un album
Le premier album de la formation Bini-Rman-Smerf, le retour de la formule trio batterie-guitare-guitare, après la longue et bien agréable parenthèse avec synthé.
Un album plus "guitare" que le précédent, donc, et un air de nostalgie, un côté un peu désinvolte et faussement naïf, de la chansonnette post-punk, quoi !
« Le temps payé ne revient plus »
Tout est dit dans le titre, ce disque s'est construit autour d'un thème, et ce thème est la base de toute une série de choix radicaux : le format, la durée, les chansons, la production, l'ambiance.
Le format : celui d'un 33t, avec une face A et une face B, faut-il le rappeler, deux séries de chansons, avec chacune sa progression. La vraie plaque sera un disque noir de 30 centimètres, la petite rondelle de 12 centimètre ne sera qu'une ré-édition digitale sans bonus-brol ni hidden-trax,
La durée : cet album est court, le prochain sera peut-être interminable, celui-ci ne pouvait qu'être dense et court.
Les chansons : l’absence de nouvelle chanson inédite de René Binamé passera-t-elle inaperçue ? Rien n'a été fait pour la cacher, l'essentiel n'est pas là, la posture de l'auteur ne nous intéresse pas assez, prout !
« Le temps payé ne revient plus », ce n'est pas notre avis, c'est une réalité du monde dans lequel nous vivons, tel qu'il est aujourd'hui, et que Sheila, Eddy Mitchell, Raoul Vaneigem ou The Rolling Stones et bien d'autres forcément, ont abordé avant nous. La question n'est pas même de savoir s'ils l'ont fait mieux que nous, re-prout, il s'agit pour nous, tout simplement, de ramasser ces armes qui traînent, de les dérouiller et de les partager.
La production : tiens, parlons de la production artistique, tous ces choix qui font de ces morceaux ce qu’ils sont. On a tenté que tout soit à sa place et audible, dans une sorte de configuration naturelle. On peut entendre ici la poursuite de choix antérieurs, en particulier celui de prendre en main l'enregistrement plutôt que d'aller en studio, celui de mêler intimement répétition, enregistrement, orchestration, sur la durée, celui de recommencer l'enregistrement, autant de fois qu'il le faut jusqu'à être pleinement satisfait.
L'ambiance : l’orchestration est celle de la scène, avec tout ce que le live a d’ailleurs pu apporter d'évolution ces dernières années : structure des morceaux plus claires, avec des respirations, des tensions et des envolées où chaque gratte a une place plus définie, profitant sans tenter de la combler de l'absence du synthé.
EsGibt, qui officiait aux claviers jusqu'à l'album précédant, a écouté le disque et se rappelle d'une citation de Cocteau qui disait en substance ceci : « en art, il ne faut ni marcher droit ni tomber, le tout est d’arriver à boiter. »
Egalement disponible en streaming et ou téléchargement sur des machins comme iTunes, Deezer, Spotify ...