliser un public. Je pense aussi à intégrer le Culture Rock dans des circuits, en collaboration avec d'autres villes, avec des étudiants... Début mars, j'organise un festival sous le titre SIDAventure tu l'attrapais, avec une quarantaine de groupes en 6 jours"
Amis de la métropole carolo, d'outre-Sambre et d'ailleurs, passez donc vous en payer une bonne tranche à Damprémy: la musique n'y a pas dit ses dernières notes et les pintes leurs dernières bulles.
ESGIBT...
Contact: Angelo Bua, 071/30.90.92
Toutes les dates sont dans l'agenda arbitraire
Ne jetez pas les Disjonctor sur la voie conceptuelle car ils y sont déjà. Ce groupe de grind-core burlesque est à la musique de chambre ce que Capitaine Cavern est à Walt Disney. Accumulant les gags, leurs concerts ressemblent plus au Muppet Show qu'à Henry Rollins, et c'est tant mieux.
Dans Disjonctor, Vous retrouverez Bal-Musette, le batteur fou de Vladimir et les Aérosols puis de Passwar et les Bschrouiks, au mieux de sa forme. Et vous retrouverez Fabian, le chanteur fou de Dow Jones et ses Bourses, au mieux de sa forme itou. Plus un bassiste fou en provenance directe des Avins (c'est vous dire!), plus un guitariste fou.
Ils seront en concert le 17 février à Heure-en-Famenne (voir agenda). Les rater, ce serait un pécher.
BINAM'...
P.S.: la démo des Dow Jones, Les carottes sont cuites, reste disponible via le VPC Chal é Asteure.
Duke le bassiste des Jeunes, Raph le guitariste des mêmes et Sandrine, la compagne du premier et la soeur du second, font du ski. Ils nous envoient une jolie carte postale avec une recette assez gore, une blague un peu trop Suce-mi & Suce-moi et une jolie poésie de Raph. Il n'y a aucune raison que nous soyons les seuls à en profiter, nous vous la livrons donc.
Dr Claus à la neige. (Nouveau poème Politicaly Correct des Jeunes)
Tibia éclaté sur la glace
Fracture ouverte de la face
Refr.: Dr Claus s'est fait mal
Dr Claus, Chanson morale
On savait qu'en sortant un disque anti-papal, on s'attaquait à plus fort que nous, mais l'ampleur de la riposte nous laisse pantois.
On a donc tenté de noyer les Binamés à Houx en inondant leur local de répet. Bien essayé mais doublement raté. De un, notre local est au grenier, au moins trois mètres au-dessus des espoirs les plus fous des amateurs de catastrophes naturelles. De deux, nous étions partout sauf à Houx et nous avons tout vu à la télé sans nous mouiller.
Il n'empêche que le village a du être évacué, que l'eau encercle la maison (à l'heure qu'il est, on ne sait pas si elle est restée au seuil ou s'il elle a envahi le salon) et que mon papa, ma maman, ma petite soeur et mes voisins sont bien embêtés.
BINAM'...
P.S.: Courage à ceux qui pataugent à nouveau, nous leur envoyons un Aredje en bouteille. Oserions-nous suivre le courageux exemple royal en entonnant God save the Queen sur une barque poussée par des ploucs. ESGIBT...